Author: | Armand Silvestre | ISBN: | 1230000277717 |
Publisher: | JCA | Publication: | October 31, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Armand Silvestre |
ISBN: | 1230000277717 |
Publisher: | JCA |
Publication: | October 31, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
C’est un beau pays que celui de Touraine, où, autrefois comme aujourd’hui, les braves gens aimaient à humer à même au pot, pendant les chaudes journées d’août, sous l’ombre des grands arbres, égayés par la claire musique des grillons, non pas seuls au moins, mais par couples amoureux, et chacun tenant sa chacune enlacée. Ainsi passaient-ils joyeusement la canicule, sous le règne du bon roi Louis le Onzième, dont Dieu ait l’âme, à moins que le diable ne l’ait réclamée comme sienne. Ah ! le vieil hypocrite roi que la dévotionn’empêchait de faire mille villenies et cruautés ! Mais il n’en eût pas fallu parler ainsi devant maître Guillaume Bignolet, tanneur de son état, lequel exerçait sa puante industrie dans la bonne ville de Chinon, non plus que devant sa femme Mathurine, une robuste commère aux cheveux flambants comme un feu de la Saint-Jean. Car tous deux aimaient fort ce prince cauteleux, pour ce qu’il abattait l’orgueil de la noblesse et encageait les cardinaux comme de simples dindons. Il les fallait entendre discourir sur les mérites de ce monarque, les soirs d’hiver, en mangeant des châtaignes qu’ils arrosaient de vin blanc de la contrée, lequel est bien le plus traître gaillard que je connaisse, et vous heurte la tête comme le maillet de fer dont on abat les bœufs. En quoi ils étaient constamment contredits par le voisin Mathieu Clignebourde, lequel aimait fort médire du gouvernement ...
C’est un beau pays que celui de Touraine, où, autrefois comme aujourd’hui, les braves gens aimaient à humer à même au pot, pendant les chaudes journées d’août, sous l’ombre des grands arbres, égayés par la claire musique des grillons, non pas seuls au moins, mais par couples amoureux, et chacun tenant sa chacune enlacée. Ainsi passaient-ils joyeusement la canicule, sous le règne du bon roi Louis le Onzième, dont Dieu ait l’âme, à moins que le diable ne l’ait réclamée comme sienne. Ah ! le vieil hypocrite roi que la dévotionn’empêchait de faire mille villenies et cruautés ! Mais il n’en eût pas fallu parler ainsi devant maître Guillaume Bignolet, tanneur de son état, lequel exerçait sa puante industrie dans la bonne ville de Chinon, non plus que devant sa femme Mathurine, une robuste commère aux cheveux flambants comme un feu de la Saint-Jean. Car tous deux aimaient fort ce prince cauteleux, pour ce qu’il abattait l’orgueil de la noblesse et encageait les cardinaux comme de simples dindons. Il les fallait entendre discourir sur les mérites de ce monarque, les soirs d’hiver, en mangeant des châtaignes qu’ils arrosaient de vin blanc de la contrée, lequel est bien le plus traître gaillard que je connaisse, et vous heurte la tête comme le maillet de fer dont on abat les bœufs. En quoi ils étaient constamment contredits par le voisin Mathieu Clignebourde, lequel aimait fort médire du gouvernement ...