Author: | Alfred Fouillée | ISBN: | 1230001495553 |
Publisher: | Alfred Fouillée | Publication: | January 6, 2017 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Alfred Fouillée |
ISBN: | 1230001495553 |
Publisher: | Alfred Fouillée |
Publication: | January 6, 2017 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
Ce n’est point un vain orgueil national, c’est une légitime ambition qui fait que chaque peuple, par ses savans et ses philosophes, prétend avoir contribué pour la meilleure part au mouvement d’idées qui emporte le monde. — « Votre nation, disait Hegel à Victor Cousin, a fait assez pour la philosophie en lui donnant Descartes. » — Et il écrivait dans son histoire de la philosophie ; — « Descartes est le vrai fondateur de la philosophie moderne, en tant qu’elle prend la pensée pour principe. L’action de cet homme sur son siècle et sur les temps nouveaux ne sera jamais exagérée. C’est un héros ; il a repris les choses par les commencemens. » — Faut-il encore citer le témoignage des étrangers, moins suspect peut-être que celui des compatriotes de Descartes ? Selon un des premiers savans de l’Angleterre, Huxley, il y a deux sortes de grands hommes : les uns sont des miroirs vivans de leur époque, et, comme on l’a dit de Voltaire, expriment mieux que personne les pensées de tout le monde ; d’autres, bien plus grands, expriment les pensées qui, deux ou trois siècles plus tard, seront les pensées de tous : « C’est un de ceux-ci que fut Descartes. Considérez n’importe laquelle parmi les plus capitales productions des temps modernes, soit dans la science, soit dans la philosophie, vous trouverez que le fond de l’idée, sinon la forme même, fut présent à l’esprit du philosophe. »
Si c’est pour un peuple une condition de vitalité que d’avoir le culte de ses gloires et de retremper sans cesse son génie dans les œuvres de ses grands hommes, la France ne saurait trop souvent reporter ses souvenirs vers celui qui, dans le domaine de la pensée, lut peut-être le plus grand de tous les Français. Supposez que Descartes fût né en Allemagne ; on célébrerait son centenaire par des fêtes triomphales, comme on y célèbre Leibniz et Kant. Les commentaires de son œuvre, sans cesse renaissans, y formeraient, comme ceux de l’œuvre kantienne, une véritable bibliothèque. En un mot, il continuerait d’être un des perpétuels éducateurs et initiateurs de l’esprit national.
EXTRAIT:
Ce n’est point un vain orgueil national, c’est une légitime ambition qui fait que chaque peuple, par ses savans et ses philosophes, prétend avoir contribué pour la meilleure part au mouvement d’idées qui emporte le monde. — « Votre nation, disait Hegel à Victor Cousin, a fait assez pour la philosophie en lui donnant Descartes. » — Et il écrivait dans son histoire de la philosophie ; — « Descartes est le vrai fondateur de la philosophie moderne, en tant qu’elle prend la pensée pour principe. L’action de cet homme sur son siècle et sur les temps nouveaux ne sera jamais exagérée. C’est un héros ; il a repris les choses par les commencemens. » — Faut-il encore citer le témoignage des étrangers, moins suspect peut-être que celui des compatriotes de Descartes ? Selon un des premiers savans de l’Angleterre, Huxley, il y a deux sortes de grands hommes : les uns sont des miroirs vivans de leur époque, et, comme on l’a dit de Voltaire, expriment mieux que personne les pensées de tout le monde ; d’autres, bien plus grands, expriment les pensées qui, deux ou trois siècles plus tard, seront les pensées de tous : « C’est un de ceux-ci que fut Descartes. Considérez n’importe laquelle parmi les plus capitales productions des temps modernes, soit dans la science, soit dans la philosophie, vous trouverez que le fond de l’idée, sinon la forme même, fut présent à l’esprit du philosophe. »
Si c’est pour un peuple une condition de vitalité que d’avoir le culte de ses gloires et de retremper sans cesse son génie dans les œuvres de ses grands hommes, la France ne saurait trop souvent reporter ses souvenirs vers celui qui, dans le domaine de la pensée, lut peut-être le plus grand de tous les Français. Supposez que Descartes fût né en Allemagne ; on célébrerait son centenaire par des fêtes triomphales, comme on y célèbre Leibniz et Kant. Les commentaires de son œuvre, sans cesse renaissans, y formeraient, comme ceux de l’œuvre kantienne, une véritable bibliothèque. En un mot, il continuerait d’être un des perpétuels éducateurs et initiateurs de l’esprit national.