Author: | Dieudonné Jourda, Paul Otchakovsky-Laurens | ISBN: | 9782706225352 |
Publisher: | (Hachette) réédition numérique FeniXX | Publication: | January 1, 1980 |
Imprint: | Hachette (réédition numérique FeniXX) | Language: | French |
Author: | Dieudonné Jourda, Paul Otchakovsky-Laurens |
ISBN: | 9782706225352 |
Publisher: | (Hachette) réédition numérique FeniXX |
Publication: | January 1, 1980 |
Imprint: | Hachette (réédition numérique FeniXX) |
Language: | French |
Depuis la mort de Billy, je me sens libre, inconditionnellement. Depuis la mort de Billy, je marche, me déplace, je continue d’avancer - balades interminables sur les trottoirs et, plus bas, dans les collines de mon pays comme à travers ce qui me reste à vivre - mais je prends un autre chemin qui va tout droit, sans accident. Parfois le monde se rouvre pour moi, le temps d’une escapade, d’un voyage, d’une brève émeute exotique, et me laisse entrevoir la possibilité de nouvelles aventures qui ne seraient, au fond, que la répétition des mêmes événements. Ma vie, j’en trouve donc l’essentiel dans ce mouvement de balancier entre le Nord et le Sud (je connais bien cette Autoroute, fleuve obscur entre les prairies), depuis la mort de Billy, depuis la mort de certains autres (qui se sont laissés emporter, indifférents, debout dans la nacelle d’un ballon), depuis que je ne quitte pratiquement plus l’hexagone, depuis que Mamoulian a cessé de m’envoyer ses lettres pour m’inciter à le rejoindre dans quelque port de la Baltique où il fait peut-être commerce de poisson séché. Je marche et déambule à travers mon histoire. Ce que je sais de cette histoire, c’est qu’elle est parvenue à son terme dans la mesure où je n’attends plus rien d’inédit dans son déroulement. Billy n’est plus qui, par la force de son exemple, m’obligeait à me surpasser. Pour les gens de mon âge, la mort n’est plus une ennemie personnelle quand elle vient inopinément, comme une balle perdue.
Depuis la mort de Billy, je me sens libre, inconditionnellement. Depuis la mort de Billy, je marche, me déplace, je continue d’avancer - balades interminables sur les trottoirs et, plus bas, dans les collines de mon pays comme à travers ce qui me reste à vivre - mais je prends un autre chemin qui va tout droit, sans accident. Parfois le monde se rouvre pour moi, le temps d’une escapade, d’un voyage, d’une brève émeute exotique, et me laisse entrevoir la possibilité de nouvelles aventures qui ne seraient, au fond, que la répétition des mêmes événements. Ma vie, j’en trouve donc l’essentiel dans ce mouvement de balancier entre le Nord et le Sud (je connais bien cette Autoroute, fleuve obscur entre les prairies), depuis la mort de Billy, depuis la mort de certains autres (qui se sont laissés emporter, indifférents, debout dans la nacelle d’un ballon), depuis que je ne quitte pratiquement plus l’hexagone, depuis que Mamoulian a cessé de m’envoyer ses lettres pour m’inciter à le rejoindre dans quelque port de la Baltique où il fait peut-être commerce de poisson séché. Je marche et déambule à travers mon histoire. Ce que je sais de cette histoire, c’est qu’elle est parvenue à son terme dans la mesure où je n’attends plus rien d’inédit dans son déroulement. Billy n’est plus qui, par la force de son exemple, m’obligeait à me surpasser. Pour les gens de mon âge, la mort n’est plus une ennemie personnelle quand elle vient inopinément, comme une balle perdue.