Le plus hardi des gueux

( Edition intégrale )

Fiction & Literature, Action Suspense, Literary, Romance
Cover of the book Le plus hardi des gueux by Alfred Assollant, Paris, E. Dentu, 1878
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Author: Alfred Assollant ISBN: 1230002327686
Publisher: Paris, E. Dentu, 1878 Publication: May 18, 2018
Imprint: Language: French
Author: Alfred Assollant
ISBN: 1230002327686
Publisher: Paris, E. Dentu, 1878
Publication: May 18, 2018
Imprint:
Language: French

Extrait :

Son père avait été pendu. Son grand-pere aussi. Quant à son bisaïeul, c’est autre chose ; il avait été tué dans une émeute que fit le peuple de Paris pour obtenir du pain à bon marché pendant une année de famine.
C’était comme un traité conclu depuis quatre-vingts ans entre cette famille et le gouvernement de Sa Majesté. Le roi fournissait la potence. La famille fournissait le pendu. De génération en génération les choses marchaient ainsi, à la satisfaction apparente des deux parties, et tout le quartier pensait que cet arrangement durerait jusqu’à la fin de la monarchie française, lorsque le fils et petit-fils de tous ces pendus, le mauvais garnement dont je parle, un beau soir du mois de mai 1765, comme j’étais debout à prendre le frais sur le seuil de ma boutique, s’avisa de passer devant moi et de me saluer en souriant d’un air de vieille connaissance.
Tout le monde sait que les épiciers sont polis, et je me flatte de ne pas l’être moins qu’aucun de la confrérie. Je ne crois pas avoir jamais oublié de dire : – « Et avec ça, monsieur, ou madame ou mademoiselle ? » suivant l’âge et le sexe, quand on vient m’acheter pour deux sous de poivre ou une chandelle des six. Je ne m’en vante pas, d’ailleurs. Etre poli envers la pratique, c’est l’A B c du métier, c’est ce qu’on doit enseigner aux petits épiciers en même temps que le catéchisme, ou pour mieux dire, quiconque voudrait être épicier sans être poli, ferait mieux de ne pas être épicier du tout.
Cependant, ce jour-là, un instinct secret m’empêcha de répondre au salut de ce garçon. Est-ce saint Théodore, mon patron, qui m’avertissait de détourner les yeux et de garder mes mains dans mes poches ? Je l’ignore. Mais je ne fis pas semblant d’avoir vu son coup de chapeau.
Ce n’est pas pourtant que le garçon fût désagréable à l’œil. Au contraire ! Il était tout jeune, – vingt ans à peine, – grand, un peu maigre, bien fait, leste, souriant, avec de fines moustaches noires et une épée au côté comme un gentilhomme. L’habit, sans être neuf ou magnifique, avait une apparence très-convenable et surtout il était relevé par une démarche de prince.
Je parle, bien entendu, des princes de l’ancien temps et non de ceux d’aujourd’hui qui ressemblent pour la plupart aux laquais de leurs mères.

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Extrait :

Son père avait été pendu. Son grand-pere aussi. Quant à son bisaïeul, c’est autre chose ; il avait été tué dans une émeute que fit le peuple de Paris pour obtenir du pain à bon marché pendant une année de famine.
C’était comme un traité conclu depuis quatre-vingts ans entre cette famille et le gouvernement de Sa Majesté. Le roi fournissait la potence. La famille fournissait le pendu. De génération en génération les choses marchaient ainsi, à la satisfaction apparente des deux parties, et tout le quartier pensait que cet arrangement durerait jusqu’à la fin de la monarchie française, lorsque le fils et petit-fils de tous ces pendus, le mauvais garnement dont je parle, un beau soir du mois de mai 1765, comme j’étais debout à prendre le frais sur le seuil de ma boutique, s’avisa de passer devant moi et de me saluer en souriant d’un air de vieille connaissance.
Tout le monde sait que les épiciers sont polis, et je me flatte de ne pas l’être moins qu’aucun de la confrérie. Je ne crois pas avoir jamais oublié de dire : – « Et avec ça, monsieur, ou madame ou mademoiselle ? » suivant l’âge et le sexe, quand on vient m’acheter pour deux sous de poivre ou une chandelle des six. Je ne m’en vante pas, d’ailleurs. Etre poli envers la pratique, c’est l’A B c du métier, c’est ce qu’on doit enseigner aux petits épiciers en même temps que le catéchisme, ou pour mieux dire, quiconque voudrait être épicier sans être poli, ferait mieux de ne pas être épicier du tout.
Cependant, ce jour-là, un instinct secret m’empêcha de répondre au salut de ce garçon. Est-ce saint Théodore, mon patron, qui m’avertissait de détourner les yeux et de garder mes mains dans mes poches ? Je l’ignore. Mais je ne fis pas semblant d’avoir vu son coup de chapeau.
Ce n’est pas pourtant que le garçon fût désagréable à l’œil. Au contraire ! Il était tout jeune, – vingt ans à peine, – grand, un peu maigre, bien fait, leste, souriant, avec de fines moustaches noires et une épée au côté comme un gentilhomme. L’habit, sans être neuf ou magnifique, avait une apparence très-convenable et surtout il était relevé par une démarche de prince.
Je parle, bien entendu, des princes de l’ancien temps et non de ceux d’aujourd’hui qui ressemblent pour la plupart aux laquais de leurs mères.

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