Author: | Marceline Desbordes-Valmore | ISBN: | 1230000221023 |
Publisher: | Marceline Desbordes-Valmore | Publication: | February 25, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Marceline Desbordes-Valmore |
ISBN: | 1230000221023 |
Publisher: | Marceline Desbordes-Valmore |
Publication: | February 25, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
ELEGIES LA MAISON DE MA MERE
Maison de la naissance, ô nid, doux coin du monde !
ô premier univers où nos pas ont tourné !
Chambre ou ciel, dont le coeur garde la mappemonde,
au fond du temps je vois ton seuil abandonné.
Je m' en irais aveugle et sans guide à ta porte,
toucher le berceau nu qui daigna me nourrir.
Si je deviens âgée et faible, qu' on m' y porte !
Je n' y pus vivre enfant, j' y voudrais bien mourir,
marcher dans notre cour où croissait un peu d' herbe,
où l' oiseau de nos toits descendait boire et puis,
pour coucher ses enfants, becquetait l' humble gerbe,
entre les cailloux bleus que mouillait le grand puits !
De sa fraîcheur lointaine il lave encor mon âme,
du présent qui me brûle il étanche la flamme,
ce puits large et dormeur au cristal enfermé
où ma mère baignait son enfant bien-aimé.
Lorsqu' elle berçait l' air avec sa voix rêveuse,
qu' elle était calme et blanche et paisible le soir,
désaltérant le pauvre assis, comme on croit voir
aux ruisseaux de la bible une fraîche laveuse !
Elle avait des accents d' harmonieux amour
que je buvais du coeur en jouant dans la cour.
Ciel ! Où prend donc sa voix une mère qui chante
pour aider le sommeil à descendre au berceau ?
Dieu mit-il plus de grâce au souffle d' un ruisseau ?
Est-ce l' éden rouvert à son hymne touchante,
laissant sur l' oreiller de l' enfant qui s' endort,
poindre tous les soleils qui lui cachent la mort ?
Et l' enfant assoupi, sous cette âme voilée,
reconnaît-il les bruits d' une vie écoulée ?
Est-ce un cantique appris à son départ du ciel,
où l' adieu d' un jeune ange épancha quelque miel ?
EXTRAIT:
ELEGIES LA MAISON DE MA MERE
Maison de la naissance, ô nid, doux coin du monde !
ô premier univers où nos pas ont tourné !
Chambre ou ciel, dont le coeur garde la mappemonde,
au fond du temps je vois ton seuil abandonné.
Je m' en irais aveugle et sans guide à ta porte,
toucher le berceau nu qui daigna me nourrir.
Si je deviens âgée et faible, qu' on m' y porte !
Je n' y pus vivre enfant, j' y voudrais bien mourir,
marcher dans notre cour où croissait un peu d' herbe,
où l' oiseau de nos toits descendait boire et puis,
pour coucher ses enfants, becquetait l' humble gerbe,
entre les cailloux bleus que mouillait le grand puits !
De sa fraîcheur lointaine il lave encor mon âme,
du présent qui me brûle il étanche la flamme,
ce puits large et dormeur au cristal enfermé
où ma mère baignait son enfant bien-aimé.
Lorsqu' elle berçait l' air avec sa voix rêveuse,
qu' elle était calme et blanche et paisible le soir,
désaltérant le pauvre assis, comme on croit voir
aux ruisseaux de la bible une fraîche laveuse !
Elle avait des accents d' harmonieux amour
que je buvais du coeur en jouant dans la cour.
Ciel ! Où prend donc sa voix une mère qui chante
pour aider le sommeil à descendre au berceau ?
Dieu mit-il plus de grâce au souffle d' un ruisseau ?
Est-ce l' éden rouvert à son hymne touchante,
laissant sur l' oreiller de l' enfant qui s' endort,
poindre tous les soleils qui lui cachent la mort ?
Et l' enfant assoupi, sous cette âme voilée,
reconnaît-il les bruits d' une vie écoulée ?
Est-ce un cantique appris à son départ du ciel,
où l' adieu d' un jeune ange épancha quelque miel ?