Author: | Carl Havelange | ISBN: | 9782821828698 |
Publisher: | Presses universitaires de Liège | Publication: | May 22, 2013 |
Imprint: | Presses universitaires de Liège | Language: | French |
Author: | Carl Havelange |
ISBN: | 9782821828698 |
Publisher: | Presses universitaires de Liège |
Publication: | May 22, 2013 |
Imprint: | Presses universitaires de Liège |
Language: | French |
Du XVIIIe au XXe siècle : plus de deux cents ans au cours desquels le monde s’est transformé, au cours desquels les générations qui nous précédèrent ont, sans toujours en avoir conscience, troqué les formes anciennes de la vie en société contre ce qu’il est convenu d’appeler la modernité. Plus de deux cents ans au cours desquels, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, le temps s’est accéléré et a accouché d’une société nouvelle dont les forces et les contradictions, les réussites et les échecs, déterminent aujourd’hui notre présence collective au monde. Nos actes les plus anodins, nos pensées les plus quotidiennes portent la trace et le poids de cette histoire. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, trente années de prospérité ont pu donner au monde occidental l’illusion éphémère d’une société radicalement autre, à jamais délivrée des contraintes du passé. Maintenant, plus de quinze ans après le déclenchement d’une crise au long terme qui révèle la fragilité et les incohérences de notre monde, nul n’est assez naïf pour croire encore au règne sans partage de la raison, du progrès, de l’égalité des chances, du bonheur. L’omniprésence de la guerre, la réapparition — en Occident — d’une pauvreté que l’on croyait presque disparue, l’enlisement du Tiers Monde, la violence toujours nous conduisent à plus d’humilité. Progrès, peut-être : mais celui-ci n’est au fond qu’une manière de saisir le temps, fragile comme l’instinct qui conduit chacun d’entre nous de l’heure de sa naissance à celle de sa mort. Raison, sans doute : mais celle-ci n’est qu’une abstraction transformée sans cesse au hasard des réalités dans lesquelles elle s’incarne. On commence à comprendre combien chaque chose est faite à la fois de son contraire et combien la compréhension du présent nous renvoie aux images du passé. Ces dogmes du Progrès et de la Raison — mythes fondateurs du monde contemporain — ne portaient-ils pas déjà, lorsqu’ils furent formulés au XVIIIe siècle, les mêmes enthousiasmes et les mêmes contradictions qu’aujourd’hui ?
Du XVIIIe au XXe siècle : plus de deux cents ans au cours desquels le monde s’est transformé, au cours desquels les générations qui nous précédèrent ont, sans toujours en avoir conscience, troqué les formes anciennes de la vie en société contre ce qu’il est convenu d’appeler la modernité. Plus de deux cents ans au cours desquels, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, le temps s’est accéléré et a accouché d’une société nouvelle dont les forces et les contradictions, les réussites et les échecs, déterminent aujourd’hui notre présence collective au monde. Nos actes les plus anodins, nos pensées les plus quotidiennes portent la trace et le poids de cette histoire. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, trente années de prospérité ont pu donner au monde occidental l’illusion éphémère d’une société radicalement autre, à jamais délivrée des contraintes du passé. Maintenant, plus de quinze ans après le déclenchement d’une crise au long terme qui révèle la fragilité et les incohérences de notre monde, nul n’est assez naïf pour croire encore au règne sans partage de la raison, du progrès, de l’égalité des chances, du bonheur. L’omniprésence de la guerre, la réapparition — en Occident — d’une pauvreté que l’on croyait presque disparue, l’enlisement du Tiers Monde, la violence toujours nous conduisent à plus d’humilité. Progrès, peut-être : mais celui-ci n’est au fond qu’une manière de saisir le temps, fragile comme l’instinct qui conduit chacun d’entre nous de l’heure de sa naissance à celle de sa mort. Raison, sans doute : mais celle-ci n’est qu’une abstraction transformée sans cesse au hasard des réalités dans lesquelles elle s’incarne. On commence à comprendre combien chaque chose est faite à la fois de son contraire et combien la compréhension du présent nous renvoie aux images du passé. Ces dogmes du Progrès et de la Raison — mythes fondateurs du monde contemporain — ne portaient-ils pas déjà, lorsqu’ils furent formulés au XVIIIe siècle, les mêmes enthousiasmes et les mêmes contradictions qu’aujourd’hui ?