Author: | Honore de Balzac | ISBN: | 1230000578264 |
Publisher: | pb | Publication: | July 29, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Honore de Balzac |
ISBN: | 1230000578264 |
Publisher: | pb |
Publication: | July 29, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
Madame de Dey, veuve d’un lieutenant général, chevalier des ordres,
avait qui?é la cour au commencement de l’émigration. Possédant des
biens considérables aux environs de Carentan, elle s’y était réfugiée, en
espérant que l’influence de la terreur s’y ferait peu sentir. Ce calcul, fondé
sur une connaissance exacte du pays, était juste. La Révolution exerça peu
de ravages en Basse-Normandie. ?oique madame de Dey ne vît jadis que
les familles nobles du pays quand elle y venait visiter ses propriétés, elle
avait, par politique, ouvert sa maison aux principaux bourgeois de la ville
et aux nouvelles autorités, en s’efforçant de les rendre fiers de sa conquête,
sans réveiller chez eux ni haine ni jalousie. Gracieuse et bonne, douée de
ce?e inexprimable douceur qui sait plaire sans recourir à l’abaissement
ou à la prière, elle avait réussi à se concilier l’estime générale par un tact
exquis dont les sages avertissements lui perme?aient de se tenir sur la
ligne délicate où elle pouvait satisfaire aux exigences de ce?e société mêlée,
sans humilier le rétif amour-propre des parvenus, ni choquer celui de
ses anciens amis...
Madame de Dey, veuve d’un lieutenant général, chevalier des ordres,
avait qui?é la cour au commencement de l’émigration. Possédant des
biens considérables aux environs de Carentan, elle s’y était réfugiée, en
espérant que l’influence de la terreur s’y ferait peu sentir. Ce calcul, fondé
sur une connaissance exacte du pays, était juste. La Révolution exerça peu
de ravages en Basse-Normandie. ?oique madame de Dey ne vît jadis que
les familles nobles du pays quand elle y venait visiter ses propriétés, elle
avait, par politique, ouvert sa maison aux principaux bourgeois de la ville
et aux nouvelles autorités, en s’efforçant de les rendre fiers de sa conquête,
sans réveiller chez eux ni haine ni jalousie. Gracieuse et bonne, douée de
ce?e inexprimable douceur qui sait plaire sans recourir à l’abaissement
ou à la prière, elle avait réussi à se concilier l’estime générale par un tact
exquis dont les sages avertissements lui perme?aient de se tenir sur la
ligne délicate où elle pouvait satisfaire aux exigences de ce?e société mêlée,
sans humilier le rétif amour-propre des parvenus, ni choquer celui de
ses anciens amis...