Deux nationalités russes

Fiction & Literature, Classics
Cover of the book Deux nationalités russes by Nicolas Kostomaroff, GILBERT TEROL
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Author: Nicolas Kostomaroff ISBN: 1230000212556
Publisher: GILBERT TEROL Publication: January 24, 2014
Imprint: Language: French
Author: Nicolas Kostomaroff
ISBN: 1230000212556
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: January 24, 2014
Imprint:
Language: French

Il est incontestable que la situation géographique fut la première cause des différences entre les nationalités en général. Plus un peuple occupe un degré inférieur dans la civilisation, plus les circonstances géographiques aident à lui donner un type spécial. Les peuples qui n’ont pas de principes fixes, se transportent facilement, émigrent d’un pays à un autre, car ils ont bien peu de liens qui les attachent à leurs anciennes demeures. Après avoir émigré et s’être fixés dans de nouveaux lieux, ces peuples nomades se transforment facilement et ne tardent pas à changer de mœurs, en prenant le caractère naturel du nouveau pays. La résistance sera d’autant moins importante que les moyens de support feront plus défaut.

Il en est tout autrement pour un peuple qui, dans ses premières demeures, s’est acquis tout ce qui pouvait le satisfaire et ce qui lui paraissait utile ou sacré. Un tel peuple, en émigrant dans de nouveaux territoires, y transporte ses pénates, ses principes, qui lui deviennent des supports lorsque les circonstances de la nouvelle patrie l’amèneront à introduire des changements en lui-même.

Supposons par exemple qu’un Anglais s’établisse sous les tropiques : il y transportera sa civilisation, les mœurs, les idées de son île septentrionale.

Par contre, il n’en serait pas de même d’une tribu de Peaux-Rouges transportée en Russie. Ces Indiens vivant au milieu des Russes prendraient vite l’apparence de la nationalité dominante. Supposé qu’ils vivent à l’écart, sans se rapprocher de peuples civilisés, en quelques générations, sous l’influence du climat, du terrain, ils auront changé, et une nouvelle nationalité en sera issue, mais cela ne se sera produit que très graduellement, en ne préservant que quelques traits qui rappelleront l’ancienne patrie si éloignée.

Dans l’antiquité, aux époques de la jeunesse des nationalités, ces pérégrinations d’un pays dans un autre, créaient des types diversifiés et produisaient des nationalités. Mais la migration et les changements géographiques ne formaient pas les seuls facteurs dans la transformation des peuples et, à l’origine, il s’y ajoutait encore les circonstances historiques. Les peuples en émigrant d’un pays dans un autre, ne restaient pas isolés, mais rencontraient d’autres peuplades, se mêlaient, luttaient avec elles, et de ces rapports dépendaient la formation et le développement de leurs manières de vivre.

D’autres peuplades se sont transformées sans émigrer, mais c’est par suite de l’invasion et de l’influence des voisins ou d’étrangers. Enfin, tel ou tel changement dans la vie commune s’est fait sentir dans l’état de la population et lui a imprimé pour l’avenir un certain cachet différent du premier. Ainsi, peu à peu, dans le cours des temps, le peuple changeait, n’était plus tel qu’il était auparavant. Tout cela forme ce qu’on peut appeler les circonstances historiques.

Un degré plus ou moins élevé de civilisation hâte ou retarde la transformation ; un peuple instruit conservera plus obstinément ses vieux usages, il gardera fermement ses coutumes et, pendant longtemps, la mémoire de ses aïeux. Rome, par exemple, ayant conquis la Grèce et conquise à son tour par la civilisation grecque ; au contraire, la Gaule, tombée sous la domination de Rome, perd sa langue et sa nationalité parce que les conquérants étaient plus avancés en civilisation que les conquis.

Les rapports avec un peuple plus faible renforcent la nationalité du plus puissant, tandis que le frottement avec un peuple plus fort la rend plus faible.

Une nationalité peut se former à différentes époques de développement du peuple, mais ce travail se fait plus facilement dans une période d’enfance qu’à une époque avancée de vie intellectuelle.

Des changements de nationalité peuvent être amenés par des causes opposées, par exemple : par le besoin d’un large développement, par la misère et la décadence de l’ancienne civilisation, par une fraîche et joyeuse jeunesse du peuple ou par sa vieillesse caduque.

D’un autre côté, la stabilité de la nationalité peut aussi bien provenir du développement de la civilisation, lorsque le peuple s’est assuré ce qui le conduira à un travail continu dans la même sphère, lorsqu’il a une suffisante provision d’intérêts pour en tirer de nouveaux éléments de culture — que du manque de motifs extérieurs pour continuer à développer les matériaux en réserve — et lorsqu’il se contente de l’état existant chez lui et ne désire pas marcher en avant.

Chez les peuples qui ont des rapports avec d’autres peuples plus avancés, nous remarquons que les couches supérieures s’approprient la nationalité étrangère du peuple dominateur, tandis que les classes inférieures gardent la leur, car la situation de la masse opprimée ne lui permet pas d’aspirer à l’évolution d’institutions qu’elle possède depuis longtemps. La même cause empêchera les couches malheureuses d’adopter une nationalité étrangère comme le font les classes aisées.

