Author: | Edmond Dumoulin | ISBN: | 1230003335635 |
Publisher: | Edmond Dumoulin | Publication: | July 25, 2019 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Edmond Dumoulin |
ISBN: | 1230003335635 |
Publisher: | Edmond Dumoulin |
Publication: | July 25, 2019 |
Imprint: | |
Language: | French |
La Comtesse de Lesbos (1889) de Edmond Dumoulin auteur d’ouvrages à caractère érotique (XIXe siècle – XIXe siècle)
Pseudonyme : Bernard Setter, Émile Desjardins, Edmond Dumoulin, E.D., Édouard Demarchin
*******
extrait:
Préliminaires.
Tout ce qu’on savait sur le comte et la comtesse de X., c’est qu’ils s’étaient séparés volontairement, après deux ans de mariage, rompant, d’un commun accord, une union mal assortie. Le comte, disait-on, vivait retiré au fond de l’Espagne, dans son château patrimonial ; la comtesse, après avoir séjourné quelques mois dans l’Andalousie, sa patrie, avait fixé sa résidence à Paris, où elle vivait dans un petit hôtel de l’avenue de Messine, sous un nom d’emprunt, qui sonnait comme un défi au sexe fort, et comme une invite au beau sexe, à moins que le hasard ne fût le seul parrain, ce qui ne paraissait guère vraisemblable, et bien qu’on connut le véritable état-civil de la dame, on ne la désignait que sous le nom qu’elle prenait sur ses cartes : comtesse de Lesbos. Des bruits singuliers couraient dans le voisinage ; on ne voyait jamais entrer un homme dans l’hôtel, tout le personnel était féminin ; on prétendait même que le cocher, malgré les imposants favoris qui encadraient sa mâle figure, était un automédon femelle. Il en eût fallu moins pour exciter la curiosité, et pendant un mois, des reporters aux aguets, payèrent fort cher des renseignements très vagues. Les trois soubrettes, qui vaquaient aux soins extérieurs du ménage, causaient volontiers de tout, excepté des choses du dedans, ayant, sans doute, un grand intérêt à se taire. Fort jolies, avenantes, chacune d’une beauté différente, une blonde, une brune et une châtaine, elles étaient courtisées par les fournisseurs, qui en étaient d’ailleurs pour leurs frais de galanterie.
La comtesse se montrait à l’Opéra, aux premières, aux expositions, au Bois, toujours accompagnée d’une de ses suivantes, qu’on eut prises plutôt pour les dames d’honneur d’une reine, échangeant rarement un salut ou un sourire, quand elle croisait un visage de connaissance ; elle semblait vouloir négliger les quelques relations que son mari s’était créées à Paris dans les premiers mois de leur mariage, qu’ils avaient passés dans la capitale. La vie retirée et mystérieuse que menait la comtesse, sous un pseudonyme significatif, défraya quelque temps la chronique, qui finit par se lasser. Fatigué de rôder autour de l’hôtel, en quête de renseignements hypothétiques, j’avais, moi aussi, renoncé à mes investigations.
Au mois d’Août, je gagnai Trouville, en désœuvré. Le jour de mon arrivée, on s’entretenait sur la plage, d’une intrépide baigneuse, qui faisait trembler les plus audacieux par son mépris du danger. On se montrait une soubrette blonde, qui attendait sur la plage la fin des ébats de sa maîtresse ; je reconnus sans peine une des suivantes ordinaires de la comtesse de Lesbos, que j’avais croisée au Bois. Un mouvement se fit ; les curieux se rapprochaient de la mer, et j’arrivai assez tôt, en suivant la foule, pour voir sortir de l’eau une splendide créature, que je reconnus aussitôt ; son costume de bain en flanelle crème, collé sur la chair, moulait admirablement les rondeurs saillantes de la superbe statue, arrachant des frémissements d’admiration à la foule éblouie. La soubrette avait jeté un peignoir sur les épaules nues de sa maîtresse, qui regagnait sa cabine, à quelques pas de là. Le peignoir ramené en avant, dessinait une mappemonde opulente, dont les deux globes rebondis, se mouvaient sous les ondulations des hanches, se renflant et rentrant tour-à-tour. La merveille disparut, chacun se regarda, étonné d’avoir grossi la foule des badauds. Cependant, quand la belle baigneuse reparut dans son costume de ville, un regard admiratif l’accompagna jusqu’à ce qu’on l’eut perdue de vue ; puis les potins reprirent de plus belle.
