Author: | Charles Didier | ISBN: | 1230000748476 |
Publisher: | Charles Didier | Publication: | October 29, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Charles Didier |
ISBN: | 1230000748476 |
Publisher: | Charles Didier |
Publication: | October 29, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
I.
Les géographes espagnols désignent à tort sous le nom générald’Alpuxarras toute la partie du royaume de Grenade située entre la Méditerranée et la Sierra-Nevada, et ils ajoutent que, participant de tous les climats, depuis les ardeurs de l’Afrique jusqu’au froid des régions polaires, elle réunit, dans l’espace de quelques lieues, la splendide végétation des tropiques et les maigres lichens du Groënland. Tout cela n’est point exact, ou ne l’est qu’à peu près. L'Alpuxarra, et non les Alpuxarras, ne confine pas à la mer, dont le littoral appartient, de ce côté, aux deux villes d’Almérie et d’Adra ; sillonnée de vastes montagnes dans toute son étendue, cette province n’offre ni la variété de climats ni les contrastes de végétation dont on la dote dans les livres. Tout ce qu’on peut en dire sous ce rapport, c’est qu’elle jouit d’une température salubre, qu’elle a des pâturages excellens, des eaux abondantes et d’innombrables mines, surtout dans la sierra de Gador, où, si l’on en croit l’adage du pays, on trouve plus de plomb que de pierres. La population de l’Alpuxarra se divise en douze tahas ou districts qui contiennent quarante-huit bourgs ou villages dont le chef-lieu est Uxixar.
L’Alpuxarra est à l’Espagne, tant au physique qu’au moral, ce que les Cévennes sont à la France ; son nom même, Abuxarra, veut dire en arabe terre querelleuse et batailleuse. Cette épithète s’explique par la belliqueuse attitude des chrétiens, qui se maintinrent les armes à la main dans l’Alpuxarra long-temps encore après que l’Espagne entière fut au pouvoir des Mores. Protégés par les aspérités d’un sol montagneux, ils ne furent même jamais entièrement soumis, et ne déposèrent l’épée que sous la condition expresse de conserver le libre exercice de leur culte ; peu à peu cependant ils l’abandonnèrent, et on les vit se convertir insensiblement, mais volontairement, à la loi de Mahomet. Sept à huit siècles plus tard, l’Alpuxarra offrit la contre-partie de cette résistance obstinée : la terre où les derniers chrétiens avaient trouvé un asile servit de refuge aux derniers musulmans, qui s’y défendirent vaillamment et long-temps. Ces agitations incessantes lui ont valu, une place dans l’histoire, et même dans l’art, grace à Calderon, qui a célébré ses héros dans une de ses comédies les plus chevaleresques et les plus amoureuses, (Aimer après la mort ou le Siège de l’Alpuxarra [1].
[1] Amer des pues de la muerte y el sitio de la Alpuxarra. M. Damas Hinard a donné récemment une traduction énergique et fidèle de ce drame de Calderon.
EXTRAIT:
I.
Les géographes espagnols désignent à tort sous le nom générald’Alpuxarras toute la partie du royaume de Grenade située entre la Méditerranée et la Sierra-Nevada, et ils ajoutent que, participant de tous les climats, depuis les ardeurs de l’Afrique jusqu’au froid des régions polaires, elle réunit, dans l’espace de quelques lieues, la splendide végétation des tropiques et les maigres lichens du Groënland. Tout cela n’est point exact, ou ne l’est qu’à peu près. L'Alpuxarra, et non les Alpuxarras, ne confine pas à la mer, dont le littoral appartient, de ce côté, aux deux villes d’Almérie et d’Adra ; sillonnée de vastes montagnes dans toute son étendue, cette province n’offre ni la variété de climats ni les contrastes de végétation dont on la dote dans les livres. Tout ce qu’on peut en dire sous ce rapport, c’est qu’elle jouit d’une température salubre, qu’elle a des pâturages excellens, des eaux abondantes et d’innombrables mines, surtout dans la sierra de Gador, où, si l’on en croit l’adage du pays, on trouve plus de plomb que de pierres. La population de l’Alpuxarra se divise en douze tahas ou districts qui contiennent quarante-huit bourgs ou villages dont le chef-lieu est Uxixar.
L’Alpuxarra est à l’Espagne, tant au physique qu’au moral, ce que les Cévennes sont à la France ; son nom même, Abuxarra, veut dire en arabe terre querelleuse et batailleuse. Cette épithète s’explique par la belliqueuse attitude des chrétiens, qui se maintinrent les armes à la main dans l’Alpuxarra long-temps encore après que l’Espagne entière fut au pouvoir des Mores. Protégés par les aspérités d’un sol montagneux, ils ne furent même jamais entièrement soumis, et ne déposèrent l’épée que sous la condition expresse de conserver le libre exercice de leur culte ; peu à peu cependant ils l’abandonnèrent, et on les vit se convertir insensiblement, mais volontairement, à la loi de Mahomet. Sept à huit siècles plus tard, l’Alpuxarra offrit la contre-partie de cette résistance obstinée : la terre où les derniers chrétiens avaient trouvé un asile servit de refuge aux derniers musulmans, qui s’y défendirent vaillamment et long-temps. Ces agitations incessantes lui ont valu, une place dans l’histoire, et même dans l’art, grace à Calderon, qui a célébré ses héros dans une de ses comédies les plus chevaleresques et les plus amoureuses, (Aimer après la mort ou le Siège de l’Alpuxarra [1].
[1] Amer des pues de la muerte y el sitio de la Alpuxarra. M. Damas Hinard a donné récemment une traduction énergique et fidèle de ce drame de Calderon.