La femme de soixante ans

L’épicier - Le notaire - La femme de province ( Edition intégrale )

Fiction & Literature, Classics, Literary, Romance
Cover of the book La femme de soixante ans by Honoré de Balzac, Paris, G. Roux et Cassanet, 1847
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Author: Honoré de Balzac ISBN: 1230003305140
Publisher: Paris, G. Roux et Cassanet, 1847 Publication: July 2, 2019
Imprint: Language: French
Author: Honoré de Balzac
ISBN: 1230003305140
Publisher: Paris, G. Roux et Cassanet, 1847
Publication: July 2, 2019
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Language: French

Extrait: ... Une chambre à coucher du seizième siècle

Par une nuit orageuse du mois de novembre, et sur les deux heures du matin, la comtesse Jeanne d’Hérouville, ressentant de cruelles angoisses, pensa, malgré son inexpérience, qu’elle pouvait être sur le point d’accoucher.

Le sentiment des personnes souffrantes les porte presque toujours à changer la position dans laquelle elles éprouvent les premières atteintes d’une douleur.

Et alors, cherchant à dissiper de sinistres pressentiments, la comtesse essaya de se mettre sur son séant comme pour étudier la nature de ses souffrances, et réfléchir à la situation critique où elle allait se trouver.

Elle était assaillie par des craintes trop vives pour songer aux périls d’une crise maternelle qui cause toujours quelque épouvante aux femmes quand elles doivent la subir pour la première fois.

En tâchant de se lever, la comtesse prit, pour ne pas éveiller son mari qui dormait auprès d’elle , des précautions minutieuses, dictées, sans doute, par le plus tendre amour ou par une profonde terreur.

Quoique les douleurs devinssent de plus en plus intenses, elle cessa pendant un moment de les sentir.

Toutes ses forces furent absorbées par une pénible entreprise.

Elle essayait d’appuyer sur l’oreiller ses deux mains presque humides, afin de se dresser insensiblement, et de faire quitter à la moitié de son corps endolori la posture horizontale qui la privait de son énergie.

Au moindre bruissement de l’immense courte-pointe en moire verte sous laquelle elle avait si peu dormi depuis son mariage, elle s’arrêtait comme si elle eût tinté une cloche.

Puis, forcée, par la nécessité, d’épier l’effet que ses mouvements produisaient sur le sommeil de son mari, elle dirigeait alternativement le regard de ses longs yeux bleus sur les plis de la moire importune, et sur une large figure basanée, dont elle sentait la moustache a son épaule.

Si une respiration par trop bruyante s’exhalait des lèvres de son gardien, la jeune femme exprimait des peurs soudaines qui ravivaient encore l’éclat du vermillon répandu sur ses joues blanches par les angoisses d’un enfantement prochain.

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Extrait: ... Une chambre à coucher du seizième siècle

Par une nuit orageuse du mois de novembre, et sur les deux heures du matin, la comtesse Jeanne d’Hérouville, ressentant de cruelles angoisses, pensa, malgré son inexpérience, qu’elle pouvait être sur le point d’accoucher.

Le sentiment des personnes souffrantes les porte presque toujours à changer la position dans laquelle elles éprouvent les premières atteintes d’une douleur.

Et alors, cherchant à dissiper de sinistres pressentiments, la comtesse essaya de se mettre sur son séant comme pour étudier la nature de ses souffrances, et réfléchir à la situation critique où elle allait se trouver.

Elle était assaillie par des craintes trop vives pour songer aux périls d’une crise maternelle qui cause toujours quelque épouvante aux femmes quand elles doivent la subir pour la première fois.

En tâchant de se lever, la comtesse prit, pour ne pas éveiller son mari qui dormait auprès d’elle , des précautions minutieuses, dictées, sans doute, par le plus tendre amour ou par une profonde terreur.

Quoique les douleurs devinssent de plus en plus intenses, elle cessa pendant un moment de les sentir.

Toutes ses forces furent absorbées par une pénible entreprise.

Elle essayait d’appuyer sur l’oreiller ses deux mains presque humides, afin de se dresser insensiblement, et de faire quitter à la moitié de son corps endolori la posture horizontale qui la privait de son énergie.

Au moindre bruissement de l’immense courte-pointe en moire verte sous laquelle elle avait si peu dormi depuis son mariage, elle s’arrêtait comme si elle eût tinté une cloche.

Puis, forcée, par la nécessité, d’épier l’effet que ses mouvements produisaient sur le sommeil de son mari, elle dirigeait alternativement le regard de ses longs yeux bleus sur les plis de la moire importune, et sur une large figure basanée, dont elle sentait la moustache a son épaule.

Si une respiration par trop bruyante s’exhalait des lèvres de son gardien, la jeune femme exprimait des peurs soudaines qui ravivaient encore l’éclat du vermillon répandu sur ses joues blanches par les angoisses d’un enfantement prochain.

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