Author: | Alphonse Daudet | ISBN: | 1230000628853 |
Publisher: | pb | Publication: | August 25, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Alphonse Daudet |
ISBN: | 1230000628853 |
Publisher: | pb |
Publication: | August 25, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
Que de choses dans cette journée, et comme les moindres détails lui
restaient présents ! Il se voyait au petit jour, arpentant sa chambre de
vieux garçon dans une joie mêlée d’impatience, la barbe déjà faite, l’habit
passé, deux paires de gants blancs en poche… Maintenant voici les voitures
de gala, et dans la première là-bas, celle qui a des chevaux blancs,
des guides blanches, une doublure de damas jaune, la parure de la mariée
s’apercevant comme un nuage… Puis l’entrée à l’église, deux par deux,
toujours le petit nuage blanc en tête, flo?ant, léger, éblouissant… L’orgue,
le suisse, le sermon du curé, les cierges éclairant des bijoux, des toile?es
de printemps… et ce?e poussée de monde à la sacristie, le petit nuage
blanc, perdu, noyé, entouré, embrassé, pendant que le marié distribue des
poignées de mains à tout le haut commerce parisien venu là pour lui faire
honneur… Et le grand coup d’orgue de la fin, plus solennel à cause de la
porte de l’église large ouverte qui fait participer la rue entière à la cérémonie
de famille, les sons passant le porche en même temps que le cortège,
les exclamations du quartier, une brunisseuse en grand tablier de lustrine
disant tout haut : « Le marié n’est pas beau, mais la mariée est crânement
gentille… » C’est cela qui vous rend fier quand on est le marié…
Que de choses dans cette journée, et comme les moindres détails lui
restaient présents ! Il se voyait au petit jour, arpentant sa chambre de
vieux garçon dans une joie mêlée d’impatience, la barbe déjà faite, l’habit
passé, deux paires de gants blancs en poche… Maintenant voici les voitures
de gala, et dans la première là-bas, celle qui a des chevaux blancs,
des guides blanches, une doublure de damas jaune, la parure de la mariée
s’apercevant comme un nuage… Puis l’entrée à l’église, deux par deux,
toujours le petit nuage blanc en tête, flo?ant, léger, éblouissant… L’orgue,
le suisse, le sermon du curé, les cierges éclairant des bijoux, des toile?es
de printemps… et ce?e poussée de monde à la sacristie, le petit nuage
blanc, perdu, noyé, entouré, embrassé, pendant que le marié distribue des
poignées de mains à tout le haut commerce parisien venu là pour lui faire
honneur… Et le grand coup d’orgue de la fin, plus solennel à cause de la
porte de l’église large ouverte qui fait participer la rue entière à la cérémonie
de famille, les sons passant le porche en même temps que le cortège,
les exclamations du quartier, une brunisseuse en grand tablier de lustrine
disant tout haut : « Le marié n’est pas beau, mais la mariée est crânement
gentille… » C’est cela qui vous rend fier quand on est le marié…