Author: | George Sand, Paul Lacroix | ISBN: | 1230003368916 |
Publisher: | Aubert (Paris): 1843 | Publication: | August 16, 2019 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | George Sand, Paul Lacroix |
ISBN: | 1230003368916 |
Publisher: | Aubert (Paris): 1843 |
Publication: | August 16, 2019 |
Imprint: | |
Language: | French |
L’ŒUVRE de George Sand pourrait s’appeler l’Histoire des Femmes au 19e siècle, ou l’Histoire de l’Amour, c’est-à-dire, de tous les caractères et de toutes les situations en amour. Le long de cette galerie romanesque, nous ne rencontrerons que de grandes amoureuses, des figures étranges qui ont toutes dans le regard un signe de passion. Celle-ci aime par faiblesse ou par entraînement, celle-là par une admiration réfléchie, une autre par haine de l’oppression, ou par tempérament, ou par poésie, ou par charité, la plupart sans savoir pourquoi, toutes parce que l’amour est la destinée des femmes. Aux unes, l’amour vient de l’occasion ; aux autres, en dehors de toute prévision et de tout calcul, malgré tout, et c’est le plus grand nombre. L’originalité de George Sand et l’intérêt de ses drames tiennent justement à ces conditions exceptionnelles qui excitent les sentiments et compliquent les faits.
La vie de George Sand et son talent passent par les mêmes phases et les mêmes aventures. Comme il arrive à propos de tous les artistes prédestinés, sa vie est écrite dans ses livres, et il serait facile de la refaire en empruntant quelques pages éloquentes et colorées à Indiana, à Valentine, à Jacques, et surtout à Lélia et aux Lettres d’un Voyageur, et plus récemment à Spiridion, au Compagnon du Tour de France et à Horace. La première partie s’agite dans le monde des sentiments, des inquiétudes passionnées et des poétiques aspirations. Puis, on commence à sentir que la vie se calme et se repose, et, en même temps, que le talent devient maître de soi ; l’écrivain est plus sûr de sa pensée et de son style ; il invente un peu plus en dehors de ses propres impressions ; il se hasarde avec plus de réflexion dans le monde de l’art. L’imagination est voisine du cœur ; mais elle s’en distingue cependant. Bienheureux les romanciers qui traversent les passions pour arriver ensuite à la création !
Après cette époque intermédiaire, la pensée de George Sand mûrit encore. Les belles fleurs de poésie se forment en fruits savoureux. Le philosophe succède à l’artiste, ou plutôt il le complète et le fortifie. Lélia, la sublime désespérée, a retrouvé des convictions : elle adore après avoir maudit. Les derniers livres de George Sand montrent cette évidente transformation.
Il se trouve ainsi que, de tous les drames attachés au nom de George Sand, le plus beau, le plus attrayant par un intérêt invincible, c’est le drame de sa vie morale et intellectuelle, l’histoire des métempsycoses de l’écrivain et du romancier.
L’ŒUVRE de George Sand pourrait s’appeler l’Histoire des Femmes au 19e siècle, ou l’Histoire de l’Amour, c’est-à-dire, de tous les caractères et de toutes les situations en amour. Le long de cette galerie romanesque, nous ne rencontrerons que de grandes amoureuses, des figures étranges qui ont toutes dans le regard un signe de passion. Celle-ci aime par faiblesse ou par entraînement, celle-là par une admiration réfléchie, une autre par haine de l’oppression, ou par tempérament, ou par poésie, ou par charité, la plupart sans savoir pourquoi, toutes parce que l’amour est la destinée des femmes. Aux unes, l’amour vient de l’occasion ; aux autres, en dehors de toute prévision et de tout calcul, malgré tout, et c’est le plus grand nombre. L’originalité de George Sand et l’intérêt de ses drames tiennent justement à ces conditions exceptionnelles qui excitent les sentiments et compliquent les faits.
La vie de George Sand et son talent passent par les mêmes phases et les mêmes aventures. Comme il arrive à propos de tous les artistes prédestinés, sa vie est écrite dans ses livres, et il serait facile de la refaire en empruntant quelques pages éloquentes et colorées à Indiana, à Valentine, à Jacques, et surtout à Lélia et aux Lettres d’un Voyageur, et plus récemment à Spiridion, au Compagnon du Tour de France et à Horace. La première partie s’agite dans le monde des sentiments, des inquiétudes passionnées et des poétiques aspirations. Puis, on commence à sentir que la vie se calme et se repose, et, en même temps, que le talent devient maître de soi ; l’écrivain est plus sûr de sa pensée et de son style ; il invente un peu plus en dehors de ses propres impressions ; il se hasarde avec plus de réflexion dans le monde de l’art. L’imagination est voisine du cœur ; mais elle s’en distingue cependant. Bienheureux les romanciers qui traversent les passions pour arriver ensuite à la création !
Après cette époque intermédiaire, la pensée de George Sand mûrit encore. Les belles fleurs de poésie se forment en fruits savoureux. Le philosophe succède à l’artiste, ou plutôt il le complète et le fortifie. Lélia, la sublime désespérée, a retrouvé des convictions : elle adore après avoir maudit. Les derniers livres de George Sand montrent cette évidente transformation.
Il se trouve ainsi que, de tous les drames attachés au nom de George Sand, le plus beau, le plus attrayant par un intérêt invincible, c’est le drame de sa vie morale et intellectuelle, l’histoire des métempsycoses de l’écrivain et du romancier.