Author: | Guillaume de Fonclare | ISBN: | 9782234073937 |
Publisher: | Stock | Publication: | January 30, 2013 |
Imprint: | Stock | Language: | French |
Author: | Guillaume de Fonclare |
ISBN: | 9782234073937 |
Publisher: | Stock |
Publication: | January 30, 2013 |
Imprint: | Stock |
Language: | French |
« Un matin, mon meilleur ami s’est donné la mort, sans s’expliquer ni s’être lamenté. Il a déposé ses deux filles devant l’école, il a rejoint l’immeuble du bureau où il travaillait, il a garé sa voiture, il est entré dans le hall, il a pris l’ascenseur jusqu’au cinquième, l’étage en travaux où il n’y avait personne, il a déposé sa veste sur le dossier d’une chaise, il a poussé une table sous une fenêtre qu’il a ouverte, il est monté sur la table et il a sauté, sans un cri. Et comme c’était un garçon solide, il n’est pas mort tout de suite, il nous a laissé croire quelques heures qu’il allait se remettre, et qu’il pourrait nous expliquer ce que nous avions raté. Mais non, il est mort et nous ne saurons pas d’où lui venait cette grande résolution à fuir.
Moi, cela fait dix ans que je n’en finis plus de me déliter dans un corps rongé par une maladie dont on ne sait rien, ou si peu. Je perds la marche comme j’ai perdu tant d’autres choses : la finesse de préhension et la précision du geste, la possibilité de courir, la capacité à me mouvoir librement et sans contrainte.
Pourquoi Serge a-t-il choisi de mourir ? Pourquoi ai-je choisi de vivre coûte que coûte ? » G. de F.
« Un matin, mon meilleur ami s’est donné la mort, sans s’expliquer ni s’être lamenté. Il a déposé ses deux filles devant l’école, il a rejoint l’immeuble du bureau où il travaillait, il a garé sa voiture, il est entré dans le hall, il a pris l’ascenseur jusqu’au cinquième, l’étage en travaux où il n’y avait personne, il a déposé sa veste sur le dossier d’une chaise, il a poussé une table sous une fenêtre qu’il a ouverte, il est monté sur la table et il a sauté, sans un cri. Et comme c’était un garçon solide, il n’est pas mort tout de suite, il nous a laissé croire quelques heures qu’il allait se remettre, et qu’il pourrait nous expliquer ce que nous avions raté. Mais non, il est mort et nous ne saurons pas d’où lui venait cette grande résolution à fuir.
Moi, cela fait dix ans que je n’en finis plus de me déliter dans un corps rongé par une maladie dont on ne sait rien, ou si peu. Je perds la marche comme j’ai perdu tant d’autres choses : la finesse de préhension et la précision du geste, la possibilité de courir, la capacité à me mouvoir librement et sans contrainte.
Pourquoi Serge a-t-il choisi de mourir ? Pourquoi ai-je choisi de vivre coûte que coûte ? » G. de F.