Author: | Pierre de Coubertin | ISBN: | 1230002583310 |
Publisher: | Librairie Hachette, Paris, 1889 | Publication: | September 28, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Pierre de Coubertin |
ISBN: | 1230002583310 |
Publisher: | Librairie Hachette, Paris, 1889 |
Publication: | September 28, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Je n’ai qu’un regret ; c’est de n’avoir pas quinze ans et de ne pas être élève de l’École Monge. C’est un véritable lieu de délices. On y étudie les lettres et les sciences avec de bons maîtres en suivant de bonnes méthodes : on y fait de la gymnastique dans une cour superbe, et plusieurs fois par semaine on se rend au bois de Boulogne pour monter à cheval, faire du canotage sur le lac ou se livrer à d’interminables parties de cricket. Les esprits chagrins prétendent qu’à tant chevaucher et tant canoter on perdra quelque chose de ses chances pour le baccalauréat, M. Godart, le directeur de l’École, n’en croit rien et je suis de son avis. Il a bien remarqué, dans les premiers jours de l’éducation athlétique, un peu de dissipation ; on galopait par la pensée au bois de Boulogne quand on aurait dû être absorbé par le binôme de Newton. Mais l’équilibre s’est déjà rétabli et M. Godart ne doute pas d’avoir cette année, aux examens de la Sorbonne, autant de succès que l’année passée.
Il en aura plus peut-être, ce que je souhaite de tout mon cœur, parce qu’alors ce ne sera pas seulement le succès de l’École Monge : ce sera le succès de l’éducation athlétique. Et voyez l’heureuse chance ! nous ferons à la fois la joie de nos enfants et la force de notre armée. Si nous réussissons dans notre entreprise, cela vaudra mieux pour nos armes que si nous avions levé dix régiments.
On se demande si c’est M. Godart ou M. Pierre de Coubertin qui a fait cette belle découverte. M. Godart a mis son monde en mouvement. Vous pouvez vous en donner le spectacle — un bon et joyeux spectacle — en parcourant le bois de Boulogne dans l’espace compris entre le grand lac, le pré Catelan et le Jardin d’acclimatation. Il y a deux manèges, au jardin d’acclimatation, un grand espace réservé, au pré Catelan, pour les jeux de l’École : elle se sert, pour le canotage, de la batellerie du canal, mais ce n’est pas l’affaire de M. Godart : il a pris ce qu’il trouvait sous sa main pour aller plus vite. Il aura ses canots à lui, l’année prochaine. Le lac ne lui a fourni que des canots à deux rameurs : il lui faut des barques à six rameurs et même à dix, comme un amiral : il les aura. Comme on se propose de se mesurer avec Eton, il est à propos de soigner sa marine. La victoire sera partagée entre les canotiers et le constructeur.
Je n’ai qu’un regret ; c’est de n’avoir pas quinze ans et de ne pas être élève de l’École Monge. C’est un véritable lieu de délices. On y étudie les lettres et les sciences avec de bons maîtres en suivant de bonnes méthodes : on y fait de la gymnastique dans une cour superbe, et plusieurs fois par semaine on se rend au bois de Boulogne pour monter à cheval, faire du canotage sur le lac ou se livrer à d’interminables parties de cricket. Les esprits chagrins prétendent qu’à tant chevaucher et tant canoter on perdra quelque chose de ses chances pour le baccalauréat, M. Godart, le directeur de l’École, n’en croit rien et je suis de son avis. Il a bien remarqué, dans les premiers jours de l’éducation athlétique, un peu de dissipation ; on galopait par la pensée au bois de Boulogne quand on aurait dû être absorbé par le binôme de Newton. Mais l’équilibre s’est déjà rétabli et M. Godart ne doute pas d’avoir cette année, aux examens de la Sorbonne, autant de succès que l’année passée.
Il en aura plus peut-être, ce que je souhaite de tout mon cœur, parce qu’alors ce ne sera pas seulement le succès de l’École Monge : ce sera le succès de l’éducation athlétique. Et voyez l’heureuse chance ! nous ferons à la fois la joie de nos enfants et la force de notre armée. Si nous réussissons dans notre entreprise, cela vaudra mieux pour nos armes que si nous avions levé dix régiments.
On se demande si c’est M. Godart ou M. Pierre de Coubertin qui a fait cette belle découverte. M. Godart a mis son monde en mouvement. Vous pouvez vous en donner le spectacle — un bon et joyeux spectacle — en parcourant le bois de Boulogne dans l’espace compris entre le grand lac, le pré Catelan et le Jardin d’acclimatation. Il y a deux manèges, au jardin d’acclimatation, un grand espace réservé, au pré Catelan, pour les jeux de l’École : elle se sert, pour le canotage, de la batellerie du canal, mais ce n’est pas l’affaire de M. Godart : il a pris ce qu’il trouvait sous sa main pour aller plus vite. Il aura ses canots à lui, l’année prochaine. Le lac ne lui a fourni que des canots à deux rameurs : il lui faut des barques à six rameurs et même à dix, comme un amiral : il les aura. Comme on se propose de se mesurer avec Eton, il est à propos de soigner sa marine. La victoire sera partagée entre les canotiers et le constructeur.