La littérature est l’âme de la vie publique, la conscience de la nationalité. Sans littérature, la nationalité n’est plus qu’un phénomène passif. Plus la littérature d’un peuple est riche et étendue, plus aussi sa nationalité est solide, et c’est une garantie qu’il défendra obstinément sa nationalité contre les éléments hostiles de la vie historique, et plus l’essence même de sa nationalité s’exprime énergiquement et clairement.

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Il est incontestable que la situation géographique fut la première cause des différences entre les nationalités en général. Plus un peuple occupe un degré inférieur dans la civilisation, plus les circonstances géographiques aident à lui donner un type spécial. Les peuples qui n’ont pas de principes fixes, se transportent facilement, émigrent d’un pays à un autre, car ils ont bien peu de liens qui les attachent à leurs anciennes demeures. Après avoir émigré et s’être fixés dans de nouveaux lieux, ces peuples nomades se transforment facilement et ne tardent pas à changer de mœurs, en prenant le caractère naturel du nouveau pays. La résistance sera d’autant moins importante que les moyens de support feront plus défaut.

Il en est tout autrement pour un peuple qui, dans ses premières demeures, s’est acquis tout ce qui pouvait le satisfaire et ce qui lui paraissait utile ou sacré. Un tel peuple, en émigrant dans de nouveaux territoires, y transporte ses pénates, ses principes, qui lui deviennent des supports lorsque les circonstances de la nouvelle patrie l’amèneront à introduire des changements en lui-même.

Supposons par exemple qu’un Anglais s’établisse sous les tropiques : il y transportera sa civilisation, les mœurs, les idées de son île septentrionale.

Par contre, il n’en serait pas de même d’une tribu de Peaux-Rouges transportée en Russie. Ces Indiens vivant au milieu des Russes prendraient vite l’apparence de la nationalité dominante. Supposé qu’ils vivent à l’écart, sans se rapprocher de peuples civilisés, en quelques générations, sous l’influence du climat, du terrain, ils auront changé, et une nouvelle nationalité en sera issue, mais cela ne se sera produit que très graduellement, en ne préservant que quelques traits qui rappelleront l’ancienne patrie si éloignée.

Dans l’antiquité, aux époques de la jeunesse des nationalités, ces pérégrinations d’un pays dans un autre, créaient des types diversifiés et produisaient des nationalités. Mais la migration et les changements géographiques ne formaient pas les seuls facteurs dans la transformation des peuples et, à l’origine, il s’y ajoutait encore les circonstances historiques. Les peuples en émigrant d’un pays dans un autre, ne restaient pas isolés, mais rencontraient d’autres peuplades, se mêlaient, luttaient avec elles, et de ces rapports dépendaient la formation et le développement de leurs manières de vivre.

D’autres peuplades se sont transformées sans émigrer, mais c’est par suite de l’invasion et de l’influence des voisins ou d’étrangers. Enfin, tel ou tel changement dans la vie commune s’est fait sentir dans l’état de la population et lui a imprimé pour l’avenir un certain cachet différent du premier. Ainsi, peu à peu, dans le cours des temps, le peuple changeait, n’était plus tel qu’il était auparavant. Tout cela forme ce qu’on peut appeler les circonstances historiques.

Un degré plus ou moins élevé de civilisation hâte ou retarde la transformation ; un peuple instruit conservera plus obstinément ses vieux usages, il gardera fermement ses coutumes et, pendant longtemps, la mémoire de ses aïeux. Rome, par exemple, ayant conquis la Grèce et conquise à son tour par la civilisation grecque ; au contraire, la Gaule, tombée sous la domination de Rome, perd sa langue et sa nationalité parce que les conquérants étaient plus avancés en civilisation que les conquis.

Les rapports avec un peuple plus faible renforcent la nationalité du plus puissant, tandis que le frottement avec un peuple plus fort la rend plus faible.

Une nationalité peut se former à différentes époques de développement du peuple, mais ce travail se fait plus facilement dans une période d’enfance qu’à une époque avancée de vie intellectuelle.

Des changements de nationalité peuvent être amenés par des causes opposées, par exemple : par le besoin d’un large développement, par la misère et la décadence de l’ancienne civilisation, par une fraîche et joyeuse jeunesse du peuple ou par sa vieillesse caduque.

D’un autre côté, la stabilité de la nationalité peut aussi bien provenir du développement de la civilisation, lorsque le peuple s’est assuré ce qui le conduira à un travail continu dans la même sphère, lorsqu’il a une suffisante provision d’intérêts pour en tirer de nouveaux éléments de culture — que du manque de motifs extérieurs pour continuer à développer les matériaux en réserve — et lorsqu’il se contente de l’état existant chez lui et ne désire pas marcher en avant.

Chez les peuples qui ont des rapports avec d’autres peuples plus avancés, nous remarquons que les couches supérieures s’approprient la nationalité étrangère du peuple dominateur, tandis que les classes inférieures gardent la leur, car la situation de la masse opprimée ne lui permet pas d’aspirer à l’évolution d’institutions qu’elle possède depuis longtemps. La même cause empêchera les couches malheureuses d’adopter une nationalité étrangère comme le font les classes aisées.

La littérature est l’âme de la vie publique, la conscience de la nationalité. Sans littérature, la nationalité n’est plus qu’un phénomène passif. Plus la littérature d’un peuple est riche et étendue, plus aussi sa nationalité est solide, et c’est une garantie qu’il défendra obstinément sa nationalité contre les éléments hostiles de la vie historique, et plus l’essence même de sa nationalité s’exprime énergiquement et clairement.

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