Cycle patibulaire

( Edition intégrale )

Fiction & Literature, Short Stories, Literary, Romance
Cover of the book Cycle patibulaire by Georges Eekhoud, Bruxelles Kistemaeckers 1892
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Author: Georges Eekhoud ISBN: 1230003118962
Publisher: Bruxelles Kistemaeckers 1892 Publication: March 6, 2019
Imprint: Language: French
Author: Georges Eekhoud
ISBN: 1230003118962
Publisher: Bruxelles Kistemaeckers 1892
Publication: March 6, 2019
Imprint:
Language: French

Si, après les livres de Verhaeren et ceux de Maeterlink, il était encore besoin de démontrer que la •littérature flamande n’est pas uniquement composée des quelques imitateurs sans génie qui se targuent de la représenter, l’œuvre de Georges Eekhoud y suffirait. Celui-là est bien sorti de la puissante terre de Flandre, il est bien des descendants de ces merveilleux peintres qui surent en exprimer la vie débordante, l’énorme joie et aussi la troublante mélancolie qu’exhalent les pâturages bourbeux, et l’humide atmosphère dont s’enveloppent les collines semées de bruyères et de genêts. Ce que rendit si bellement le pinceau des ancêtres, Georges Eekhoud nous l’a su restituer en écrivain. L’écrivain qu’il est, ne peut être rapproché d’aucun des nôtres; à quelques-uns mêmes, héritiers de l’esprit français, il apparaîtra comme un barbare. Il ne l’est pas cependant, mais sa claire et vigoureuse prose a pris sa moelle à la langue des aïeux, et si, à cela, elle a perdu en subtilité et en finesse., elle y a gagné en solidité et en coloris. Sa phrase, à la pulpe charnue, n’est pas celle d’un ciseleur de mots, c’est celle d’un imaginatif ardent qui procède par impulsion et remplace la belle ordonnance logique par la fougue verbale. Le seul des écrivains de France avec qui Georges Eekhoud aurait des affinités, sans lui rien devoir toutefois, est le rude quercynois Léon Cladel. Je ne •puis mieux faire d’ailleurs, pour rendre l’impression resentie par moi, que de donner un des paysages de Patibulaire , qui m’ont le plus requis : « Ce dimanche faste, lourd d’accalmie, je me sentis presque défaillir de gratitude au parfum au parfum vierge des sèves. Les essences pubères, titillées par V averse, s’efforçaient de force d’effluves capiteux, les spasmes d’un orage lent à venir. Chaque rideau d’arbres émettait sort arôme particulier. Dans ce concert, le parfum des chênes était le plus fort; fleur virile de l’hercule des arbres. Les bouleaux expiraient des senteurs moins acres, moins effrénées. Les pins religieux et continents, trop tentés, trahissaient leurs angoisses par des bouffées d’encens mystique ; tandis que bruyères et genévriers, non moins effervescents, se livraient aux abeilles éperdues Et, plus bas, la verdure mouillée, en sueur, luisait comme après la rixe, l’amour ou la corvée, les roses joues pleines. Et sourdant du sol, comme d’une croupe fumante, cette vapeur si lourde, si oppressive qu’elle ne montait pas iusqifaux branches ragaillardies, mais n’ouatait que les broussailles… » Mais si ce paysage suffit à indiquer à quelle race appartient Georges Eekhoud, il n’est pas propre à montrer le côté farouche et mystique de son talent, et seuls les personnages de ses romans et de ses contes sont susceptibles de nous le révéler. Or ce Cycle Patibulaire résume assez bien toutes ses tendances. Dans ces nouvelles si spéciales, Georges Eekhoud évoque les grasses et bonnes filles de sa campine, qui pratiquent les saines amours à la façon des bêtes des champs, amoureuses simples que nulle passion ne trouble et qui pleinement savent goûter les joies charnelles; puis les amantes passionnées, comme GentilUe, capables de s’exalter pour l’inconnu, prêtes, complices fatales, des légendes entendues, à sacrifier les satisfactions positives, pour l’idéal apparu. Et à cette Gentillie que la passion brûle, un type mâle, Jakké Overmaat, correspond. Au-dessus de ces passionnés, se dresse le réfractaire, le révolté, vers qui vont toutes les tendresses de Georges Eekhoud. Cet amour de l’humble et de l’outlaw, ces colères contre la société hypocrite qui tue sans remords, tous les jours, des milliers d’êtres, la société boureîie et fausse qui martyrise et torture ceux qu’elle devrait protéger, quitte à s’indigner le jour où un être simple que l’injustice affole, que la détresse de ses frères poigne, sacrifie une victime avec l’espoir d’en préserver des milliers dans l’avenir; tous ces sentiments qu’a non seulement exprimés, mais encore réalisés Georges Eekhoud nous rendent cher ce Cycle Patibulaire et cher son auteur. En montrant, dans Hiep Houp et Gentillie, le vagabond qui triomphe, insultant les codes et les conventions, superbe de mépris et de fi ère insolence, Georges Eekhoud propage et inculque le dédain de la loi, la haine de l’autorité. En nous faisant voir dans le Moulin Horloge et dans le Quadrille des Lanciers , la force à son tour opprimant le hère et le misérable, il éveille les fureurs des opprimés, il fait voir aux oppresseurs leur œuvre, comme il invite à la justice ceux qui librement pensent, parla figure évoquée du petit braconnier de Blanchelive.,. Blanchelivetie. Il est des jeunes gens qui, autour de nous, cherchent, disent-ils, la formule d’un art social, d’un art qui serait non seulement évocatif, mais encore propagateur d’idée, un art qui mêlerait la vision à l’éthique. Il me paraît que Georges Eekhoud a bellement et pleinement conçu cet art, lorsqu’il écrivit chacune des nouvelles qui composent le Cycle Patibulaire.

