Author: | Alexandre Dumas | ISBN: | 1230000673617 |
Publisher: | Consumer Oriented Ebooks Publisher | Publication: | September 20, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Alexandre Dumas |
ISBN: | 1230000673617 |
Publisher: | Consumer Oriented Ebooks Publisher |
Publication: | September 20, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
Le voyageur qui, pour ses affaires ou pour son plaisir, venait, vers la
fin de l'an de grâce 1628, passer quelques jours dans la capitale du
royaume des Lys, comme on disait poétiquement à cette époque, pouvait
avec certitude s'arrêter, recommandé ou non, à l'hôtellerie de _la Barbe
Peinte_, située rue de _l'Homme-Armé_; il était sûr d'y trouver, chez
maître Soleil, bon visage, bonne table et bon gîte.
Il n'y avait point à s'y tromper d'ailleurs; à part un ignoble cabaret
qui faisait le coin de la rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, et qui,
remontant au plus obscur moyen-âge, avait, par son enseigne,
représentant un homme armé, donné son nom à cette ruelle, qui ne compte
encore aujourd'hui que cinq numéros impairs et quatre numéros pairs,
l'hôtellerie dans laquelle nous allons introduire nos lecteurs tenait
une place trop importante, et attirait les chalands par une trop
majestueuse inscription pour qu'un voyageur, quel qu'il fût, eût l'idée
d'aller plus loin, une fois qu'il était arrivé en face d'elle.
En effet, outre le carré de fer-blanc, orné de découpures à jour, qui
grinçait au moindre vent, au bout d'une tringle terminée par un
croissant doré, carré de fer-blanc qui représentait le Grand-Turc, orné
d'une barbe du ponceau le plus éclatant, ce qui justifiait ce nom
étrange de l'_hôtellerie de la Barbe Peinte_, on pouvait, sur la façade
de la maison et au-dessus de la porte d'entrée, lire le rébus suivant:
Ce qui signifiait, en adjoignant l'enseigne à l'inscription, et en ne
faisant qu'un des deux:
A LA BARBE PEINTE
SOLEIL
LOGE A PIED ET A CHEVAL.
L'enseigne de la _Barbe Peinte_ pouvait rivaliser d'ancienneté avec
celle de l'_Homme-Armé_, mais nous devons avouer en notre qualité de
romancier, qui nous impose, à l'endroit de la vérité, des devoirs
auxquels ne s'astreignent pas toujours les historiens, que l'inscription
était toute moderne.
Il y avait deux ans à peine que l'ancien aubergiste, avantageusement
connu sous les noms et prénoms de: Claude-Cyprien Mélangeois,--avait,
pour la somme de mille pistoles, cédé son établissement à maître
Blaise-Guillaume Soleil, son nouveau propriétaire; or, ce nouveau
propriétaire, sans respect pour les droits séculaires des hirondelles,
qui faisaient leurs nids à l'extérieur, et des araignées qui tissaient
leurs toiles à l'intérieur, avait, à peine l'acte de vente passé, appelé
les peintres et les tapissiers, fait gratter la façade, fait meubler les
chambres de son hôtellerie et fait tracer enfin, aux regards éblouis de
ses voisins, qui se demandaient où maître Soleil pouvait prendre tout
l'argent qu'il dépensait, le pompeux rébus que nous avons eu l'honneur
d'expliquer plus haut à nos lecteurs, non point, Dieu nous en garde, par
doute de leur intelligence, mais par le désir, tout égoïste, de ne pas
les voir, pour faire une recherche dont nous pouvions leur épargner la
peine, s'arrêter inutilement au commencement de notre récit.
Le voyageur qui, pour ses affaires ou pour son plaisir, venait, vers la
fin de l'an de grâce 1628, passer quelques jours dans la capitale du
royaume des Lys, comme on disait poétiquement à cette époque, pouvait
avec certitude s'arrêter, recommandé ou non, à l'hôtellerie de _la Barbe
Peinte_, située rue de _l'Homme-Armé_; il était sûr d'y trouver, chez
maître Soleil, bon visage, bonne table et bon gîte.
Il n'y avait point à s'y tromper d'ailleurs; à part un ignoble cabaret
qui faisait le coin de la rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, et qui,
remontant au plus obscur moyen-âge, avait, par son enseigne,
représentant un homme armé, donné son nom à cette ruelle, qui ne compte
encore aujourd'hui que cinq numéros impairs et quatre numéros pairs,
l'hôtellerie dans laquelle nous allons introduire nos lecteurs tenait
une place trop importante, et attirait les chalands par une trop
majestueuse inscription pour qu'un voyageur, quel qu'il fût, eût l'idée
d'aller plus loin, une fois qu'il était arrivé en face d'elle.
En effet, outre le carré de fer-blanc, orné de découpures à jour, qui
grinçait au moindre vent, au bout d'une tringle terminée par un
croissant doré, carré de fer-blanc qui représentait le Grand-Turc, orné
d'une barbe du ponceau le plus éclatant, ce qui justifiait ce nom
étrange de l'_hôtellerie de la Barbe Peinte_, on pouvait, sur la façade
de la maison et au-dessus de la porte d'entrée, lire le rébus suivant:
Ce qui signifiait, en adjoignant l'enseigne à l'inscription, et en ne
faisant qu'un des deux:
A LA BARBE PEINTE
SOLEIL
LOGE A PIED ET A CHEVAL.
L'enseigne de la _Barbe Peinte_ pouvait rivaliser d'ancienneté avec
celle de l'_Homme-Armé_, mais nous devons avouer en notre qualité de
romancier, qui nous impose, à l'endroit de la vérité, des devoirs
auxquels ne s'astreignent pas toujours les historiens, que l'inscription
était toute moderne.
Il y avait deux ans à peine que l'ancien aubergiste, avantageusement
connu sous les noms et prénoms de: Claude-Cyprien Mélangeois,--avait,
pour la somme de mille pistoles, cédé son établissement à maître
Blaise-Guillaume Soleil, son nouveau propriétaire; or, ce nouveau
propriétaire, sans respect pour les droits séculaires des hirondelles,
qui faisaient leurs nids à l'extérieur, et des araignées qui tissaient
leurs toiles à l'intérieur, avait, à peine l'acte de vente passé, appelé
les peintres et les tapissiers, fait gratter la façade, fait meubler les
chambres de son hôtellerie et fait tracer enfin, aux regards éblouis de
ses voisins, qui se demandaient où maître Soleil pouvait prendre tout
l'argent qu'il dépensait, le pompeux rébus que nous avons eu l'honneur
d'expliquer plus haut à nos lecteurs, non point, Dieu nous en garde, par
doute de leur intelligence, mais par le désir, tout égoïste, de ne pas
les voir, pour faire une recherche dont nous pouvions leur épargner la
peine, s'arrêter inutilement au commencement de notre récit.