Je rentrai à mon hôtel, repris du désir de chercher de nouveau à pénétrer le mystère qui enveloppait la comtesse de Lesbos. Cela devait être plus facile à Trouville, qu’à Paris. Ici tout le monde est voisin, et ce serait bien le diable, si je n’arrivais pas à lever un coin du voile.
La Comtesse de Lesbos (1889) de Edmond Dumoulin auteur d’ouvrages à caractère érotique (XIXe siècle – XIXe siècle)
Pseudonyme : Bernard Setter, Émile Desjardins, Edmond Dumoulin, E.D., Édouard Demarchin
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extrait:
Préliminaires.
Tout ce qu’on savait sur le comte et la comtesse de X., c’est qu’ils s’étaient séparés volontairement, après deux ans de mariage, rompant, d’un commun accord, une union mal assortie. Le comte, disait-on, vivait retiré au fond de l’Espagne, dans son château patrimonial ; la comtesse, après avoir séjourné quelques mois dans l’Andalousie, sa patrie, avait fixé sa résidence à Paris, où elle vivait dans un petit hôtel de l’avenue de Messine, sous un nom d’emprunt, qui sonnait comme un défi au sexe fort, et comme une invite au beau sexe, à moins que le hasard ne fût le seul parrain, ce qui ne paraissait guère vraisemblable, et bien qu’on connut le véritable état-civil de la dame, on ne la désignait que sous le nom qu’elle prenait sur ses cartes : comtesse de Lesbos. Des bruits singuliers couraient dans le voisinage ; on ne voyait jamais entrer un homme dans l’hôtel, tout le personnel était féminin ; on prétendait même que le cocher, malgré les imposants favoris qui encadraient sa mâle figure, était un automédon femelle. Il en eût fallu moins pour exciter la curiosité, et pendant un mois, des reporters aux aguets, payèrent fort cher des renseignements très vagues. Les trois soubrettes, qui vaquaient aux soins extérieurs du ménage, causaient volontiers de tout, excepté des choses du dedans, ayant, sans doute, un grand intérêt à se taire. Fort jolies, avenantes, chacune d’une beauté différente, une blonde, une brune et une châtaine, elles étaient courtisées par les fournisseurs, qui en étaient d’ailleurs pour leurs frais de galanterie.
La comtesse se montrait à l’Opéra, aux premières, aux expositions, au Bois, toujours accompagnée d’une de ses suivantes, qu’on eut prises plutôt pour les dames d’honneur d’une reine, échangeant rarement un salut ou un sourire, quand elle croisait un visage de connaissance ; elle semblait vouloir négliger les quelques relations que son mari s’était créées à Paris dans les premiers mois de leur mariage, qu’ils avaient passés dans la capitale. La vie retirée et mystérieuse que menait la comtesse, sous un pseudonyme significatif, défraya quelque temps la chronique, qui finit par se lasser. Fatigué de rôder autour de l’hôtel, en quête de renseignements hypothétiques, j’avais, moi aussi, renoncé à mes investigations.
Au mois d’Août, je gagnai Trouville, en désœuvré. Le jour de mon arrivée, on s’entretenait sur la plage, d’une intrépide baigneuse, qui faisait trembler les plus audacieux par son mépris du danger. On se montrait une soubrette blonde, qui attendait sur la plage la fin des ébats de sa maîtresse ; je reconnus sans peine une des suivantes ordinaires de la comtesse de Lesbos, que j’avais croisée au Bois. Un mouvement se fit ; les curieux se rapprochaient de la mer, et j’arrivai assez tôt, en suivant la foule, pour voir sortir de l’eau une splendide créature, que je reconnus aussitôt ; son costume de bain en flanelle crème, collé sur la chair, moulait admirablement les rondeurs saillantes de la superbe statue, arrachant des frémissements d’admiration à la foule éblouie. La soubrette avait jeté un peignoir sur les épaules nues de sa maîtresse, qui regagnait sa cabine, à quelques pas de là. Le peignoir ramené en avant, dessinait une mappemonde opulente, dont les deux globes rebondis, se mouvaient sous les ondulations des hanches, se renflant et rentrant tour-à-tour. La merveille disparut, chacun se regarda, étonné d’avoir grossi la foule des badauds. Cependant, quand la belle baigneuse reparut dans son costume de ville, un regard admiratif l’accompagna jusqu’à ce qu’on l’eut perdue de vue ; puis les potins reprirent de plus belle.
Je rentrai à mon hôtel, repris du désir de chercher de nouveau à pénétrer le mystère qui enveloppait la comtesse de Lesbos. Cela devait être plus facile à Trouville, qu’à Paris. Ici tout le monde est voisin, et ce serait bien le diable, si je n’arrivais pas à lever un coin du voile.