Cycle patibulaire
LE JARDIN
PARTIALITÉ
HIEP-HIOUP!
AUX BORDS DE LA DURME
GENTILLIE
I
II
III
IV
V
VI
COMMUNION NOSTALGIQUE
(TRANSPOSITION D’UN AIR CONNU)
CROIX PROCESSIONNAIRES
LE MOULIN-HORLOGE
LE TRIBUNAL AU CHAUFFOIR
BLANCHELIVE… BLANCHELIVETTE!
LE TATOUAGE
LA BONNE LEÇON
LE QUADRILLE DU LANCIER
I
II
III
IV
LE SUICIDE PAR AMOUR

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Si, après les livres de Verhaeren et ceux de Maeterlink, il était encore besoin de démontrer que la •littérature flamande n’est pas uniquement composée des quelques imitateurs sans génie qui se targuent de la représenter, l’œuvre de Georges Eekhoud y suffirait. Celui-là est bien sorti de la puissante terre de Flandre, il est bien des descendants de ces merveilleux peintres qui surent en exprimer la vie débordante, l’énorme joie et aussi la troublante mélancolie qu’exhalent les pâturages bourbeux, et l’humide atmosphère dont s’enveloppent les collines semées de bruyères et de genêts. Ce que rendit si bellement le pinceau des ancêtres, Georges Eekhoud nous l’a su restituer en écrivain. L’écrivain qu’il est, ne peut être rapproché d’aucun des nôtres; à quelques-uns mêmes, héritiers de l’esprit français, il apparaîtra comme un barbare. Il ne l’est pas cependant, mais sa claire et vigoureuse prose a pris sa moelle à la langue des aïeux, et si, à cela, elle a perdu en subtilité et en finesse., elle y a gagné en solidité et en coloris. Sa phrase, à la pulpe charnue, n’est pas celle d’un ciseleur de mots, c’est celle d’un imaginatif ardent qui procède par impulsion et remplace la belle ordonnance logique par la fougue verbale. Le seul des écrivains de France avec qui Georges Eekhoud aurait des affinités, sans lui rien devoir toutefois, est le rude quercynois Léon Cladel. Je ne •puis mieux faire d’ailleurs, pour rendre l’impression resentie par moi, que de donner un des paysages de Patibulaire , qui m’ont le plus requis : « Ce dimanche faste, lourd d’accalmie, je me sentis presque défaillir de gratitude au parfum au parfum vierge des sèves. Les essences pubères, titillées par V averse, s’efforçaient de force d’effluves capiteux, les spasmes d’un orage lent à venir. Chaque rideau d’arbres émettait sort arôme particulier. Dans ce concert, le parfum des chênes était le plus fort; fleur virile de l’hercule des arbres. Les bouleaux expiraient des senteurs moins acres, moins effrénées. Les pins religieux et continents, trop tentés, trahissaient leurs angoisses par des bouffées d’encens mystique ; tandis que bruyères et genévriers, non moins effervescents, se livraient aux abeilles éperdues Et, plus bas, la verdure mouillée, en sueur, luisait comme après la rixe, l’amour ou la corvée, les roses joues pleines. Et sourdant du sol, comme d’une croupe fumante, cette vapeur si lourde, si oppressive qu’elle ne montait pas iusqifaux branches ragaillardies, mais n’ouatait que