Author: | Judith Gautier | ISBN: | 1230000284341 |
Publisher: | JCA | Publication: | December 6, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Judith Gautier |
ISBN: | 1230000284341 |
Publisher: | JCA |
Publication: | December 6, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
Nul n’ignore que si l’ombre d’un homme prend la forme d’un dragon qui suit humblement les pas de son maître, cet homme tiendra un jour dans sa main la poignée de jade du sceptre impérial. Mais nulle bouche ne doit s’ouvrir pour révéler le miracle qu’ont vu les yeux ; car la destinée serait renversée et une nuée de malheurs descendrait du ciel.
C’était dans le grand champ de Chi-Tse-Po, à trente lis de Pei-King. Le vent de la troisième lune secouait les arbres, les arbres peu nombreux, car il n’y avait qu’un orme dans ce champ, à côté d’un néflier.
Vers l’orient s’élevaient les dix étages retroussés d’une pagode au delà de laquelle apparaissait une pagode encore, plus vague et plus lointaine. C’était tout ; l’œil pouvait s’emplir d’espace et arriver sans halte à la ligne vaporeuse et rose de l’horizon.
Sous le néflier un homme était assis, riant à la lumière qui blanchissait la plaine d’un bout à l’autre, sans intervalle ni hésitation, et parfois grelottant un peu malgré les trois robes somptueuses dont il était vêtu ; car le soleil des jours de printemps réchauffe beaucoup moins qu’il n’éclaire, et les retours de froidures sont les plus sensibles au corps, comme le reproche de celui qu’on croyait ami blesse le cœur plus douloureusement.
Nul n’ignore que si l’ombre d’un homme prend la forme d’un dragon qui suit humblement les pas de son maître, cet homme tiendra un jour dans sa main la poignée de jade du sceptre impérial. Mais nulle bouche ne doit s’ouvrir pour révéler le miracle qu’ont vu les yeux ; car la destinée serait renversée et une nuée de malheurs descendrait du ciel.
C’était dans le grand champ de Chi-Tse-Po, à trente lis de Pei-King. Le vent de la troisième lune secouait les arbres, les arbres peu nombreux, car il n’y avait qu’un orme dans ce champ, à côté d’un néflier.
Vers l’orient s’élevaient les dix étages retroussés d’une pagode au delà de laquelle apparaissait une pagode encore, plus vague et plus lointaine. C’était tout ; l’œil pouvait s’emplir d’espace et arriver sans halte à la ligne vaporeuse et rose de l’horizon.
Sous le néflier un homme était assis, riant à la lumière qui blanchissait la plaine d’un bout à l’autre, sans intervalle ni hésitation, et parfois grelottant un peu malgré les trois robes somptueuses dont il était vêtu ; car le soleil des jours de printemps réchauffe beaucoup moins qu’il n’éclaire, et les retours de froidures sont les plus sensibles au corps, comme le reproche de celui qu’on croyait ami blesse le cœur plus douloureusement.