Author: | Henri de la Blanchère | ISBN: | 1230002579795 |
Publisher: | E. Guérin (Paris) 1880 | Publication: | September 27, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Henri de la Blanchère |
ISBN: | 1230002579795 |
Publisher: | E. Guérin (Paris) 1880 |
Publication: | September 27, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait: FLEUR-DE-MAI
— La ménagerie !..... ohé ! la ménagerie !..... criait une bande de gamins courant en avant de trois grandes et longues voitures, aux panneaux bleus passés, qui cahotaient lentement et péniblement le long de la grand’rue dans la petite ville que j’habite. Vers les dernières maisons, les véhicules firent halte.
— La ménagerie !...
Et, sur l’air des lampions, voilà les joyeux gamins parcourant la ville et faisant des mains, des pieds, des joues, un bruyant simulacre des instruments de la troupe encore inconnue.
Pendant ce temps-là, les trois voitures avaient pris position sur le côté d’un triangle de gazon ras, entouré de hauts peupliers frissonnants, auquel on donne pompeusement, dans le pays, le nom de Champ de foire, parce qu’une fois par an il s’y rassemble six échoppes de savetiers de campagne et autant de boutiques de merciers ambulants. Bientôt les chevaux, dételés et abandonnés à eux-mêmes sur la pelouse, se mirent à tondre avec résignation l’herbe pelée qui s’étendait autour d’eux. Maigre souper, maigre pitance, hélas ! aussi maigres convives !...
Quatre personnes étaient sorties des voitures et vaquaient aux diverses occupations d’un véritable campement du soir.
Il est absolument indispensable que nous les présentions au lecteur.
Cet homme de haute taille, à l’énorme barbe noire tombant sur une poitrine d’athlète, aux bras nus, qui roule des yeux féroces autour de lui, c’est le seigneur Scipion l’Africain, dit le Farouche, ou l’Hercule de la Réole. Ne vous y trompez pas ! c’est le maître de céans. Ancien tambour-major des zouaves, vingt-cinq ans d’Afrique, plusieurs combats mémorables, cinq blessures, une citation à l’ordre du jour de l’armée... Bref, un brave et digne homme, un mouton sous la peau d’un lion.
Auprès de l’ex-zouave, se meut une grande et longue figure blême, blonde, aux yeux demi fermés, éraillés, au teint de papier mâché, aux joues et aux lèvres sans barbe. Cet être, le premier et l’unique aide de camp du seigneur Scipion l’Africain, répond au nom charmant de Fadasse. En fouillant dans son passé, nous avons découvert qu’il avait été, pendant de longues années, garçon boulanger, et que l’amour de la farine seule lui avait fait embrasser la profession de pitre ou paillasse, la seule, avec son ancienne, dans laquelle il fût permis d’en faire, pour sa toilette, une ample consommation.
Extrait: FLEUR-DE-MAI
— La ménagerie !..... ohé ! la ménagerie !..... criait une bande de gamins courant en avant de trois grandes et longues voitures, aux panneaux bleus passés, qui cahotaient lentement et péniblement le long de la grand’rue dans la petite ville que j’habite. Vers les dernières maisons, les véhicules firent halte.
— La ménagerie !...
Et, sur l’air des lampions, voilà les joyeux gamins parcourant la ville et faisant des mains, des pieds, des joues, un bruyant simulacre des instruments de la troupe encore inconnue.
Pendant ce temps-là, les trois voitures avaient pris position sur le côté d’un triangle de gazon ras, entouré de hauts peupliers frissonnants, auquel on donne pompeusement, dans le pays, le nom de Champ de foire, parce qu’une fois par an il s’y rassemble six échoppes de savetiers de campagne et autant de boutiques de merciers ambulants. Bientôt les chevaux, dételés et abandonnés à eux-mêmes sur la pelouse, se mirent à tondre avec résignation l’herbe pelée qui s’étendait autour d’eux. Maigre souper, maigre pitance, hélas ! aussi maigres convives !...
Quatre personnes étaient sorties des voitures et vaquaient aux diverses occupations d’un véritable campement du soir.
Il est absolument indispensable que nous les présentions au lecteur.
Cet homme de haute taille, à l’énorme barbe noire tombant sur une poitrine d’athlète, aux bras nus, qui roule des yeux féroces autour de lui, c’est le seigneur Scipion l’Africain, dit le Farouche, ou l’Hercule de la Réole. Ne vous y trompez pas ! c’est le maître de céans. Ancien tambour-major des zouaves, vingt-cinq ans d’Afrique, plusieurs combats mémorables, cinq blessures, une citation à l’ordre du jour de l’armée... Bref, un brave et digne homme, un mouton sous la peau d’un lion.
Auprès de l’ex-zouave, se meut une grande et longue figure blême, blonde, aux yeux demi fermés, éraillés, au teint de papier mâché, aux joues et aux lèvres sans barbe. Cet être, le premier et l’unique aide de camp du seigneur Scipion l’Africain, répond au nom charmant de Fadasse. En fouillant dans son passé, nous avons découvert qu’il avait été, pendant de longues années, garçon boulanger, et que l’amour de la farine seule lui avait fait embrasser la profession de pitre ou paillasse, la seule, avec son ancienne, dans laquelle il fût permis d’en faire, pour sa toilette, une ample consommation.