Author: | Henriette de Witt | ISBN: | 1230002865782 |
Publisher: | Paris, Soc. des écoles du dimanche, 1873 | Publication: | November 16, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Henriette de Witt |
ISBN: | 1230002865782 |
Publisher: | Paris, Soc. des écoles du dimanche, 1873 |
Publication: | November 16, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Quand on parcourt, pendant la semaine, les villages de pêcheurs situés sur les côtes de Normandie, on ne rencontre presque jamais un homme, à peine un petit garçon au-dessus de huit ou dix ans. Tout le monde est à la mer, les pères et les enfants. Pendant ce temps, les femmes restent à la maison, travaillent, regardent le ciel, et prient Dieu de garder leurs maris et leurs fils. Les petites filles restent avec leurs mères et apprennent à faire de la dentelle. Les belles dentelles noires qui se vendent à Paris sont en grande partie fabriquées par les petits doigts des filles des pêcheurs normands.
Dans un petit village voisin de Villerville, une vingtaine de femmes de pêcheurs étaient réunies un matin sur la plage pour voir partir les barques. Une d’entre elles, âgée de trente-cinq ans environ, regardait avec une tendresse inquiète un petit garçon de huit à neuf ans qui grimpait aux cordages d’une barque comme s’il voulait faire preuve d’agilité.
— Il va déjà bien, ton petit gars, Honorine, dit une des voisines à la mère, toujours occupée du petit mousse.
— Oui, il va bien, il a du bon sang de matelot dans les veines, mais j’espère que son oncle Désiré prendra bien soin de lui. C’est tout ce qui me reste.
— Allons donc, et Artémise, tu n’y penses pas ? Une bonne fille cependant ! continua la voisine d’un ton de compassion véritable.
— Oui, oui, mais depuis que mon pauvre Paulovic n’est plus là ! … Adieu, Arsène, porte-toi bien ! s’écria-t-elle en faisant un signe de tête au petit mousse qui se retourna à sa voix ; et elle rentra chez elle pour ne pas fondre en larmes devant ses voisines.
— Arsène est-il parti, maman ? dit une petite fille de onze à douze ans en levant la tête sans cependant cesser de faire mouvoir rapidement ses fuseaux à dentelle.
— Il part, mon enfant chéri, mon enfant du bon Dieu ! dit la pauvre mère à demi-voix, puis, s’asseyant et jetant son tablier sur sa tête, elle se mit à pleurer.
Artémise quitta son métier et s’approcha de sa mère ; elle l’embrassait à travers son tablier et son bonnet, elle essayait doucement de s’emparer de ses mains, enfin elle réussit à se glisser dans ses bras. — Il reviendra samedi, maman ; il reviendra. Et puis le bon Dieu le gardera, il ne voudrait pas te prendre tout ce qui te reste.
Quand on parcourt, pendant la semaine, les villages de pêcheurs situés sur les côtes de Normandie, on ne rencontre presque jamais un homme, à peine un petit garçon au-dessus de huit ou dix ans. Tout le monde est à la mer, les pères et les enfants. Pendant ce temps, les femmes restent à la maison, travaillent, regardent le ciel, et prient Dieu de garder leurs maris et leurs fils. Les petites filles restent avec leurs mères et apprennent à faire de la dentelle. Les belles dentelles noires qui se vendent à Paris sont en grande partie fabriquées par les petits doigts des filles des pêcheurs normands.
Dans un petit village voisin de Villerville, une vingtaine de femmes de pêcheurs étaient réunies un matin sur la plage pour voir partir les barques. Une d’entre elles, âgée de trente-cinq ans environ, regardait avec une tendresse inquiète un petit garçon de huit à neuf ans qui grimpait aux cordages d’une barque comme s’il voulait faire preuve d’agilité.
— Il va déjà bien, ton petit gars, Honorine, dit une des voisines à la mère, toujours occupée du petit mousse.
— Oui, il va bien, il a du bon sang de matelot dans les veines, mais j’espère que son oncle Désiré prendra bien soin de lui. C’est tout ce qui me reste.
— Allons donc, et Artémise, tu n’y penses pas ? Une bonne fille cependant ! continua la voisine d’un ton de compassion véritable.
— Oui, oui, mais depuis que mon pauvre Paulovic n’est plus là ! … Adieu, Arsène, porte-toi bien ! s’écria-t-elle en faisant un signe de tête au petit mousse qui se retourna à sa voix ; et elle rentra chez elle pour ne pas fondre en larmes devant ses voisines.
— Arsène est-il parti, maman ? dit une petite fille de onze à douze ans en levant la tête sans cependant cesser de faire mouvoir rapidement ses fuseaux à dentelle.
— Il part, mon enfant chéri, mon enfant du bon Dieu ! dit la pauvre mère à demi-voix, puis, s’asseyant et jetant son tablier sur sa tête, elle se mit à pleurer.
Artémise quitta son métier et s’approcha de sa mère ; elle l’embrassait à travers son tablier et son bonnet, elle essayait doucement de s’emparer de ses mains, enfin elle réussit à se glisser dans ses bras. — Il reviendra samedi, maman ; il reviendra. Et puis le bon Dieu le gardera, il ne voudrait pas te prendre tout ce qui te reste.