A LA ROYNE ADAME, Dieu m'ayant fait naitre amateur de ma nation & zelateur de sa gloire, je ne puis moins, que de luy faire part de ce qui la touche, & qui sans doute l'époinçonnera quand elle entendra que le nom de Jesus-Christ est annoncé és terres d'outre mer qui portent le nom de France. Mais particulierement cela regarde vôtre Majesté, laquelle sur ces nouvelles a eu un temoignage du grand contentement qu'elle en avoit. La chrétienté doit ceci au courage & à la pieté du Sieur de Poutrincourt, qui ne peut vivre oisif parmi la tranquillité en laquelle nous vivons par le benefice du feu Roy vôtre Epoux. Mais (Madame) si vous desirez bien-tot voir cet oeuvre avancé, il faut que vous y mettiez la main. Donnez luy des ailes pour voler sur les eaux, & penetrer si avant dans les terres de delà, que jusques à l'extremité où l'Occident se joint à l'Orient, tout lieu retentisse du nom de la France. Je sçay qu'il ne manque de volonté & fidelité au service du Roy et de vôtre Majesté, pour faire (apres ce qui est de Dieu) que vous soyés obei par tout le monde. Et pour mon regard en tout ce que j'ay jamais travaillé, je me suis efforcé de bien meriter du Roy & du public, ausquels j'ai dedié mes labeurs. S'il m'en arrive quelque fruit, je le dedieray volontiers, & tout ce que Dieu m'a donné d'industrie, à l'accroissement de cette entreprise & à ce qui regardera le bien de vôtre service. Cependant ayez (MADAME) agreable ce petit discours evangelique (c'est à dire portant bonnes nouvelles) que publie à la France souz vôtre bon plaisir, MADAME, Extraict du Privilege du Roy
A LA ROYNE ADAME, Dieu m'ayant fait naitre amateur de ma nation & zelateur de sa gloire, je ne puis moins, que de luy faire part de ce qui la touche, & qui sans doute l'époinçonnera quand elle entendra que le nom de Jesus-Christ est annoncé és terres d'outre mer qui portent le nom de France. Mais particulierement cela regarde vôtre Majesté, laquelle sur ces nouvelles a eu un temoignage du grand contentement qu'elle en avoit. La chrétienté doit ceci au courage & à la pieté du Sieur de Poutrincourt, qui ne peut vivre oisif parmi la tranquillité en laquelle nous vivons par le benefice du feu Roy vôtre Epoux. Mais (Madame) si vous desirez bien-tot voir cet oeuvre avancé, il faut que vous y mettiez la main. Donnez luy des ailes pour voler sur les eaux, & penetrer si avant dans les terres de delà, que jusques à l'extremité où l'Occident se joint à l'Orient, tout lieu retentisse du nom de la France. Je sçay qu'il ne manque de volonté & fidelité au service du Roy et de vôtre Majesté, pour faire (apres ce qui est de Dieu) que vous soyés obei par tout le monde. Et pour mon regard en tout ce que j'ay jamais travaillé, je me suis efforcé de bien meriter du Roy & du public, ausquels j'ai dedié mes labeurs. S'il m'en arrive quelque fruit, je le dedieray volontiers, & tout ce que Dieu m'a donné d'industrie, à l'accroissement de cette entreprise & à ce qui regardera le bien de vôtre service. Cependant ayez (MADAME) agreable ce petit discours evangelique (c'est à dire portant bonnes nouvelles) que publie à la France souz vôtre bon plaisir, MADAME, Extraict du Privilege du Roy