La Folle Journée ou le Mariage de Figaro

Nonfiction, Religion & Spirituality, New Age, History, Fiction & Literature
Cover of the book La Folle Journée ou le Mariage de Figaro by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais, Library of Alexandria
View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart
Author: Pierre Augustin Caron de Beaumarchais ISBN: 9781465513885
Publisher: Library of Alexandria Publication: March 8, 2015
Imprint: Language: French
Author: Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
ISBN: 9781465513885
Publisher: Library of Alexandria
Publication: March 8, 2015
Imprint:
Language: French

En écrivant cette préface, mon but n'est pas de rechercher oiseusement si j'ai mis au théâtre une pièce bonne ou mauvaise: il n'est plus temps pour moi; mais d'examiner scrupuleusement, et je le dois toujours, si j'ai fait une oeuvre blâmable. Personne n'étant tenu de faire une comédie qui ressemble aux autres; si je me suis écarté d'un chemin trop battu, pour des raisons qui m'ont paru solides, ira-t-on me juger, comme l'ont fait MM. tels, sur des règles qui ne sont pas les miennes? imprimer puérilement que je reporte l'art à son enfance, parce que j'entreprends de frayer un nouveau sentier à cet art dont la loi première, et peut-être la seule, est d'amuser en instruisant? Mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Il y a souvent très-loin du mal que l'on dit d'un ouvrage à celui qu'on en pense. Le trait qui nous poursuit, le mot qui importune reste enseveli dans le coeur, pendant que la bouche se venge en blâmant presque tout le reste. De sorte qu'on peut regarder comme un point établi au théâtre, qu'en fait de reproche à l'auteur, ce qui nous affecte le plus est ce dont on parle le moins. Il est peut-être utile de dévoiler aux yeux de tous ce double aspect des comédies, et j'aurai fait encore un bon usage de la mienne, si je parviens en la scrutant à fixer l'opinion publique sur ce qu'on doit entendre par ces mots: Qu'est-ce que LA DÉCENCE THÉÂTRALE? À force de nous montrer délicats, fins connaisseurs, et d'affecter, comme j'ai dit autre part, l'hypocrisie de la décence auprès du relâchement des moeurs, nous devenons des êtres nuls, incapables de s'amuser et de juger de ce qui leur convient: faut-il le dire enfin? des bégueules rassasiées, qui ne savent plus ce qu'elles veulent, ni ce qu'elles doivent aimer ou rejeter. Déjà ces mots si rebattus, bon ton, bonne compagnie, toujours ajustés au niveau de chaque insipide cotterie, et dont la latitude est si grande qu'on ne sait où ils commencent et finissent, ont détruit la franche et vraie gaieté qui distinguait de tout autre le comique de notre nation. Ajoutez-y le pédantesque abus de ces autres grands mots décence et bonnes moeurs, qui donnent un air si important, si supérieur, que nos jugeurs de comédies seraient désolés de n'avoir pas à les prononcer sur toutes les pièces de théâtre, et vous connaîtrez à peu-près ce qui garote le génie, intimide tous les auteurs, et porte un coup mortel à la vigueur de l'intrigue, sans laquelle il n'y a pourtant que du bel esprit à la glace, et des comédies de quatre jours. Enfin, pour dernier mal, tous les états de la société sont parvenus à se soustraire à la censure dramatique; on ne pourrait mettre au théâtre les Plaideurs de Racine, sans entendre aujourd'hui les Dandins et les Brid'oisons, même des gens plus éclairés, s'écrier qu'il n'y a plus ni moeurs, ni respect pour les magistrats. On ne ferait point le Turcaret sans avoir à l'instant sur les bras, fermes, sous-fermes, traites et gabelles, droits-réunis, tailles, taillons, le trop-plein, le trop-bu, tous les impositeurs royaux. Il est vrai qu'aujourd'hui Turcaret n'a plus de modèles. On l'offrirait sous d'autres traits, l'obstacle resterait le même.

