Author: | Cicéron, Jean-Louis Burnouf | ISBN: | 1230002442693 |
Publisher: | Nisard, Garnier, 1850 | Publication: | July 24, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Cicéron, Jean-Louis Burnouf |
ISBN: | 1230002442693 |
Publisher: | Nisard, Garnier, 1850 |
Publication: | July 24, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Les Catilinaires (en latin In Catilinam I-IV) sont une série de quatre célèbres discours de Cicéron prononcées en 63 av. J.-C., alors qu’il était consul, pour attaquer Catilina, qui conspirait contre la République romaine lors de la conjuration de Catilina.
La première fut prononcée le 8 novembre au temple de Jupiter Stator (et non au Sénat romain, pour raisons de sécurité) et la dernière au Sénat romain (in Senatu Habita), le 7 novembre et pour les nones de décembre (le 5 décembre). La deuxième et la troisième furent prononcées entretemps le 9 novembre et 3 décembre devant le peuple romain (ad Populum) pour l’informer des événements. Ils devinrent un exemple d’éloquence et de rhétorique.
Mise par écrit
En 60 av. J.-C., donc trois ans après les évènements, Cicéron a couché par écrit ces discours en les envoyant à son ami Atticus dans une lettre où il lui demandait de les faire connaitre. L'enregistrement écrit de ces discours et leur publication ont eu pour résultat que, de façon inhabituelle, beaucoup de choses ont été rapportées sur les conspirations, mais uniquement en adoptant le point de vue des vainqueurs ; c’est ce que devaient faire plus tard, par exemple, Salluste dans son ouvrage De coniuratione Catilinae, et un autre historien, Plutarque. Cela a conduit à représenter unilatéralement Catilina comme le méchant, mais aussi à surestimer son action sur le changement de la forme de gouvernement de Rome, passé de la république à l'empire.
Importance dans l’art oratoire
Contrairement à beaucoup d'autres discours de Cicéron, les discours contre Catilina, ont été transmis jusqu'à aujourd’hui dans leur intégralité, ce sont eux qui ont établi sa réputation comme orateur romain le plus important. On les considère comme un chef-d'œuvre de la rhétorique antique ; ce sont en particulier les premiers mots du premier discours, « Quo usque tandem abutere, Catilina, patientia nostra... » qui sont devenus célèbres. (Jusqu’à quand, Catilina, abuseras-tu de notre patience ?).
La première partie du premier discours est une accumulation de questions rhétoriques ; elles sont disposées de telle sorte que chacune d’elles vise Catilina, elle cherche à le mettre au grand jour devant tous ceux qui sont présents et à le dévoiler comme quelqu'un qui agit contre la communauté romaine : « Jusqu’à quand, Catilina, abuseras-tu de notre patience ? Combien de temps encore serons-nous ainsi le jouet de ta fureur ? Où s'arrêteront les emportements de cette audace effrénée ? Ni la garde qui veille la nuit sur le mont Palatin, ni les postes répandus dans la ville, ni l'effroi du peuple, ni le concours de tous les bons citoyens, ni le choix , pour la réunion du sénat, de ce lieu le plus sûr de tous, ni les regards ni le visage de ceux qui t'entourent, rien ne te déconcerte? Tu ne sens pas que tes projets sont dévoilés ? Tu ne vois pas que ta conjuration reste impuissante, dès que nous en avons tous le secret ? Penses-tu qu'un seul de nous ignore ce que tu as fait la nuit dernière et la nuit précédente, où tu es allé, quels hommes tu as réunis, quelles résolutions tu as prises ? »
Authenticité
L'intervalle de temps n’empêche pas les versions écrites des discours d’être considérées comme authentiques : Cicéron ne disposait pas seulement d’une mémoire énorme, mais aussi d’une formation en mnémotechnique en tant que professeur d’éloquence. Comme des mots d'une telle importance politique avaient dû rester dans les esprits de leur auditoire, Cicéron n’aurait pu se permettre de s'écarter du discours d’origine. Par ailleurs, on peut supposer que Cicéron avait déjà pris des notes sur les principaux points de ses discours avant qu’ils fussent prononcés. Il est possible enfin que les deux discours tenus au Sénat aient été notés en sténographie.
