Author: | Edmond About | ISBN: | 1230002460994 |
Publisher: | R.B. | Publication: | August 3, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Edmond About |
ISBN: | 1230002460994 |
Publisher: | R.B. |
Publication: | August 3, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait :
Le 3 juillet de cette année, vers six heures du matin, j’arrosais mes pétunias sans songer à mal, quand je vis entrer un grand jeune homme blond, imberbe, coiffé d’une casquette allemande et paré de lunettes d’or. Un ample paletot de lasting flottait mélancoliquement autour de sa personne, comme une voile le long d’un mât lorsque le vent vient à tomber. Il ne portait pas de gants ; ses souliers de cuir écru reposaient sur de puissantes semelles, si larges, que le pied était entouré d’un petit trottoir. Dans sa poche de côté, vers la région du cœur, une grande pipe de porcelaine se modelait en relief et dessinait vaguement son profil sous l’étoffe luisante. Je ne songeai pas même à demander à cet inconnu s’il avait fait ses études dans les universités d’Allemagne ; je déposai mon arrosoir, et je le saluai d’un beau : Guten Morgen.
« Monsieur, me dit-il en français, mais avec un accent déplorable, je m’appelle Hermann Schultz ; je viens de passer quelques mois en Grèce, et votre livre a voyagé partout avec moi. »
Cet exorde pénétra mon cœur d’une douce joie ; la voix de l’étranger me parut plus mélodieuse que la musique de Mozart, et je dirigeai vers ses lunettes d’or un regard étincelant de reconnaissance. Vous ne sauriez croire, ami lecteur, combien nous aimons ceux qui ont pris la peine de déchiffrer notre grimoire. Quant à moi, si j’ai jamais souhaité d’être riche, c’est pour assurer des rentes à tous ceux qui m’ont lu.
Extrait :
Le 3 juillet de cette année, vers six heures du matin, j’arrosais mes pétunias sans songer à mal, quand je vis entrer un grand jeune homme blond, imberbe, coiffé d’une casquette allemande et paré de lunettes d’or. Un ample paletot de lasting flottait mélancoliquement autour de sa personne, comme une voile le long d’un mât lorsque le vent vient à tomber. Il ne portait pas de gants ; ses souliers de cuir écru reposaient sur de puissantes semelles, si larges, que le pied était entouré d’un petit trottoir. Dans sa poche de côté, vers la région du cœur, une grande pipe de porcelaine se modelait en relief et dessinait vaguement son profil sous l’étoffe luisante. Je ne songeai pas même à demander à cet inconnu s’il avait fait ses études dans les universités d’Allemagne ; je déposai mon arrosoir, et je le saluai d’un beau : Guten Morgen.
« Monsieur, me dit-il en français, mais avec un accent déplorable, je m’appelle Hermann Schultz ; je viens de passer quelques mois en Grèce, et votre livre a voyagé partout avec moi. »
Cet exorde pénétra mon cœur d’une douce joie ; la voix de l’étranger me parut plus mélodieuse que la musique de Mozart, et je dirigeai vers ses lunettes d’or un regard étincelant de reconnaissance. Vous ne sauriez croire, ami lecteur, combien nous aimons ceux qui ont pris la peine de déchiffrer notre grimoire. Quant à moi, si j’ai jamais souhaité d’être riche, c’est pour assurer des rentes à tous ceux qui m’ont lu.