View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart

En écrivant cette préface, mon but n'est pas de rechercher oiseusement si j'ai mis au théâtre une pièce bonne ou mauvaise: il n'est plus temps pour moi; mais d'examiner scrupuleusement, et je le dois toujours, si j'ai fait une oeuvre blâmable. Personne n'étant tenu de faire une comédie qui ressemble aux autres; si je me suis écarté d'un chemin trop battu, pour des raisons qui m'ont paru solides, ira-t-on me juger, comme l'ont fait MM. tels, sur des règles qui ne sont pas les miennes? imprimer puérilement que je reporte l'art à son enfance, parce que j'entreprends de frayer un nouveau sentier à cet art dont la loi première, et peut-être la seule, est d'amuser en instruisant? Mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Il y a souvent très-loin du mal que l'on dit d'un ouvrage à celui qu'on en pense. Le trait qui nous poursuit, le mot qui importune reste enseveli dans le coeur, pendant que la bouche se venge en blâmant presque tout le reste. De sorte qu'on peut regarder comme un point établi au théâtre, qu'en fait de reproche à l'auteur, ce qui nous affecte le plus est ce dont on parle le moins. Il est peut-être utile de dévoiler aux yeux de tous ce double aspect des comédies, et j'aurai fait encore un bon usage de la mienne, si je parviens en la scrutant à fixer l'opinion publique sur ce qu'on doit entendre par ces mots: Qu'est-ce que LA DÉCENCE THÉÂTRALE? À force de nous montrer délicats, fins connaisseurs, et d'affecter, comme j'ai dit autre part, l'hypocrisie de la décence auprès du relâchement des moeurs, nous devenons des êtres nuls, incapables de s'amuser et de juger de ce qui leur convient: faut-il le dire enfin? des bégueules rassasiées, qui ne savent plus ce qu'elles veulent, ni ce qu'elles doivent aimer ou rejeter. Déjà ces mots si rebattus, bon ton, bonne compagnie, toujours ajustés au niveau de chaque insipide cotterie, et dont la latitude est si grande qu'on ne sait où ils commencent et finissent, ont détruit la franche et vraie gaieté qui distinguait de tout autre le comique de notre nation. Ajoutez-y le pédantesque abus de ces autres grands mots décence et bonnes moeurs, qui donnent un air si important, si supérieur, que nos jugeurs de comédies seraient désolés de n'avoir pas à les prononcer sur toutes les pièces de théâtre, et vous connaîtrez à peu-près ce qui garote le génie, intimide tous les auteurs, et porte un coup mortel à la vigueur de l'intrigue, sans laquelle il n'y a pourtant que du bel esprit à la glace, et des comédies de quatre jours. Enfin, pour dernier mal, tous les états de la société sont parvenus à se soustraire à la censure dramatique; on ne pourrait mettre au théâtre les Plaideurs de Racine, sans entendre aujourd'hui les Dandins et les Brid'oisons, même des gens plus éclairés, s'écrier qu'il n'y a plus ni moeurs, ni respect pour les magistrats. On ne ferait point le Turcaret sans avoir à l'instant sur les bras, fermes, sous-fermes, traites et gabelles, droits-réunis, tailles, taillons, le trop-plein, le trop-bu, tous les impositeurs royaux. Il est vrai qu'aujourd'hui Turcaret n'a plus de modèles. On l'offrirait sous d'autres traits, l'obstacle resterait le même.

More books from Library of Alexandria

Cover of the book Business English: A Practice Book by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book The Marriage of Elinor by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book Samantha Among the Brethren (Complete) by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book Sumerian Liturgies and Psalms by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book The Colour Line (The Golden Flaw) by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book Unterm Birnbaum by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book The Holy Cross and Other Tales by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book Ballads and Poems of Tragic Life by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book The Carter Girls' Week-End Camp by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book The Works of Hesiod by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book Joshua Marvel by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book In The Sixties by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book The Teaching of Epictetus: Being the 'Encheiridion of Epictetus With Selections From the 'Dissertations' and 'Fragments' by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book A Knight of Spain by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book Materfamilias by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
We use our own "cookies" and third party cookies to improve services and to see statistical information. By using this website, you agree to our Privacy Policy