Author: | E. Delauney | ISBN: | 1230002783062 |
Publisher: | Mégard (Rouen) 1889 | Publication: | November 3, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | E. Delauney |
ISBN: | 1230002783062 |
Publisher: | Mégard (Rouen) 1889 |
Publication: | November 3, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait: Il était cinq heures lorsque la diligence atteignit la ville où la petite héroïne que nous vous présentons, chère lectrice, devait s’arrêter. Elle n’y connaissait personne ; aussi fut-elle tout simplement déposée à Thirlwall (Amérique) à la porte de l’auberge l’Etoile, qui était la meilleure du pays. Le postillon fit claquer son fouet, les chevaux partirent au grand galop, et elle resta seule, la pauvrette, sa malle à côté d’elle, sur la place située devant l’auberge, suivant du regard le nuage de poussière que soulevait derrière lui le lourd véhicule dont le conducteur du moins avait été pour elle un protecteur, presque un ami.
Pour vous expliquer en deux mots comment il se faisait qu’une fillette de onze ans à peine, délicate, distinguée, courût ainsi le monde toute seule, il nous faut revenir quelque peu en arrière.
Le père d’Hélène Montgomery, officier de fortune américain, avait épousé en Europe une jeune et belle Ecossaise, de haute naissance et fort riche ; mais ce mariage, contracté avec un étranger, avait froissé la famille de la jeune fille au point de lui faire, pour ainsi dire, fermer la porte de la maison paternelle. Pauvre femme ! elle n’avait été heureuse d’aucune façon. Le capitaine Montgomery, égoïste, joueur, sans fortune, lui avait en quelques années mangé sa dot, puis avait intenté divers procès, tous plus ruineux les uns que les autres. La santé de Mme Montgomery, très compromise par les chagrins et les soucis de tous genres, s’était encore affaiblie, lorsqu’un matin, cinq semaines environ avant le jour où s’ouvre notre récit, le capitaine avait annoncé à sa femme qu’il venait de perdre un dernier procès, du gain duquel dépendait le peu qui leur restait, et qu’il était urgent qu’ils se rendissent en Europe pour tâcher d’en appeler et de faire casser l’arrêt qui les ruinait. Il l’avertit en même temps que, pour ne pas s’embarrasser d’une enfant qui leur serait une gêne dans l’état actuel des choses, il avait écrit à sa demi-sœur, miss Fortune Emerson, pour l’avertir qu’à la première occasion il lui confierait sa fille pour cinq ou six mois, un an peut-être, le temps que leur demanderait le voyage.
Ce fut un coup de foudre pour la pauvre mère. Son mari avait exigé d’elle bien des renoncements, bien des sacrifices ; mais la séparer de son Hélène, lui ravir son seul bien, sa joie suprême, c’était trop. Elle lutta, mais vainement.
Extrait: Il était cinq heures lorsque la diligence atteignit la ville où la petite héroïne que nous vous présentons, chère lectrice, devait s’arrêter. Elle n’y connaissait personne ; aussi fut-elle tout simplement déposée à Thirlwall (Amérique) à la porte de l’auberge l’Etoile, qui était la meilleure du pays. Le postillon fit claquer son fouet, les chevaux partirent au grand galop, et elle resta seule, la pauvrette, sa malle à côté d’elle, sur la place située devant l’auberge, suivant du regard le nuage de poussière que soulevait derrière lui le lourd véhicule dont le conducteur du moins avait été pour elle un protecteur, presque un ami.
Pour vous expliquer en deux mots comment il se faisait qu’une fillette de onze ans à peine, délicate, distinguée, courût ainsi le monde toute seule, il nous faut revenir quelque peu en arrière.
Le père d’Hélène Montgomery, officier de fortune américain, avait épousé en Europe une jeune et belle Ecossaise, de haute naissance et fort riche ; mais ce mariage, contracté avec un étranger, avait froissé la famille de la jeune fille au point de lui faire, pour ainsi dire, fermer la porte de la maison paternelle. Pauvre femme ! elle n’avait été heureuse d’aucune façon. Le capitaine Montgomery, égoïste, joueur, sans fortune, lui avait en quelques années mangé sa dot, puis avait intenté divers procès, tous plus ruineux les uns que les autres. La santé de Mme Montgomery, très compromise par les chagrins et les soucis de tous genres, s’était encore affaiblie, lorsqu’un matin, cinq semaines environ avant le jour où s’ouvre notre récit, le capitaine avait annoncé à sa femme qu’il venait de perdre un dernier procès, du gain duquel dépendait le peu qui leur restait, et qu’il était urgent qu’ils se rendissent en Europe pour tâcher d’en appeler et de faire casser l’arrêt qui les ruinait. Il l’avertit en même temps que, pour ne pas s’embarrasser d’une enfant qui leur serait une gêne dans l’état actuel des choses, il avait écrit à sa demi-sœur, miss Fortune Emerson, pour l’avertir qu’à la première occasion il lui confierait sa fille pour cinq ou six mois, un an peut-être, le temps que leur demanderait le voyage.
Ce fut un coup de foudre pour la pauvre mère. Son mari avait exigé d’elle bien des renoncements, bien des sacrifices ; mais la séparer de son Hélène, lui ravir son seul bien, sa joie suprême, c’était trop. Elle lutta, mais vainement.