les broussailles… » Mais si ce paysage suffit à indiquer à quelle race appartient Georges Eekhoud, il n’est pas propre à montrer le côté farouche et mystique de son talent, et seuls les personnages de ses romans et de ses contes sont susceptibles de nous le révéler. Or ce Cycle Patibulaire résume assez bien toutes ses tendances. Dans ces nouvelles si spéciales, Georges Eekhoud évoque les grasses et bonnes filles de sa campine, qui pratiquent les saines amours à la façon des bêtes des champs, amoureuses simples que nulle passion ne trouble et qui pleinement savent goûter les joies charnelles; puis les amantes passionnées, comme GentilUe, capables de s’exalter pour l’inconnu, prêtes, complices fatales, des légendes entendues, à sacrifier les satisfactions positives, pour l’idéal apparu. Et à cette Gentillie que la passion brûle, un type mâle, Jakké Overmaat, correspond. Au-dessus de ces passionnés, se dresse le réfractaire, le révolté, vers qui vont toutes les tendresses de Georges Eekhoud. Cet amour de l’humble et de l’outlaw, ces colères contre la société hypocrite qui tue sans remords, tous les jours, des milliers d’êtres, la société boureîie et fausse qui martyrise et torture ceux qu’elle devrait protéger, quitte à s’indigner le jour où un être simple que l’injustice affole, que la détresse de ses frères poigne, sacrifie une victime avec l’espoir d’en préserver des milliers dans l’avenir; tous ces sentiments qu’a non seulement exprimés, mais encore réalisés Georges Eekhoud nous rendent cher ce Cycle Patibulaire et cher son auteur. En montrant, dans Hiep Houp et Gentillie, le vagabond qui triomphe, insultant les codes et les conventions, superbe de mépris et de fi ère insolence, Georges Eekhoud propage et inculque le dédain de la loi, la haine de l’autorité. En nous faisant voir dans le Moulin Horloge et dans le Quadrille des Lanciers , la force à son tour opprimant le hère et le misérable, il éveille les fureurs des opprimés, il fait voir aux oppresseurs leur œuvre, comme il invite à la justice ceux qui librement pensent, parla figure évoquée du petit braconnier de Blanchelive.,. Blanchelivetie. Il est des jeunes gens qui, autour de nous, cherchent, disent-ils, la formule d’un art social, d’un art qui serait non seulement évocatif, mais encore propagateur d’idée, un art qui mêlerait la vision à l’éthique. Il me paraît que Georges Eekhoud a bellement et pleinement conçu cet art, lorsqu’il écrivit chacune des nouvelles qui composent le Cycle Patibulaire.

Cycle patibulaire
LE JARDIN
PARTIALITÉ
HIEP-HIOUP!
AUX BORDS DE LA DURME
GENTILLIE
I
II
III
IV
V
VI
COMMUNION NOSTALGIQUE
(TRANSPOSITION D’UN AIR CONNU)
CROIX PROCESSIONNAIRES
LE MOULIN-HORLOGE
LE TRIBUNAL AU CHAUFFOIR
BLANCHELIVE… BLANCHELIVETTE!
LE TATOUAGE
LA BONNE LEÇON
LE QUADRILLE DU LANCIER
I
II
III
IV
LE SUICIDE PAR AMOUR

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