Author: | Joséphine Colomb | ISBN: | 1230002537573 |
Publisher: | Paris : Hachette, 1910 | Publication: | September 8, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Joséphine Colomb |
ISBN: | 1230002537573 |
Publisher: | Paris : Hachette, 1910 |
Publication: | September 8, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait: On causait avec animation, à la veillée, chez le fermier Michel.
« Certainement ! certainement ! une bonne action porte toujours bonheur, d’abord.
— Ça se dit, mais ça n’est pas sûr.
— Oh ! est-il possible ! Vous n’avez donc pas de cœur, monsieur Lucas ? Envoyer ces pauvres enfants à l’hospice !
— Eh bien, madame Germaine, pour qui est-il fait, l’hospice ?
— Si on parlait de vous y envoyer, vous, quand vous serez vieux ?
— Oh ! moi, il n’y a pas de risque !
— Parce que vous avez de l’argent ; mais il y a bien. des vieux qui n’en ont pas et qu’on n’y envoie pas pour cela. Leurs enfants sont trop heureux de les garder, de les soigner, de les aimer, quoiqu’ils ne puissent plus se rendre utiles. Eh bien, les petits enfants, c’est la même chose ; ils gagneront leur vie plus tard ; en attendant, il faut les élever. Je vous demande un peu si cela mettra les gens du village dans la misère, de donner, chacun à son tour, une écuellée de soupe et un chiffon de pain à ces innocents !
— Permettez, madame Germaine ; je suis le maire de la commune, et je dois veiller aux intérêts de mes administrés. Trois enfants dont l’aîné n’a pas sept ans, c’est une lourde charge, voyez-vous. »
Germaine haussa les épaules.
« Belle charge ! comme s’il ne se perdait pas assez de morceaux de pain pour les nourrir et de vieilles nippes pour les habiller ! Et puis, l’aîné est très sage, on peut déjà lui donner des moutons à garder, avec un bon chien. En même temps il gardera sa petite sœur, qui ne gênera personne ; et quant au petit qui ne marche pas, je vous demande un peu quelle peine il donnera dans une maison ? Sa pauvre mère n’avait pas l’habitude de le dorloter ; elle le mettait par terre, il se promenait à quatre pattes et s’amusait tout seul : il continuera.
— Mais si ces enfants tournent mal en grandissant ? Pensez à la responsabilité, madame Germaine, à la responsabilité !
Extrait: On causait avec animation, à la veillée, chez le fermier Michel.
« Certainement ! certainement ! une bonne action porte toujours bonheur, d’abord.
— Ça se dit, mais ça n’est pas sûr.
— Oh ! est-il possible ! Vous n’avez donc pas de cœur, monsieur Lucas ? Envoyer ces pauvres enfants à l’hospice !
— Eh bien, madame Germaine, pour qui est-il fait, l’hospice ?
— Si on parlait de vous y envoyer, vous, quand vous serez vieux ?
— Oh ! moi, il n’y a pas de risque !
— Parce que vous avez de l’argent ; mais il y a bien. des vieux qui n’en ont pas et qu’on n’y envoie pas pour cela. Leurs enfants sont trop heureux de les garder, de les soigner, de les aimer, quoiqu’ils ne puissent plus se rendre utiles. Eh bien, les petits enfants, c’est la même chose ; ils gagneront leur vie plus tard ; en attendant, il faut les élever. Je vous demande un peu si cela mettra les gens du village dans la misère, de donner, chacun à son tour, une écuellée de soupe et un chiffon de pain à ces innocents !
— Permettez, madame Germaine ; je suis le maire de la commune, et je dois veiller aux intérêts de mes administrés. Trois enfants dont l’aîné n’a pas sept ans, c’est une lourde charge, voyez-vous. »
Germaine haussa les épaules.
« Belle charge ! comme s’il ne se perdait pas assez de morceaux de pain pour les nourrir et de vieilles nippes pour les habiller ! Et puis, l’aîné est très sage, on peut déjà lui donner des moutons à garder, avec un bon chien. En même temps il gardera sa petite sœur, qui ne gênera personne ; et quant au petit qui ne marche pas, je vous demande un peu quelle peine il donnera dans une maison ? Sa pauvre mère n’avait pas l’habitude de le dorloter ; elle le mettait par terre, il se promenait à quatre pattes et s’amusait tout seul : il continuera.
— Mais si ces enfants tournent mal en grandissant ? Pensez à la responsabilité, madame Germaine, à la responsabilité !