Author: | Julie Gouraud | ISBN: | 1230003096444 |
Publisher: | Paris L. Hachette et Cie. 1868 | Publication: | February 22, 2019 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Julie Gouraud |
ISBN: | 1230003096444 |
Publisher: | Paris L. Hachette et Cie. 1868 |
Publication: | February 22, 2019 |
Imprint: | |
Language: | French |
L’écolier qui apprend la géographie ne se doute pas de la beauté des pays qu’il désigne du bout du doigt sur la carte. Il n’ignore pas toutefois que la Suisse est un pays très pittoresque et visité chaque année par de nombreux voyageurs ; et il s’est peut-être dit : « Quand je serai grand, j’irai en Suisse ; je verrai des montagnes, des prairies et des chalets, des lacs, des glaciers et des précipices. »
Ces excursions, si à la mode de nos jours, ne peuvent s’accomplir sans l’assistance d’un guide, d’un homme qui connaît parfaitement le pays, qui sait où le voyageur peut aller et où il ne doit pas se hasarder.
Le guide habitué aux dangers de tout genre, ayant acquis l’expérience nécessaire aux autres, en s’exposant lui-même, passe une partie de son existence en courses toujours fatigantes et dangereuses. N’importe, il aime cette vie errante et difficile. Il revient au village fier de ses exploits ; se repose et part encore.
Autrefois les voyageurs n’étaient pas aussi nombreux qu’ils le sont aujourd’hui, et les guides étaient plus rares. Parmi ces hommes énergiques et courageux, Franz Müller se faisait remarquer entre tous. Fort, intelligent, il avait pris le métier de son père qui avait échappé à la catastrophe du village de Goldau. Que de fois le vieux Müller avait raconté cet événement à son fils, et Franz l’avait aussi raconté à tous ceux qui avaient voulu l’entendre ! Un soir, il y a de cela soixante ans, vers cinq heures, les habitants de Goldau entendirent un craquement terrible ; tous se précipitèrent dehors pour se rendre compte de ce bruit sinistre, et ils virent le Rufiberg, montagne qui s’élève en face de la vallée, se mouvoir comme un géant qui voudrait essayer ses forces ; les sapins que portait sa tête tremblaient. On sonne le tocsin dont la voix est dominée par les cris d’une population saisie d’horreur et d’effroi. Hommes et femmes se précipitent dans l’église. On n’entend que pleurs et gémissements ; les femmes cherchent une vaine protection près de leurs maris, elles pressent leurs enfants sur leur sein. Hélas ! une masse de rocs longue de plus d’une lieue se détache de la montagne, entraîne, brise avec elle les arbres qu’elle rencontre sur son passage, et tombe en écrasant le village et ses habitants. Le guide Müller qui avait échappé, par son absence, à une mort certaine, se retira à Schwytz.
L’écolier qui apprend la géographie ne se doute pas de la beauté des pays qu’il désigne du bout du doigt sur la carte. Il n’ignore pas toutefois que la Suisse est un pays très pittoresque et visité chaque année par de nombreux voyageurs ; et il s’est peut-être dit : « Quand je serai grand, j’irai en Suisse ; je verrai des montagnes, des prairies et des chalets, des lacs, des glaciers et des précipices. »
Ces excursions, si à la mode de nos jours, ne peuvent s’accomplir sans l’assistance d’un guide, d’un homme qui connaît parfaitement le pays, qui sait où le voyageur peut aller et où il ne doit pas se hasarder.
Le guide habitué aux dangers de tout genre, ayant acquis l’expérience nécessaire aux autres, en s’exposant lui-même, passe une partie de son existence en courses toujours fatigantes et dangereuses. N’importe, il aime cette vie errante et difficile. Il revient au village fier de ses exploits ; se repose et part encore.
Autrefois les voyageurs n’étaient pas aussi nombreux qu’ils le sont aujourd’hui, et les guides étaient plus rares. Parmi ces hommes énergiques et courageux, Franz Müller se faisait remarquer entre tous. Fort, intelligent, il avait pris le métier de son père qui avait échappé à la catastrophe du village de Goldau. Que de fois le vieux Müller avait raconté cet événement à son fils, et Franz l’avait aussi raconté à tous ceux qui avaient voulu l’entendre ! Un soir, il y a de cela soixante ans, vers cinq heures, les habitants de Goldau entendirent un craquement terrible ; tous se précipitèrent dehors pour se rendre compte de ce bruit sinistre, et ils virent le Rufiberg, montagne qui s’élève en face de la vallée, se mouvoir comme un géant qui voudrait essayer ses forces ; les sapins que portait sa tête tremblaient. On sonne le tocsin dont la voix est dominée par les cris d’une population saisie d’horreur et d’effroi. Hommes et femmes se précipitent dans l’église. On n’entend que pleurs et gémissements ; les femmes cherchent une vaine protection près de leurs maris, elles pressent leurs enfants sur leur sein. Hélas ! une masse de rocs longue de plus d’une lieue se détache de la montagne, entraîne, brise avec elle les arbres qu’elle rencontre sur son passage, et tombe en écrasant le village et ses habitants. Le guide Müller qui avait échappé, par son absence, à une mort certaine, se retira à Schwytz.