Cicéron (en latin Marcus Tullius Cicero), né le 3 janvier 106 av. J.-C. à Arpinum en Italie et assassiné le 7 décembre 43 av. J.-C. (calendrier julien) à Gaète, est un homme d'État romain et un auteur latin.
Citoyen romain issu de la bourgeoisie italienne, Cicéron n’appartient pas à la noblesse, ce qui en principe ne le destine pas à un rôle politique majeur. Contrairement à ses contemporains Pompée et Jules César, la carrière militaire ne l’intéresse pas, et après une solide formation à la rhétorique et au droit, il réussit grâce à ses talents d’avocat à se constituer suffisamment d’appuis pour parvenir en 63 av. J.-C. à la magistrature suprême, le consulat. Dans une République en crise menacée par les ambitieux, il déjoue la conjuration de Catilina par la seule énergie de ses discours, les Catilinaires.
Ce succès qui fait sa fierté cause ensuite son exil en 58 av. J.-C., pour avoir exécuté des conjurés sans procès. Revenu à Rome en 57 av. J.-C., il ne joue plus de rôle important sur la scène politique, dominée par Pompée et César. Durant la guerre civile qui débute en 49 av. J.-C., il rallie Pompée avec hésitation, puis est forcé de s'accommoder du pouvoir de César, avant de s’allier à Octave contre Antoine. Sa franche opposition à Antoine lui coûte la vie en 43 av. J.-C.
Orateur remarquable, il publie une abondante production considérée comme un modèle de l’expression latine classique, et dont une grande partie nous est parvenue. Il consacre sa période d’inactivité politique à la rédaction d’ouvrages sur la rhétorique et à l’adaptation en latin des théories philosophiques grecques. En partie perdus pendant le Moyen Âge, ses ouvrages connaissent un regain d’intérêt durant la renaissance carolingienne puis la renaissance italienne et l'époque classique. En revanche, au xixe siècle et dans la première moitié du xxe siècle, il n'est considéré que comme un simple compilateur des philosophes grecs. Plus positivement Pierre Grimal considère qu'il a été un intermédiaire précieux qui nous a transmis une partie de la philosophie grecque. Dans le domaine politique les jugements ont été souvent sévères : intellectuel égaré au milieu d’une foire d’empoigne, parvenu italien monté à Rome, opportuniste versatile, « instrument passif de la monarchie » larvée de Pompée puis de César selon Theodor Mommsen et Jérôme Carcopino
Les Catilinaires (en latin In Catilinam I-IV) sont une série de quatre célèbres discours de Cicéron prononcées en 63 av. J.-C., alors qu’il était consul, pour attaquer Catilina, qui conspirait contre la République romaine lors de la conjuration de Catilina.
La première fut prononcée le 8 novembre au temple de Jupiter Stator (et non au Sénat romain, pour raisons de sécurité) et la dernière au Sénat romain (in Senatu Habita), le 7 novembre et pour les nones de décembre (le 5 décembre). La deuxième et la troisième furent prononcées entretemps le 9 novembre et 3 décembre devant le peuple romain (ad Populum) pour l’informer des événements. Ils devinrent un exemple d’éloquence et de rhétorique.
Mise par écrit
En 60 av. J.-C., donc trois ans après les évènements, Cicéron a couché par écrit ces discours en les envoyant à son ami Atticus dans une lettre où il lui demandait de les faire connaitre. L'enregistrement écrit de ces discours et leur publication ont eu pour résultat que, de façon inhabituelle, beaucoup de choses ont été rapportées sur les conspirations, mais uniquement en adoptant le point de vue des vainqueurs ; c’est ce que devaient faire plus tard, par exemple, Salluste dans son ouvrage De coniuratione Catilinae, et un autre historien, Plutarque. Cela a conduit à représenter unilatéralement Catilina comme le méchant, mais aussi à surestimer son action sur le changement de la forme de gouvernement de Rome, passé de la république à l'empire.
Importance dans l’art oratoire
Contrairement à beaucoup d'autres discours de Cicéron, les discours contre Catilina, ont été transmis jusqu'à aujourd’hui dans leur intégralité, ce sont eux qui ont établi sa réputation comme orateur romain le plus important. On les considère comme un chef-d'œuvre de la rhétorique antique ; ce sont en particulier les premiers mots du premier discours, « Quo usque tandem abutere, Catilina, patientia nostra... » qui sont devenus célèbres. (Jusqu’à quand, Catilina, abuseras-tu de notre patience ?).
