Author: | Charles Le Goffic | ISBN: | 1230001215823 |
Publisher: | E H | Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Charles Le Goffic |
ISBN: | 1230001215823 |
Publisher: | E H |
Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
La mer montait ; les premières barques embouquaient la passe de Morvic. Elles se touchaient presque et les pêcheurs s’interpellaient d’un bord à l’autre.
— Tiens, dit un mousse, Coupaïa !
Et levant son bonnet dans la direction de Morvic :
— Hé ! Coupaïa ! Coupaïa !…
— Laisse-la donc, dit un pêcheur. Tu ne vois pas qu’elle fait sa « guette »…
— Elle a le temps d’espérer, répliqua le mousse. Yves-Marie n’est pas encore rentré, s’il a trouvé quelqu’un pour lui payer la goutte… Hé ! Coupaïa ! Coupaïa !…
Soit que le vent ne portât pas jusqu’à elle, soit que son attention fût occupée autre part, la guetteuse ne se détourna point. Elle se tenait droite sur le pas de sa porte, la main en abat-jour devant les yeux, et regardait tantôt vers la côte, tantôt vers la grève. Il était environ dix heures du matin. La mer gagnait vite ; quelques minutes encore et elle franchirait la chaussée de galets qui, aux basses eaux, rattache Morvic au continent.
— Ah ! Va Doué [1] ! murmura la femme, il sera resté à boire…
Mais tout à coup ses mains tremblèrent ; elle s’adossa contre la porte. Elle haletait et dans sa face sèche et noire ses petits yeux gris luisaient comme des tisons.
— Ah ! Va Doué ! Va Doué ! Si son frère avait pu lui refuser du pain !…
Une vague plus haute couvrit la chaussée ; la côte demeurait vide et la femme rentra...
La mer montait ; les premières barques embouquaient la passe de Morvic. Elles se touchaient presque et les pêcheurs s’interpellaient d’un bord à l’autre.
— Tiens, dit un mousse, Coupaïa !
Et levant son bonnet dans la direction de Morvic :
— Hé ! Coupaïa ! Coupaïa !…
— Laisse-la donc, dit un pêcheur. Tu ne vois pas qu’elle fait sa « guette »…
— Elle a le temps d’espérer, répliqua le mousse. Yves-Marie n’est pas encore rentré, s’il a trouvé quelqu’un pour lui payer la goutte… Hé ! Coupaïa ! Coupaïa !…
Soit que le vent ne portât pas jusqu’à elle, soit que son attention fût occupée autre part, la guetteuse ne se détourna point. Elle se tenait droite sur le pas de sa porte, la main en abat-jour devant les yeux, et regardait tantôt vers la côte, tantôt vers la grève. Il était environ dix heures du matin. La mer gagnait vite ; quelques minutes encore et elle franchirait la chaussée de galets qui, aux basses eaux, rattache Morvic au continent.
— Ah ! Va Doué [1] ! murmura la femme, il sera resté à boire…
Mais tout à coup ses mains tremblèrent ; elle s’adossa contre la porte. Elle haletait et dans sa face sèche et noire ses petits yeux gris luisaient comme des tisons.
— Ah ! Va Doué ! Va Doué ! Si son frère avait pu lui refuser du pain !…
Une vague plus haute couvrit la chaussée ; la côte demeurait vide et la femme rentra...