L'Aigle et la Synagogue

Napoléon, les Juifs et l'État

Nonfiction, History
Cover of the book L'Aigle et la Synagogue by Pierre Birnbaum, Fayard
View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart
Author: Pierre Birnbaum ISBN: 9782213639420
Publisher: Fayard Publication: January 17, 2007
Imprint: Fayard Language: French
Author: Pierre Birnbaum
ISBN: 9782213639420
Publisher: Fayard
Publication: January 17, 2007
Imprint: Fayard
Language: French

On sait quelle oeuvre pionnière a accomplie la Révolution française en établissant une stricte égalité juridique entre tous les hommes, en donnant aux protestants et aux Juifs la totalité de leurs droits civiques, et le Code civil, promulgué en 1804 par le Premier Consul, passe pour avoir consolidé à jamais ces principes. En ce qui concerne les Juifs, pourtant, c'était sans compter sur les préjugés très prononcés de l'Empereur conseillé par les penseurs catholiques réactionnaires comme Bonald.

Ne se met-il pas en tête, en effet, de convoquer une assemblée de « notables » à qui il enjoint de former un « Grand Sanhédrin » qui se réunit il y a deux siècles, en février 1807, et désignera un Consistoire central, bref des interlocuteurs plus faciles à surveiller auxquels il entend imposer des mesures discriminatrices concernant le mariage, la conscription, la liberté d'aller et de venir ou encore celle de s'établir ? Voilà une entorse de taille aux principes de 89 : les intéressés, feignant de l'ignorer, s'en tiennent au Code civil, désireux qu'ils sont de se conformer seulement à la « loi du pays » qui doit régir de la même manière tous les citoyens. Ils font même assaut d'éloges et célèbrent sans rire… la Saint-Napoléon ou chantent, dans d'innombrables poèmes et odes, la gloire impérissable de l'Aigle dont les ailes sont supposées les protéger.

Mais l'Empereur ne s'arrête pas là. Par une série de décrets pris, en mars 1808, à l'instigation des franges les plus réactionnaires, il leur impose des restrictions juridiques allant à l'encontre de la loi commune, qui dénotent une franche hostilité à l'endroit de ceux qu'il qualifie de « sauterelles », de « corbeaux » ou de « nouveaux féodaux » et autres amabilités qui feront, tout au long du xixe siècle et jusqu'à Vichy, les délices des pamphlétaires antisémites.

Ce qui est surprenant - réconfortant aussi - c'est d'observer que le haut personnel administratif de l'État (Conseil d'État, préfets…) traîne les pieds, voire s'oppose franchement, avec un courage admirable, au « décret infâme » ; c'est probablement même la seule défaite politique interne que l'Empereur ait dû essuyer.

View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart

On sait quelle oeuvre pionnière a accomplie la Révolution française en établissant une stricte égalité juridique entre tous les hommes, en donnant aux protestants et aux Juifs la totalité de leurs droits civiques, et le Code civil, promulgué en 1804 par le Premier Consul, passe pour avoir consolidé à jamais ces principes. En ce qui concerne les Juifs, pourtant, c'était sans compter sur les préjugés très prononcés de l'Empereur conseillé par les penseurs catholiques réactionnaires comme Bonald.

Ne se met-il pas en tête, en effet, de convoquer une assemblée de « notables » à qui il enjoint de former un « Grand Sanhédrin » qui se réunit il y a deux siècles, en février 1807, et désignera un Consistoire central, bref des interlocuteurs plus faciles à surveiller auxquels il entend imposer des mesures discriminatrices concernant le mariage, la conscription, la liberté d'aller et de venir ou encore celle de s'établir ? Voilà une entorse de taille aux principes de 89 : les intéressés, feignant de l'ignorer, s'en tiennent au Code civil, désireux qu'ils sont de se conformer seulement à la « loi du pays » qui doit régir de la même manière tous les citoyens. Ils font même assaut d'éloges et célèbrent sans rire… la Saint-Napoléon ou chantent, dans d'innombrables poèmes et odes, la gloire impérissable de l'Aigle dont les ailes sont supposées les protéger.

Mais l'Empereur ne s'arrête pas là. Par une série de décrets pris, en mars 1808, à l'instigation des franges les plus réactionnaires, il leur impose des restrictions juridiques allant à l'encontre de la loi commune, qui dénotent une franche hostilité à l'endroit de ceux qu'il qualifie de « sauterelles », de « corbeaux » ou de « nouveaux féodaux » et autres amabilités qui feront, tout au long du xixe siècle et jusqu'à Vichy, les délices des pamphlétaires antisémites.

Ce qui est surprenant - réconfortant aussi - c'est d'observer que le haut personnel administratif de l'État (Conseil d'État, préfets…) traîne les pieds, voire s'oppose franchement, avec un courage admirable, au « décret infâme » ; c'est probablement même la seule défaite politique interne que l'Empereur ait dû essuyer.

More books from Fayard

Cover of the book L'Herbe rouge, précédé des Lurettes fourrées by Pierre Birnbaum
Cover of the book Découvrir la terre by Pierre Birnbaum
Cover of the book Retour aux mots sauvages by Pierre Birnbaum
Cover of the book Le progrès ne tombe pas du ciel by Pierre Birnbaum
Cover of the book Le monde selon K. by Pierre Birnbaum
Cover of the book A Paris, au printemps, ça sent la merde et le lilas by Pierre Birnbaum
Cover of the book Frivolités avant l'orage by Pierre Birnbaum
Cover of the book Contre la littérature facile by Pierre Birnbaum
Cover of the book Lady Day by Pierre Birnbaum
Cover of the book Dans la mêlée mondiale by Pierre Birnbaum
Cover of the book Le Général De Gaulle et la Russie by Pierre Birnbaum
Cover of the book Penser avec les Anciens by Pierre Birnbaum
Cover of the book La Comédie du pouvoir by Pierre Birnbaum
Cover of the book Juger by Pierre Birnbaum
Cover of the book Les origines du mal by Pierre Birnbaum
We use our own "cookies" and third party cookies to improve services and to see statistical information. By using this website, you agree to our Privacy Policy