Author: | Georges DARIEN | ISBN: | 1230000276282 |
Publisher: | Huon Editions Numérik | Publication: | October 24, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Georges DARIEN |
ISBN: | 1230000276282 |
Publisher: | Huon Editions Numérik |
Publication: | October 24, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
Ce livre comporte une table de matières dynamique qui facilite la lecture .
Découvrez 3 romans de Georges Darien, écrivain français de tendance anarchiste, né le 6 avril 1862, dont les œuvres se placent sous le signe de la révolte et de l'écoeurement.
BAS LES COEURS !
Extrait :
La guerre a été déclarée hier. La nouvelle en est parvenue à Versailles dans la soirée.
M. Beaudrain, le professeur du lycée qui vient me donner des leçons tous les jours, de quatre heures et demie à six heures, m’a appris la chose dès son arrivée, en posant sa serviette sur la table.
Il a eu tort. Moi qui suis à l’affût de tous les prétextes qui peuvent me permettre de ne rien faire, j’ai saisi avec empressement celui qui m’était offert.
— Ah ! la guerre est déclarée ! Est-ce qu’on va se battre bientôt, monsieur ?
Pas avant quelques jours, a répondu M. Beaudrain avec suffisance. Un de mes amis, capitaine d’artillerie, que j’ai rencontré en venant ici, m’a dit que nous ne passerions guère le Rhin avant une huitaine de jours.
LE VOLEUR
Extrait :
Mes parents ne peuvent plus faire autrement.
Tout le monde le leur dit. On les y pousse de tous les côtés. Mme Dubourg a laissé entendre à ma mère qu’il était grand temps ; et ma tante Augustine, en termes voilés, a mis mon père au pied du mur.
— Comment ! des gens à leur aise, dans une situation commerciale superbe, avec une santé florissante, vivre seuls ? Ne pas avoir d’enfant ? De gueux, de gens qui vivent comme l’oiseau sur la branche, sans lendemains assurés, on comprend ça. Mais, sapristi !… Et la fortune amassée, où ira-t-elle ? Et les bons exemples à léguer, le fruit de l’expérience à déposer en mains sûres ?… Voyons, voyons, il vous faut un enfant — au moins un. — Réfléchissez-y.
LA BELLE FRANCE
Extrait :
C’est une chose laide, un vaincu.
L’être qui porte au front le stigmate de la défaite, quels qu’aient été sa bravoure dans le combat et ses efforts vers la victoire, n’est pas beau à contempler. Il a perdu, au moins momentanément, l’estime de lui-même et la confiance en soi qui sont la marque de l’Individu libre ; s’il put échapper à l’esclavage matériel, la servitude morale pèse sur lui, l’enserre, l’étreint ; et il cesse d’être un homme, oui, pour devenir une chose. Pourtant, lorsque le vaincu a le courage de comprendre qu’il a mérité son sort et de l’accepter, de boire d’un coup l’amertume de la défaite et de renoncer franchement aux représailles ; — ou bien quand, silencieusement, sans forfanterie et sans bravades, il se met à réparer ses forces et forge, des débris de l’épée que le vainqueur a rompue dans ses mains, l’arme qui doit faire sortir de la revanche une existence nouvelle ; lorsqu’il se résout à n’élever le front et la voix que le jour où il pourra lever aussi ses deux poings armés et s’avancer vers l’ennemi triomphant ; alors, le vaincu perd de sa hideur ; une certaine fierté brille dans son œil que le malheur a terni, et il peut y avoir quelque noblesse dans la résolution muette de son geste. Il est encore presque un homme.
Bonne Lecture à tous !
Ce livre comporte une table de matières dynamique qui facilite la lecture .
Découvrez 3 romans de Georges Darien, écrivain français de tendance anarchiste, né le 6 avril 1862, dont les œuvres se placent sous le signe de la révolte et de l'écoeurement.
BAS LES COEURS !
Extrait :
La guerre a été déclarée hier. La nouvelle en est parvenue à Versailles dans la soirée.
M. Beaudrain, le professeur du lycée qui vient me donner des leçons tous les jours, de quatre heures et demie à six heures, m’a appris la chose dès son arrivée, en posant sa serviette sur la table.
Il a eu tort. Moi qui suis à l’affût de tous les prétextes qui peuvent me permettre de ne rien faire, j’ai saisi avec empressement celui qui m’était offert.
— Ah ! la guerre est déclarée ! Est-ce qu’on va se battre bientôt, monsieur ?
Pas avant quelques jours, a répondu M. Beaudrain avec suffisance. Un de mes amis, capitaine d’artillerie, que j’ai rencontré en venant ici, m’a dit que nous ne passerions guère le Rhin avant une huitaine de jours.
LE VOLEUR
Extrait :
Mes parents ne peuvent plus faire autrement.
Tout le monde le leur dit. On les y pousse de tous les côtés. Mme Dubourg a laissé entendre à ma mère qu’il était grand temps ; et ma tante Augustine, en termes voilés, a mis mon père au pied du mur.
— Comment ! des gens à leur aise, dans une situation commerciale superbe, avec une santé florissante, vivre seuls ? Ne pas avoir d’enfant ? De gueux, de gens qui vivent comme l’oiseau sur la branche, sans lendemains assurés, on comprend ça. Mais, sapristi !… Et la fortune amassée, où ira-t-elle ? Et les bons exemples à léguer, le fruit de l’expérience à déposer en mains sûres ?… Voyons, voyons, il vous faut un enfant — au moins un. — Réfléchissez-y.
LA BELLE FRANCE
Extrait :
C’est une chose laide, un vaincu.
L’être qui porte au front le stigmate de la défaite, quels qu’aient été sa bravoure dans le combat et ses efforts vers la victoire, n’est pas beau à contempler. Il a perdu, au moins momentanément, l’estime de lui-même et la confiance en soi qui sont la marque de l’Individu libre ; s’il put échapper à l’esclavage matériel, la servitude morale pèse sur lui, l’enserre, l’étreint ; et il cesse d’être un homme, oui, pour devenir une chose. Pourtant, lorsque le vaincu a le courage de comprendre qu’il a mérité son sort et de l’accepter, de boire d’un coup l’amertume de la défaite et de renoncer franchement aux représailles ; — ou bien quand, silencieusement, sans forfanterie et sans bravades, il se met à réparer ses forces et forge, des débris de l’épée que le vainqueur a rompue dans ses mains, l’arme qui doit faire sortir de la revanche une existence nouvelle ; lorsqu’il se résout à n’élever le front et la voix que le jour où il pourra lever aussi ses deux poings armés et s’avancer vers l’ennemi triomphant ; alors, le vaincu perd de sa hideur ; une certaine fierté brille dans son œil que le malheur a terni, et il peut y avoir quelque noblesse dans la résolution muette de son geste. Il est encore presque un homme.
Bonne Lecture à tous !