Author: | François-Hédelin d' Aubignac | ISBN: | 1230002369815 |
Publisher: | Paris Sercy 1654 | Publication: | June 10, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | François-Hédelin d' Aubignac |
ISBN: | 1230002369815 |
Publisher: | Paris Sercy 1654 |
Publication: | June 10, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
CE discours est un vieil ouvrage d’un des meilleurs Esprits de nostre siecle, qu’il ne m’est permis de te nommer : Il le fit par divertissement, dans un temps auquel il eut pû le donner au public sans le desavoüer, & on luy a dérobé dans une profession en laquelle il ne croit pas qu’il luy soit bien seant de regarder ces matieres que pour les condamner ; ce n’est pas qu’il n’ait assez bien temperé, ce qu’on peut appeller les licences de la Jeunesse & du Monde, & qu’il n’ait adroitement joint icy la solidité de la Morale avec les agréemens de cette invention : Mais ceux qui le connoissent sçavent bien qu’il n’est pas de ces flateurs, qui ne combattent les vices qu’avec des fleurs, & qu’il est persuadé qu on n’y peut employer de glaives assez tranchans, ny de machines assez fortes. Si ce petit travail reçoit du public autant d’approbation comme il en a eu de ceux qui par les droicts de l’amitié en ont eu la lecture dans le cabinet, je m’efforceray de tirer encore quelques autres pieces qu’il nomme ordinairement delicta juventutis, & qu’il a peine à faire voir à ses plus familiers. Ce seront des larcins qui ne seront pas condamnables, puis que j’en enrichiray le public : Il ne faut que de l’industrie pour les commettre, & quand je t’en feray part, je m’asseure que tu ne refuseras point de t’en rendre complice partes remerciemens.
Extraite du dernier Voyage des Hollandois aux Indes du Levant.
LA curiosité de voir les Terres & les Nations éloignées, m’ayant fait embarquer au Port de Touvent, nous fismes une route assez heureuse durant quelque jours ; mais en nous éloignant des dernieres costes de l’Afrique, nous tombâmes dans des courantes que les Pilotes ne connoissoient point ; & ne pouvants par resister à leur impetuosité, nous fûmes emportez aupres d’une Isle qui n’avoit point encore esté découverte, & qui n’est est point marquée sur les Cartes Marines.
D’abord nous y vîmes tant de Coqs & de Gelinotes de tout plumage, que nous en prîmes sujet de la nommer l’Isle des Coquets. En quoy nous rencontrâmes assez bien, parceque la ville capitale se nomme Coqueterie, & le Prince qui la gouverne, l’Amour Coquet. Aussi tost que nous eûmes jetté l’Ancre, le moüillage estant presque bon par tout, nous filmes descendre à terre le Capitaine la Jeunesse, avec deux de nos meilleurs Soldats, Bontemps & Bellehumeur, pour découvrir le Païs, & sur la foy desquels je vous en fay cette Relation.
Situation,
Cette Isle est située vers le Cap de bonne Esperance, regardant au Tropique du Capricorne, remplie de plusieurs Fõtaines d’eau de fleurs d’Orange, d’Arbres qui tousjours ont la teste verte, & d’une si grande quantité de Muguet & Marjolaine, que l’air en est tout parfumé.
Fertilité.
Les terres y sont assez fertiles, & mesme quelquefois plus que les habitans ne voudroient ; car en ces rencontres, comme elles portent à cõtretemps, les fruits en sont meurs avant la saison, d’où naissent plusieurs differends contre le bien de la chose publique & le repos de l’Estat.
Temperature du Temps.
L’air en est si sain, qu’on n’y voit jamais de grandes maladies) & pour peu qu’une Coquette ait le teint mauvais ou quelque rougeur aparente, elle s’en plaint à tout le monde comme d’un outrage que la Nature fait à l’Amour, Ce n’est pas qu’il soit defendu d’y garder le lict, pourveu que ce soit pour tenir ruele plus à son aise, diversifier son jeu, ou d’autres interests que l’experience seule peut apprendre.
