LA COUCARATCHA tome 3

Fiction & Literature, Action Suspense, Classics, Historical
Cover of the book LA COUCARATCHA tome 3 by EUGÈNE SUE, Jwarlal
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Author: EUGÈNE SUE ISBN: 1230002412955
Publisher: Jwarlal Publication: July 6, 2018
Imprint: Language: French
Author: EUGÈNE SUE
ISBN: 1230002412955
Publisher: Jwarlal
Publication: July 6, 2018
Imprint:
Language: French

Extrait de ce classique populaire de EUGÈNE SUE :

Environ six mois après que ceci eût été écrit par M. de Noirville, Cécile adressait la lettre suivante à la baronne Sarah d'Herlmann, à Dresde.

Noirville, 20 juin 18...

«J'ai bien tardé à vous répondre, Sarah; mais ma santé est si mauvaise, je suis si faible, que, malgré tout mon désir, aujourd’hui seulement j’ai eu physiquement la force d’écrire: car pour penser à vous, je ne fais autre chose quand je ne lis pas vos lettres si affectueuses, quoiqu’un peu sévères à l’égard de ce que vous appelez mes folies...

«Oui, mon amie, j’ai relu avec un bien triste plaisir, cette dernière lettre où vous me rappelez notre séjour à Naples! c’était un beau temps alors: quel bonheur profond j’éprouvais en voyant une douce intimité s’établir entre nos deux familles, mon père apprécier le grand caractère de votre mère, et votre mère trouver dans le cœur de la mienne un écho pour chacune de ses nobles et pieuses pensées. Et puis comme dès la première fois que nous nous sommes vues, nous nous sommes comprises; je me le rappelle bien; c’était après une promenade dans le Golfe: nous sommes tous revenus à l’ambassade; alors je vous ai emmenée chez moi, et là je vous ai montré mes trésors: mes livres, ma musique, mes dessins commencés; mais, vous rappelez-vous surtout, Sarah, cette singulière circonstance? Un volume de Lamartine était resté ouvert sur ma table, et voilà que vous me montrez que vous aviez emporté le même ouvrage dans votre promenade! Mais ce n’est pas tout: quel est notre ravissement quand nous nous apercevons, au signet de votre livre, qu’ainsi que moi, la dernière méditation que vous aviez lue était aussi la prière! Vous souvenez-vous combien cette découverte nous étonna délicieusement, et quels heureux présages nous y cherchâmes pour l’avenir? car l’amitié, comme tous les sentiments tendres et délicats, semble vouloir se rassurer contre l’avenir par les présages, comme si le hasard prouvait quelque chose contre l’avenir!

«Vous le voyez bien, alors notre jeune imagination n’était pas assez riche, assez fertile, assez vive pour suffire aux plans de bonheur que nous formions. Que de brillants songes nous avions improvisés! Mais aussi quelque loin que nous emportassent ces rêves capricieux et dorés, nos idées venaient toujours se rallier à l’existence de notre père et de notre mère: nous faisions comme ces jeunes oiseaux qui essaient leurs ailes naissantes au milieu des feuilles et des fleurs, mais sans jamais quitter du regard le nid paternel.

«Eh bien! de toutes ces riantes visions, que m’est-il resté à moi? j’ai perdu tous ceux par qui ma vie avait un but, je suis seule, seule, oh! affreusement seule, Sarah!... Et deux ans sont à peine écoulés depuis ce temps où l’avenir nous paraissait si beau!

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Extrait de ce classique populaire de EUGÈNE SUE :

Environ six mois après que ceci eût été écrit par M. de Noirville, Cécile adressait la lettre suivante à la baronne Sarah d'Herlmann, à Dresde.

Noirville, 20 juin 18...

«J'ai bien tardé à vous répondre, Sarah; mais ma santé est si mauvaise, je suis si faible, que, malgré tout mon désir, aujourd’hui seulement j’ai eu physiquement la force d’écrire: car pour penser à vous, je ne fais autre chose quand je ne lis pas vos lettres si affectueuses, quoiqu’un peu sévères à l’égard de ce que vous appelez mes folies...

«Oui, mon amie, j’ai relu avec un bien triste plaisir, cette dernière lettre où vous me rappelez notre séjour à Naples! c’était un beau temps alors: quel bonheur profond j’éprouvais en voyant une douce intimité s’établir entre nos deux familles, mon père apprécier le grand caractère de votre mère, et votre mère trouver dans le cœur de la mienne un écho pour chacune de ses nobles et pieuses pensées. Et puis comme dès la première fois que nous nous sommes vues, nous nous sommes comprises; je me le rappelle bien; c’était après une promenade dans le Golfe: nous sommes tous revenus à l’ambassade; alors je vous ai emmenée chez moi, et là je vous ai montré mes trésors: mes livres, ma musique, mes dessins commencés; mais, vous rappelez-vous surtout, Sarah, cette singulière circonstance? Un volume de Lamartine était resté ouvert sur ma table, et voilà que vous me montrez que vous aviez emporté le même ouvrage dans votre promenade! Mais ce n’est pas tout: quel est notre ravissement quand nous nous apercevons, au signet de votre livre, qu’ainsi que moi, la dernière méditation que vous aviez lue était aussi la prière! Vous souvenez-vous combien cette découverte nous étonna délicieusement, et quels heureux présages nous y cherchâmes pour l’avenir? car l’amitié, comme tous les sentiments tendres et délicats, semble vouloir se rassurer contre l’avenir par les présages, comme si le hasard prouvait quelque chose contre l’avenir!

«Vous le voyez bien, alors notre jeune imagination n’était pas assez riche, assez fertile, assez vive pour suffire aux plans de bonheur que nous formions. Que de brillants songes nous avions improvisés! Mais aussi quelque loin que nous emportassent ces rêves capricieux et dorés, nos idées venaient toujours se rallier à l’existence de notre père et de notre mère: nous faisions comme ces jeunes oiseaux qui essaient leurs ailes naissantes au milieu des feuilles et des fleurs, mais sans jamais quitter du regard le nid paternel.

«Eh bien! de toutes ces riantes visions, que m’est-il resté à moi? j’ai perdu tous ceux par qui ma vie avait un but, je suis seule, seule, oh! affreusement seule, Sarah!... Et deux ans sont à peine écoulés depuis ce temps où l’avenir nous paraissait si beau!

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