Author: | Georges Belmont, Maurice Nadeau | ISBN: | 9782402300216 |
Publisher: | FeniXX réédition numérique | Publication: | January 1, 1969 |
Imprint: | FeniXX réédition numérique (Denoël) | Language: | French |
Author: | Georges Belmont, Maurice Nadeau |
ISBN: | 9782402300216 |
Publisher: | FeniXX réédition numérique |
Publication: | January 1, 1969 |
Imprint: | FeniXX réédition numérique (Denoël) |
Language: | French |
Un jour, la pestilence souffle sur la ville. Tournant le dos et marchant sur les cadavres dont regorge le sol, un homme fuit. Lui-même, est-il vivant ? Il est chargé d’un étrange fardeau : un poids mort. (Pour le désigner, il ne trouve pas d’autres mots que : « la chose »). Il marche vers l’Ouest, où se dressent des monts violets, pareils au versant d’un cratère baigné d’une dernière lumière. S’il parvient jusque là, s’il peut passer « dans la lumière », il sait que, mort ou vif, il sera sauvé. Sa marche interminable devient d’emblée un long délire à travers des paysages hostiles et hantés par des survivants, mais aussi à travers lui-même. Et toujours « la chose » est là, retrouvant parfois une forme de vie par le délire. Le temps, l’espace n’existent plus. Autour d’un trou qu’il s’est creusé, dans une cabane souvenir de son enfance, des ombres se penchent parfois sur lui, un docteur, un frère qu’il croyait pourtant avoir tué (y compris l’oiseau posté sur un arbre et qui le suit partout) sont-elles un seul et même personnage ? Et la cabane et le trou sont-ils si différents de la chambre qu’il avait quittée ? Il faut fuir et tuer toutes ces apparences. Alors seulement, débarrassé de ses poids morts et de « la chose », il pourra terminer le voyage. Il repart, il se presse, il court, tombe, se relève... là-haut la lumière... atteindra-t-il le sommet ? Ex n’est ni un récit, ni un roman, ni un conte, ni un poème, ce sont d’abord des voix. Le je qui parle ici est plusieurs. L’unité se fait par les thèmes du personnage plus que par l’identité. De même que le temps et l’espace retrouvent une unité dans l’annihilation, et la vie dans les morts successives. S’il y a un message dans ce livre, il n’est pas plus caché que celui des runes gravées par l’homme dans la pierre, depuis des siècles et partout dans le monde. Et c’est qu’il faut mourir pour naître, et non, comme on dit, pour renaître. A ce prix, il n’y a plus de désespoir à vivre. On cesse de ramper ; on prend les coups debout.
Un jour, la pestilence souffle sur la ville. Tournant le dos et marchant sur les cadavres dont regorge le sol, un homme fuit. Lui-même, est-il vivant ? Il est chargé d’un étrange fardeau : un poids mort. (Pour le désigner, il ne trouve pas d’autres mots que : « la chose »). Il marche vers l’Ouest, où se dressent des monts violets, pareils au versant d’un cratère baigné d’une dernière lumière. S’il parvient jusque là, s’il peut passer « dans la lumière », il sait que, mort ou vif, il sera sauvé. Sa marche interminable devient d’emblée un long délire à travers des paysages hostiles et hantés par des survivants, mais aussi à travers lui-même. Et toujours « la chose » est là, retrouvant parfois une forme de vie par le délire. Le temps, l’espace n’existent plus. Autour d’un trou qu’il s’est creusé, dans une cabane souvenir de son enfance, des ombres se penchent parfois sur lui, un docteur, un frère qu’il croyait pourtant avoir tué (y compris l’oiseau posté sur un arbre et qui le suit partout) sont-elles un seul et même personnage ? Et la cabane et le trou sont-ils si différents de la chambre qu’il avait quittée ? Il faut fuir et tuer toutes ces apparences. Alors seulement, débarrassé de ses poids morts et de « la chose », il pourra terminer le voyage. Il repart, il se presse, il court, tombe, se relève... là-haut la lumière... atteindra-t-il le sommet ? Ex n’est ni un récit, ni un roman, ni un conte, ni un poème, ce sont d’abord des voix. Le je qui parle ici est plusieurs. L’unité se fait par les thèmes du personnage plus que par l’identité. De même que le temps et l’espace retrouvent une unité dans l’annihilation, et la vie dans les morts successives. S’il y a un message dans ce livre, il n’est pas plus caché que celui des runes gravées par l’homme dans la pierre, depuis des siècles et partout dans le monde. Et c’est qu’il faut mourir pour naître, et non, comme on dit, pour renaître. A ce prix, il n’y a plus de désespoir à vivre. On cesse de ramper ; on prend les coups debout.