Author: | Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, Désiré Charnay | ISBN: | 1230002917580 |
Publisher: | Paris Gide 1863 | Publication: | November 24, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, Désiré Charnay |
ISBN: | 1230002917580 |
Publisher: | Paris Gide 1863 |
Publication: | November 24, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Il y a cinq ans, lorsque je partis à la recherche de ces ruines merveilleuses, mon intention était d’en faire une étude approfondie et de traiter le sujet moi-même. Surpris de la manière incomplète avec laquelle certains voyageurs avaient abordé ce grand sujet, il me sembla que dans une œuvre aussi vaste, texte et gravure, tout était à refaire. Attribuant l’indifférence du public pour une civilisation aussi originale aux incertitudes qui la voilaient à demi, je voulus qu’on ne pût récuser l’exactitude de mes travaux, et je pris la photographie comme témoin.
Mais, lorsque je fus en présence des matériaux, je me sentis accablé par la grandeur du travail, et je ne me trouvai plus la force de l’achever.
La portée philosophique d’une étude de ce genre saisira tout le monde; une pareille œuvre touche aux questions vitales de l’humanité; l’histoire des religions s’y trouve en cause aussi bien que l’anthropologie. Ces monuments ne sont-ils pas appelés à nous dire si leurs fondateurs furent nos frères et nos contemporains, ou si cette terre nouvelle eut une genèse à part?
L’ouvrage, il faut bien le dire, peut fournir des matières à toutes les hypothèses et soutenir tous les systèmes.
À Izamal, par exemple, vous trouvez, dans les bases des pyramides artificielles que surmontaient les temples, des figures gigantesques rappelant les sphinx de l’Égypte. À Chichen-Itza, l’Inde pourrait revendiquer les énormes figures d’idole qui ornent la frise du palais des Nonnes; le palais du gouverneur, à Uxmal, vous donne des grecques admirablement dessinées; Palenqué, dans quelques bas-reliefs, a des intentions assyriennes, et les palais funéraires de Mitla reproduisent en certains cas l’ordonnance des demeures chinoises. Une immixtion de races suffit-elle pour expliquer ces ressemblances? faut-il conclure à l’action exclusive des vieilles civilisations et renoncer à l’hypothèse d’une race originale américaine?
L’histoire et l’origine de ces peuples n’offrent donc qu’un vaste champ d’hypothèses. Les premiers historiens de ce monde nouveau n’étaient point des érudits; la religion, du reste, défendait à cette époque, les investigations trop savantes; leurs descriptions, voire celles du conquérant lui-même, ne se bornent qu’à des comparaisons banales avec les villes d’Espagne, où çà et là percent quelques souvenirs romains.
Il y a cinq ans, lorsque je partis à la recherche de ces ruines merveilleuses, mon intention était d’en faire une étude approfondie et de traiter le sujet moi-même. Surpris de la manière incomplète avec laquelle certains voyageurs avaient abordé ce grand sujet, il me sembla que dans une œuvre aussi vaste, texte et gravure, tout était à refaire. Attribuant l’indifférence du public pour une civilisation aussi originale aux incertitudes qui la voilaient à demi, je voulus qu’on ne pût récuser l’exactitude de mes travaux, et je pris la photographie comme témoin.
Mais, lorsque je fus en présence des matériaux, je me sentis accablé par la grandeur du travail, et je ne me trouvai plus la force de l’achever.
La portée philosophique d’une étude de ce genre saisira tout le monde; une pareille œuvre touche aux questions vitales de l’humanité; l’histoire des religions s’y trouve en cause aussi bien que l’anthropologie. Ces monuments ne sont-ils pas appelés à nous dire si leurs fondateurs furent nos frères et nos contemporains, ou si cette terre nouvelle eut une genèse à part?
L’ouvrage, il faut bien le dire, peut fournir des matières à toutes les hypothèses et soutenir tous les systèmes.
À Izamal, par exemple, vous trouvez, dans les bases des pyramides artificielles que surmontaient les temples, des figures gigantesques rappelant les sphinx de l’Égypte. À Chichen-Itza, l’Inde pourrait revendiquer les énormes figures d’idole qui ornent la frise du palais des Nonnes; le palais du gouverneur, à Uxmal, vous donne des grecques admirablement dessinées; Palenqué, dans quelques bas-reliefs, a des intentions assyriennes, et les palais funéraires de Mitla reproduisent en certains cas l’ordonnance des demeures chinoises. Une immixtion de races suffit-elle pour expliquer ces ressemblances? faut-il conclure à l’action exclusive des vieilles civilisations et renoncer à l’hypothèse d’une race originale américaine?
L’histoire et l’origine de ces peuples n’offrent donc qu’un vaste champ d’hypothèses. Les premiers historiens de ce monde nouveau n’étaient point des érudits; la religion, du reste, défendait à cette époque, les investigations trop savantes; leurs descriptions, voire celles du conquérant lui-même, ne se bornent qu’à des comparaisons banales avec les villes d’Espagne, où çà et là percent quelques souvenirs romains.