Author: | Pierre Alexis Ponson du Terrail | ISBN: | 1230003272428 |
Publisher: | Paris : E. Dentu, 1865 | Publication: | June 11, 2019 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Pierre Alexis Ponson du Terrail |
ISBN: | 1230003272428 |
Publisher: | Paris : E. Dentu, 1865 |
Publication: | June 11, 2019 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait: Tout s’enchaîne dans la vie :
La jeunesse qui en est le point de départ, a sur elle une despotique influence, et les actions du premier âge servent de guide inflexible aux âges suivants.
L’avenir se modifie, subit mille métamorphoses ; qu’importe ! Il arrive toujours une heure où l’anneau de fer du passé se fait sentir d’une manière inexorable.
Le but de notre livre est dans ces quelques mots, et nous avons tenu à prouver une vérité terrible : c’est que les jours éteints exercent une domination fatale sur les jours à venir.
En politique, c’est l’histoire des peuples ;
En philosophie, l’histoire des hommes ;
En morale et en amour, l’histoire des femmes.
Un soir d’avril de l’année 1843, une berline de voyage roulait en plein pays nivernais, en amont de la Nièvre.
La capote était rejetée en arrière, les glaces baissées, et la berline ne renfermait pour tout voyageur qu’une jeune femme de vingt-six à vingt-huit ans, brune, petite, rose, potelée, et vêtue avec ce laisser aller de bon goût, cette exquise simplicité, qui trahit la Parisienne en province.
La journée avait été belle, le soir était délicieux.
Ce n’était point encore l’été, ce n’était pas même le printemps, mais ce n’était plus l’hiver : on eût dit un jour de transition, une heure intermédiaire entre le dernier frisson de mars et la première moiteur de mai.
Quelques bourgeons commençaient à poindre parmi les jeunes pousses des arbres et les haies déjà vertes, les ruisseaux avaient brisé leur carapace de glaçons et coulaient sous l’herbe naissante et drue en reprenant ce refrain vague et murmurant que la première gelée de l’âpre bise de décembre avaient subitement éteint, ainsi qu’au cri sinistre du vautour qui plane, la fauvette du buisson, berçant ses oisillons de ses notes perlées, se tait et demeure immobile et tremblante. Une gaze bleuâtre léchait déjà les contours des coteaux lointains ; le ciel avait perdu ce ton gris et terne de l’hiver, pour revêtir sa robe d’azur, et sourire aux rayons d’or du soleil ; – le couchant, prêt à recevoir le dernier soupir de l’astre-roi, avait revêtu de belles teintes de pourpre irisées d’opale, et la monotone et pieuse chanson de la nuit qui était proche élevait de la terre au firmament le premier accord de ce concert immense que les champs donnent à Dieu chaque soir avant de s’endormir, par les mille voix de la brise des arbres, des laboureurs et des troupeaux....
Extrait: Tout s’enchaîne dans la vie :
La jeunesse qui en est le point de départ, a sur elle une despotique influence, et les actions du premier âge servent de guide inflexible aux âges suivants.
L’avenir se modifie, subit mille métamorphoses ; qu’importe ! Il arrive toujours une heure où l’anneau de fer du passé se fait sentir d’une manière inexorable.
Le but de notre livre est dans ces quelques mots, et nous avons tenu à prouver une vérité terrible : c’est que les jours éteints exercent une domination fatale sur les jours à venir.
En politique, c’est l’histoire des peuples ;
En philosophie, l’histoire des hommes ;
En morale et en amour, l’histoire des femmes.
Un soir d’avril de l’année 1843, une berline de voyage roulait en plein pays nivernais, en amont de la Nièvre.
La capote était rejetée en arrière, les glaces baissées, et la berline ne renfermait pour tout voyageur qu’une jeune femme de vingt-six à vingt-huit ans, brune, petite, rose, potelée, et vêtue avec ce laisser aller de bon goût, cette exquise simplicité, qui trahit la Parisienne en province.
La journée avait été belle, le soir était délicieux.
Ce n’était point encore l’été, ce n’était pas même le printemps, mais ce n’était plus l’hiver : on eût dit un jour de transition, une heure intermédiaire entre le dernier frisson de mars et la première moiteur de mai.
Quelques bourgeons commençaient à poindre parmi les jeunes pousses des arbres et les haies déjà vertes, les ruisseaux avaient brisé leur carapace de glaçons et coulaient sous l’herbe naissante et drue en reprenant ce refrain vague et murmurant que la première gelée de l’âpre bise de décembre avaient subitement éteint, ainsi qu’au cri sinistre du vautour qui plane, la fauvette du buisson, berçant ses oisillons de ses notes perlées, se tait et demeure immobile et tremblante. Une gaze bleuâtre léchait déjà les contours des coteaux lointains ; le ciel avait perdu ce ton gris et terne de l’hiver, pour revêtir sa robe d’azur, et sourire aux rayons d’or du soleil ; – le couchant, prêt à recevoir le dernier soupir de l’astre-roi, avait revêtu de belles teintes de pourpre irisées d’opale, et la monotone et pieuse chanson de la nuit qui était proche élevait de la terre au firmament le premier accord de ce concert immense que les champs donnent à Dieu chaque soir avant de s’endormir, par les mille voix de la brise des arbres, des laboureurs et des troupeaux....