Author: | Vittorio Alfieri | ISBN: | 1230000288325 |
Publisher: | Faycel | Publication: | December 28, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Vittorio Alfieri |
ISBN: | 1230000288325 |
Publisher: | Faycel |
Publication: | December 28, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait :
VOULOIR définir les choses par les noms serait croire ou prétendre qu’elles sont aussi inaltérables ou aussi durables que les noms eux-mêmes, ce qui évidemment n’a jamais existé. Celui donc qui aime la vérité, doit, avant toutes choses, définir les noms par les choses qu’ils représentent ; et ces choses variant dans tous les temps et dans tous les pays, aucune définition ne peut rester plus stable qu’elles ; mais une définition sera juste toutes les fois quelle représentera la chose telle qu’elle était sous tel nom, dans tels temps et dans tels lieux. En admettant ce petit préambule, j’avais conçu une définition suffisamment exacte et précise du tyran, que j’avais placée au commencement de ce chapitre ; mais dans un autre livre écrit après, et imprimé avant celui-ci. ayant eu besoin de définir le prince, il m’est arrivé, sans m’en apercevoir, de me servir de la définition du tyran ; ainsi, pour ne point me répéter je la passerai sous silence en partie, et je n’y ajouterai que les particularités absolument nécessaires au sujet que je traite maintenant, et qui est tout-à- fait différent de celui du prince et des lettres, quoique également dirigé au but très-utile de chercher la vérité et de l’écrire.
Les Grecs, (ces hommes véritablement hommes) donnaient le nom de tyran, ceux que nous appelions rois, et les anciens flétrissaient indistinctement du nom de rois ou de tyrans, tous ceux qui obtenaient, sans réserve, les rênes du gouvernement, par la force ou par la ruse, par la volonté même du peuple ou des puissans, et qui se croyaient et étaient, en effet, au-dessus des lois.
Un tel nom avec le temps devint exécrable, il devait l’être par sa nature ; et dé-là nous voyons aujourd’hui que les princes qui exercent la tyrannie, s’offensent hautement d’être appelés tyrans. Une telle confusion de noms et d’idées a mis entre nous et les anciens une telle différence d’opinion, qu’à leurs yeux un Titus, un Trajan, ou quelqu’autre prince, encore plus rare par sa bonté, aurait pu être traité par eux de tyran, tandis que parmi nous un Néron, un Tibère, un Philippe II, un Henri VIII, ou tout autre monstre moderne, capable d’égaler les anciens....
Extrait :
VOULOIR définir les choses par les noms serait croire ou prétendre qu’elles sont aussi inaltérables ou aussi durables que les noms eux-mêmes, ce qui évidemment n’a jamais existé. Celui donc qui aime la vérité, doit, avant toutes choses, définir les noms par les choses qu’ils représentent ; et ces choses variant dans tous les temps et dans tous les pays, aucune définition ne peut rester plus stable qu’elles ; mais une définition sera juste toutes les fois quelle représentera la chose telle qu’elle était sous tel nom, dans tels temps et dans tels lieux. En admettant ce petit préambule, j’avais conçu une définition suffisamment exacte et précise du tyran, que j’avais placée au commencement de ce chapitre ; mais dans un autre livre écrit après, et imprimé avant celui-ci. ayant eu besoin de définir le prince, il m’est arrivé, sans m’en apercevoir, de me servir de la définition du tyran ; ainsi, pour ne point me répéter je la passerai sous silence en partie, et je n’y ajouterai que les particularités absolument nécessaires au sujet que je traite maintenant, et qui est tout-à- fait différent de celui du prince et des lettres, quoique également dirigé au but très-utile de chercher la vérité et de l’écrire.
Les Grecs, (ces hommes véritablement hommes) donnaient le nom de tyran, ceux que nous appelions rois, et les anciens flétrissaient indistinctement du nom de rois ou de tyrans, tous ceux qui obtenaient, sans réserve, les rênes du gouvernement, par la force ou par la ruse, par la volonté même du peuple ou des puissans, et qui se croyaient et étaient, en effet, au-dessus des lois.
Un tel nom avec le temps devint exécrable, il devait l’être par sa nature ; et dé-là nous voyons aujourd’hui que les princes qui exercent la tyrannie, s’offensent hautement d’être appelés tyrans. Une telle confusion de noms et d’idées a mis entre nous et les anciens une telle différence d’opinion, qu’à leurs yeux un Titus, un Trajan, ou quelqu’autre prince, encore plus rare par sa bonté, aurait pu être traité par eux de tyran, tandis que parmi nous un Néron, un Tibère, un Philippe II, un Henri VIII, ou tout autre monstre moderne, capable d’égaler les anciens....