Author: | Vsevolod Garchine | ISBN: | 1230000253489 |
Publisher: | NA | Publication: | July 19, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Vsevolod Garchine |
ISBN: | 1230000253489 |
Publisher: | NA |
Publication: | July 19, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait: IL y avait une fois une rose et un crapaud.
Le rosier sur lequel la rose venait de s’ouvrir avait poussé dans un jardinet qui s’étendait en demi-cercle de-vant une maison de campagne. Ce jardin était abandon-né ; les mauvaises herbes avaient envahi les antiques plates-bandes et les sentiers que personne n’entretenait plus. La grille en bois, faite de barreaux taillés en fer de lance, avait été jadis peinte en vert, mais là aussi le temps avait fait son œuvre : la couleur avait passé, les gamins du village avaient arraché les lances pour jouer aux soldats, et les paysans avaient fait le reste, enlevant les derniers barreaux pour se défendre contre le vieux chien Barbosse, qui était méchant.
Mais cette décadence ne nuisait pas au jardinet : les montants de la grille étaient enveloppés de houblons qui retombaient en masses vert pâle, étoilées çà et là de fleurs lilas ; des liserons, aux grandes fleurs blanches, s’y épanouissaient, et les chardons prospéraient si bien dans le terreau du parterre, qu’ils en prenaient presque des proportions d’arbustes ; les plantes de bonhomme pous-saient, plus raides et plus droites, leurs tiges fleuries ; les orties avaient envahi tout un coin du jardin ; sans doute elles piquaient encore, mais de loin elles faisaient un beau fond de verdure sombre aux couleurs pâles et déli-cates d’une rose épanouie.
C’était par une radieuse matinée de mai qu’elle avait entr’ouvert son calice ; la rosée y avait laissé quelques larmes transparentes : la rose semblait pleurer.
Extrait: IL y avait une fois une rose et un crapaud.
Le rosier sur lequel la rose venait de s’ouvrir avait poussé dans un jardinet qui s’étendait en demi-cercle de-vant une maison de campagne. Ce jardin était abandon-né ; les mauvaises herbes avaient envahi les antiques plates-bandes et les sentiers que personne n’entretenait plus. La grille en bois, faite de barreaux taillés en fer de lance, avait été jadis peinte en vert, mais là aussi le temps avait fait son œuvre : la couleur avait passé, les gamins du village avaient arraché les lances pour jouer aux soldats, et les paysans avaient fait le reste, enlevant les derniers barreaux pour se défendre contre le vieux chien Barbosse, qui était méchant.
Mais cette décadence ne nuisait pas au jardinet : les montants de la grille étaient enveloppés de houblons qui retombaient en masses vert pâle, étoilées çà et là de fleurs lilas ; des liserons, aux grandes fleurs blanches, s’y épanouissaient, et les chardons prospéraient si bien dans le terreau du parterre, qu’ils en prenaient presque des proportions d’arbustes ; les plantes de bonhomme pous-saient, plus raides et plus droites, leurs tiges fleuries ; les orties avaient envahi tout un coin du jardin ; sans doute elles piquaient encore, mais de loin elles faisaient un beau fond de verdure sombre aux couleurs pâles et déli-cates d’une rose épanouie.
C’était par une radieuse matinée de mai qu’elle avait entr’ouvert son calice ; la rosée y avait laissé quelques larmes transparentes : la rose semblait pleurer.