Author: | Delly | ISBN: | 9788829570737 |
Publisher: | Classica Libris | Publication: | December 9, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Delly |
ISBN: | 9788829570737 |
Publisher: | Classica Libris |
Publication: | December 9, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
L’invitation était faite avec une cordiale simplicité, et Emmanuel accepta sur le même ton.
Ils se séparèrent, Claire entrant dans un magasin proche de là. Parville continua sa route. Cette rencontre reportait sa pensée vers le drame intérieur qu’il avait soupçonné, derrière la banale raison donnée par les deux époux, quand ils avaient annoncé à leurs proches et à leurs amis cette séparation à l’amiable qui semblait laisser la porte ouverte pour une éventuelle réconciliation. « Nos caractères, nos goûts ne s’accordent en aucune façon, et pour ne pas arriver à nous détester, nous aimons mieux vivre chacun de notre côté, à notre guise. » Personne, à vrai dire, n’était guère dupe du motif ainsi donné – Emmanuel moins que tout autre. Il connaissait trop bien son cousin pour n’avoir pas prévu que ce mariage finirait par quelque désastre. Mariage d’amour, cependant, de part et d’autre. Ils s’étaient connus deux ans après la guerre, dans un hôtel de Biarritz. Claire avait plu aussitôt à Flavio et il lui avait fait la cour sous l’œil indulgent de Madame Dumayet, à laquelle il convenait fort d’avoir pour gendre ce jeune homme riche et de bonne famille. Lui, tout d’abord, n’avait aucune idée de mariage. Mais son expérience des femmes était déjà suffisante pour lui faire comprendre que cette jeune fille, si éprise qu’elle fût, était d’âme assez forte pour ne pas lui appartenir autrement. Et après tout, qu’importaient les promesses conjugales ? Plumes qu’emporte le vent de la fantaisie, pour un Flavio Salvi. Il aimait à ce mo-ment-là cette jolie Claire, fine, élégante, dont il avait su prendre le cœur ardent, le cœur confiant. Il devait l’aimer quelques mois encore, puis d’autres passions avaient fait rentrer celle-là dans le néant. Telle était la nature de cet homme : inconstance, désir de sensations nouvelles, incroyable capacité d’oubli, d’égoïsme, de cruauté morale – en amour du moins. Car il avait été bon fils et, à sa manière indolente et sans élan, il était un ami sûr. Mais pour ce subtil séducteur qui rencontrait peu de résistance, l’amour représentait une suite de fantaisies, des coups de passion, et Claire non plus que d’autres ne pouvait obtenir d’attachement durable.
L’invitation était faite avec une cordiale simplicité, et Emmanuel accepta sur le même ton.
Ils se séparèrent, Claire entrant dans un magasin proche de là. Parville continua sa route. Cette rencontre reportait sa pensée vers le drame intérieur qu’il avait soupçonné, derrière la banale raison donnée par les deux époux, quand ils avaient annoncé à leurs proches et à leurs amis cette séparation à l’amiable qui semblait laisser la porte ouverte pour une éventuelle réconciliation. « Nos caractères, nos goûts ne s’accordent en aucune façon, et pour ne pas arriver à nous détester, nous aimons mieux vivre chacun de notre côté, à notre guise. » Personne, à vrai dire, n’était guère dupe du motif ainsi donné – Emmanuel moins que tout autre. Il connaissait trop bien son cousin pour n’avoir pas prévu que ce mariage finirait par quelque désastre. Mariage d’amour, cependant, de part et d’autre. Ils s’étaient connus deux ans après la guerre, dans un hôtel de Biarritz. Claire avait plu aussitôt à Flavio et il lui avait fait la cour sous l’œil indulgent de Madame Dumayet, à laquelle il convenait fort d’avoir pour gendre ce jeune homme riche et de bonne famille. Lui, tout d’abord, n’avait aucune idée de mariage. Mais son expérience des femmes était déjà suffisante pour lui faire comprendre que cette jeune fille, si éprise qu’elle fût, était d’âme assez forte pour ne pas lui appartenir autrement. Et après tout, qu’importaient les promesses conjugales ? Plumes qu’emporte le vent de la fantaisie, pour un Flavio Salvi. Il aimait à ce mo-ment-là cette jolie Claire, fine, élégante, dont il avait su prendre le cœur ardent, le cœur confiant. Il devait l’aimer quelques mois encore, puis d’autres passions avaient fait rentrer celle-là dans le néant. Telle était la nature de cet homme : inconstance, désir de sensations nouvelles, incroyable capacité d’oubli, d’égoïsme, de cruauté morale – en amour du moins. Car il avait été bon fils et, à sa manière indolente et sans élan, il était un ami sûr. Mais pour ce subtil séducteur qui rencontrait peu de résistance, l’amour représentait une suite de fantaisies, des coups de passion, et Claire non plus que d’autres ne pouvait obtenir d’attachement durable.