CE discours est un vieil ouvrage d’un des meilleurs Esprits de nostre siecle, qu’il ne m’est permis de te nommer : Il le fit par divertissement, dans un temps auquel il eut pû le donner au public sans le desavoüer, & on luy a dérobé dans une profession en laquelle il ne croit pas qu’il luy soit bien seant de regarder ces matieres que pour les condamner ; ce n’est pas qu’il n’ait assez bien temperé, ce qu’on peut appeller les licences de la Jeunesse & du Monde, & qu’il n’ait adroitement joint icy la solidité de la Morale avec les agréemens de cette invention : Mais ceux qui le connoissent sçavent bien qu’il n’est pas de ces flateurs, qui ne combattent les vices qu’avec des fleurs, & qu’il est persuadé qu on n’y peut employer de glaives assez tranchans, ny de machines assez fortes. Si ce petit travail reçoit du public autant d’approbation comme il en a eu de ceux qui par les droicts de l’amitié en ont eu la lecture dans le cabinet, je m’efforceray de tirer encore quelques autres pieces qu’il nomme ordinairement delicta juventutis, & qu’il a peine à faire voir à ses plus familiers. Ce seront des larcins qui ne seront pas condamnables, puis que j’en enrichiray le public : Il ne faut que de l’industrie pour les commettre, & quand je t’en feray part, je m’asseure que tu ne refuseras point de t’en rendre complice partes remerciemens.
Extraite du dernier Voyage des Hollandois aux Indes du Levant.
LA curiosité de voir les Terres & les Nations éloignées, m’ayant fait embarquer au Port de Touvent, nous fismes une route assez heureuse durant quelque jours ; mais en nous éloignant des dernieres costes de l’Afrique, nous tombâmes dans des courantes que les Pilotes ne connoissoient point ; & ne pouvants par resister à leur impetuosité, nous fûmes emportez aupres d’une Isle qui n’avoit point encore esté découverte, & qui n’est est point marquée sur les Cartes Marines.
D’abord nous y vîmes tant de Coqs & de Gelinotes de tout plumage, que nous en prîmes sujet de la nommer l’Isle des Coquets. En quoy nous rencontrâmes assez bien, parceque la ville capitale se nomme Coqueterie, & le Prince qui la gouverne, l’Amour Coquet. Aussi tost que nous eûmes jetté l’Ancre, le moüillage estant presque bon par tout, nous filmes descendre à terre le Capitaine la Jeunesse, avec deux de nos meilleurs Soldats, Bontemps & Bellehumeur, pour découvrir le Païs, & sur la foy desquels je vous en fay cette Relation.
Situation,
Cette Isle est située vers le Cap de bonne Esperance, regardant au Tropique du Capricorne, remplie de plusieurs Fõtaines d’eau de fleurs d’Orange, d’Arbres qui tousjours ont la teste verte, & d’une si grande quantité de Muguet & Marjolaine, que l’air en est tout parfumé.
Fertilité.
Les terres y sont assez fertiles, & mesme quelquefois plus que les habitans ne voudroient ; car en ces rencontres, comme elles portent à cõtretemps, les fruits en sont meurs avant la saison, d’où naissent plusieurs differends contre le bien de la chose publique & le repos de l’Estat.
Temperature du Temps.
L’air en est si sain, qu’on n’y voit jamais de grandes maladies) & pour peu qu’une Coquette ait le teint mauvais ou quelque rougeur aparente, elle s’en plaint à tout le monde comme d’un outrage que la Nature fait à l’Amour, Ce n’est pas qu’il soit defendu d’y garder le lict, pourveu que ce soit pour tenir ruele plus à son aise, diversifier son jeu, ou d’autres interests que l’experience seule peut apprendre.