La première partie du premier discours est une accumulation de questions rhétoriques ; elles sont disposées de telle sorte que chacune d’elles vise Catilina, elle cherche à le mettre au grand jour devant tous ceux qui sont présents et à le dévoiler comme quelqu'un qui agit contre la communauté romaine : « Jusqu’à quand, Catilina, abuseras-tu de notre patience ? Combien de temps encore serons-nous ainsi le jouet de ta fureur ? Où s'arrêteront les emportements de cette audace effrénée ? Ni la garde qui veille la nuit sur le mont Palatin, ni les postes répandus dans la ville, ni l'effroi du peuple, ni le concours de tous les bons citoyens, ni le choix , pour la réunion du sénat, de ce lieu le plus sûr de tous, ni les regards ni le visage de ceux qui t'entourent, rien ne te déconcerte? Tu ne sens pas que tes projets sont dévoilés ? Tu ne vois pas que ta conjuration reste impuissante, dès que nous en avons tous le secret ? Penses-tu qu'un seul de nous ignore ce que tu as fait la nuit dernière et la nuit précédente, où tu es allé, quels hommes tu as réunis, quelles résolutions tu as prises ? »
Authenticité
L'intervalle de temps n’empêche pas les versions écrites des discours d’être considérées comme authentiques : Cicéron ne disposait pas seulement d’une mémoire énorme, mais aussi d’une formation en mnémotechnique en tant que professeur d’éloquence. Comme des mots d'une telle importance politique avaient dû rester dans les esprits de leur auditoire, Cicéron n’aurait pu se permettre de s'écarter du discours d’origine. Par ailleurs, on peut supposer que Cicéron avait déjà pris des notes sur les principaux points de ses discours avant qu’ils fussent prononcés. Il est possible enfin que les deux discours tenus au Sénat aient été notés en sténographie.
Cicéron (en latin Marcus Tullius Cicero), né le 3 janvier 106 av. J.-C. à Arpinum en Italie et assassiné le 7 décembre 43 av. J.-C. (calendrier julien) à Gaète, est un homme d'État romain et un auteur latin.
Citoyen romain issu de la bourgeoisie italienne, Cicéron n’appartient pas à la noblesse, ce qui en principe ne le destine pas à un rôle politique majeur. Contrairement à ses contemporains Pompée et Jules César, la carrière militaire ne l’intéresse pas, et après une solide formation à la rhétorique et au droit, il réussit grâce à ses talents d’avocat à se constituer suffisamment d’appuis pour parvenir en 63 av. J.-C. à la magistrature suprême, le consulat. Dans une République en crise menacée par les ambitieux, il déjoue la conjuration de Catilina par la seule énergie de ses discours, les Catilinaires.
Ce succès qui fait sa fierté cause ensuite son exil en 58 av. J.-C., pour avoir exécuté des conjurés sans procès. Revenu à Rome en 57 av. J.-C., il ne joue plus de rôle important sur la scène politique, dominée par Pompée et César. Durant la guerre civile qui débute en 49 av. J.-C., il rallie Pompée avec hésitation, puis est forcé de s'accommoder du pouvoir de César, avant de s’allier à Octave contre Antoine. Sa franche opposition à Antoine lui coûte la vie en 43 av. J.-C.
Orateur remarquable, il publie une abondante production considérée comme un modèle de l’expression latine classique, et dont une grande partie nous est parvenue. Il consacre sa période d’inactivité politique à la rédaction d’ouvrages sur la rhétorique et à l’adaptation en latin des théories philosophiques grecques. En partie perdus pendant le Moyen Âge, ses ouvrages connaissent un regain d’intérêt durant la renaissance carolingienne puis la renaissance italienne et l'époque classique. En revanche, au xixe siècle et dans la première moitié du xxe siècle, il n'est considéré que comme un simple compilateur des philosophes grecs. Plus positivement Pierre Grimal considère qu'il a été un intermédiaire précieux qui nous a transmis une partie de la philosophie grecque. Dans le domaine politique les jugements ont été souvent sévères : intellectuel égaré au milieu d’une foire d’empoigne, parvenu italien monté à Rome, opportuniste versatile, « instrument passif de la monarchie » larvée de Pompée puis de César selon Theodor Mommsen et Jérôme Carcopino