Author: | Mahigan Lepage | ISBN: | 9782814551510 |
Publisher: | publie.net | Publication: | August 28, 2008 |
Imprint: | publie.net | Language: | French |
Author: | Mahigan Lepage |
ISBN: | 9782814551510 |
Publisher: | publie.net |
Publication: | August 28, 2008 |
Imprint: | publie.net |
Language: | French |
Quand tous les anciens attachements vacillent et s’écroulent, quand les liens cèdent, quand le dehors est devenu peine perdue, ne reste plus qu’à s’éprouver de cette autre peine, toute intérieure, qui ne dépend que de soi, ne fait jamais défaut. Écrire est cette fatigue.
C’est ce que j’aurai appris au Népal, moins en voyageant qu’en écrivant. Mais il fallait pour cela l’espace mental du voyage : la marche, les fatigues là-bas du corps, la maladie, les rages, les aperçus de l’extrême dénuement, la beauté aussi des visages, la majesté des montagnes. Et le sentiment parfois, libérateur, d’avoir disparu, d’être mort à ce qu’on a quitté.
ML
—
Il faut bien s’y faire : ce qu’on expérimente avec l’édition numérique, c’est comment tous les critères changent.
Non pas reproduire sur Internet la façon dont s’éditait le livre, mais se saisir de l’outil pour scruter de plus près l’écriture. Et, forcément, comment elle raconte le monde.
Mahigan Lepage est de l’extrême est du Québec, son prénom n’est pas étymologiquement de la langue que nous avons en partage. L’an dernier, il est venu en France pour un séjour long. Nous avons souvent échangé sur la spécificité de notre rapport au temps, à la mémoire ou l’histoire, à l’espace, et au statut de la langue qui nous sert à dire, à penser. Lit-on de la même façon, lui et moi, les livres de littérature qui nous servent de référence, et pour lesquels l’amour est le même ? Ou lit-on si différemment les grands bousculeurs modernes, et notamment les Américains comme William Faulkner ?
J’avais pris l’habitude de demander à Mahigan des nouvelles de ses études, mais est-ce que les études lettres ne devraient pas pour tout le monde conduire à ce qui les nie, c’est-à-dire la pratique même de la littérature ?
Dans le bousculement ou l’instabilité que devenait le séjour en vieille Europe (cette génération-là sait utiliser les billets d’avion qui coûte moins cher que moi mon train pour Paris, j’ai vu Mahigan revenir de Berlin, de Barcelone, d’Italie), c’est à un travail de littérature que s’est attelé Mahigan. Et dans le cours de ce travail, qu’il a décidé brutalement de résoudre cette opposition entre l’Amérique et l’Europe en partant un mois au Népal.
C’est juste donc du contexte, que je parle. Les notes de ce carnet, contrairement à ce qui serait la démarche de l’édition traditionnelle (mais chez moi, j’ai plusieurs tomes de cette collection Le tour du monde, dans les années 1860-1880, qui publiait, à raison de 2 volumes par an...
Quand tous les anciens attachements vacillent et s’écroulent, quand les liens cèdent, quand le dehors est devenu peine perdue, ne reste plus qu’à s’éprouver de cette autre peine, toute intérieure, qui ne dépend que de soi, ne fait jamais défaut. Écrire est cette fatigue.
C’est ce que j’aurai appris au Népal, moins en voyageant qu’en écrivant. Mais il fallait pour cela l’espace mental du voyage : la marche, les fatigues là-bas du corps, la maladie, les rages, les aperçus de l’extrême dénuement, la beauté aussi des visages, la majesté des montagnes. Et le sentiment parfois, libérateur, d’avoir disparu, d’être mort à ce qu’on a quitté.
ML
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Il faut bien s’y faire : ce qu’on expérimente avec l’édition numérique, c’est comment tous les critères changent.
Non pas reproduire sur Internet la façon dont s’éditait le livre, mais se saisir de l’outil pour scruter de plus près l’écriture. Et, forcément, comment elle raconte le monde.
Mahigan Lepage est de l’extrême est du Québec, son prénom n’est pas étymologiquement de la langue que nous avons en partage. L’an dernier, il est venu en France pour un séjour long. Nous avons souvent échangé sur la spécificité de notre rapport au temps, à la mémoire ou l’histoire, à l’espace, et au statut de la langue qui nous sert à dire, à penser. Lit-on de la même façon, lui et moi, les livres de littérature qui nous servent de référence, et pour lesquels l’amour est le même ? Ou lit-on si différemment les grands bousculeurs modernes, et notamment les Américains comme William Faulkner ?
J’avais pris l’habitude de demander à Mahigan des nouvelles de ses études, mais est-ce que les études lettres ne devraient pas pour tout le monde conduire à ce qui les nie, c’est-à-dire la pratique même de la littérature ?
Dans le bousculement ou l’instabilité que devenait le séjour en vieille Europe (cette génération-là sait utiliser les billets d’avion qui coûte moins cher que moi mon train pour Paris, j’ai vu Mahigan revenir de Berlin, de Barcelone, d’Italie), c’est à un travail de littérature que s’est attelé Mahigan. Et dans le cours de ce travail, qu’il a décidé brutalement de résoudre cette opposition entre l’Amérique et l’Europe en partant un mois au Népal.
C’est juste donc du contexte, que je parle. Les notes de ce carnet, contrairement à ce qui serait la démarche de l’édition traditionnelle (mais chez moi, j’ai plusieurs tomes de cette collection Le tour du monde, dans les années 1860-1880, qui publiait, à raison de 2 volumes par an...