Author: | Edmond About | ISBN: | 1230002999746 |
Publisher: | Paris : Hachette, 1868 | Publication: | December 20, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Edmond About |
ISBN: | 1230002999746 |
Publisher: | Paris : Hachette, 1868 |
Publication: | December 20, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
La fille du chanoine - Mainfroi - L'album du régiment - Étienne - Histoire d'un coq en pâte...
Voici dans quelle occasion cette histoire me fut contée par le plus honnête homme de Strasbourg. C’était l’hiver dernier ; nous allions faire en pays badois une de ces battues dont on rapporte un cent de lièvres au moins, sous peine de passer pour bredouille. Celui qui nous donnait cette fête et qui m’y conduisait dans sa voiture était le notaire Philippe-Auguste Riess ; il est mort cette semaine après une agonie de six mois, et la vieille ville démocratique le pleure. Tous ceux qui pensent librement, et il y en a beaucoup dans ce noble coin de la France, recherchaient ses conseils et suivaient ses exemples ; il exerçait amicalement sur ses égaux l’autorité que donne un bon sens infaillible doublé d’une irréprochable vertu. Aucune œuvre de bienfaisance intelligente ne fut entreprise sans son concours : il était l’âme de la digne et patriarcale cité. On ferait une république autrement belle qu’Athènes et Sparte, si l’on pouvait réunir un million d’hommes tels que lui. Ce citoyen de l’âge d’or n’affectait pas de dédaigner le présent ; sa tolérance s’étendait jusqu’aux œuvres de l’art et de la littérature contemporaine. Il allait au théâtre, il lisait tous nos livres, exaltait volontiers, ce qui lui semblait bon, et notait sans aigreur les défaillances publiques et privées.
La fille du chanoine - Mainfroi - L'album du régiment - Étienne - Histoire d'un coq en pâte...
Voici dans quelle occasion cette histoire me fut contée par le plus honnête homme de Strasbourg. C’était l’hiver dernier ; nous allions faire en pays badois une de ces battues dont on rapporte un cent de lièvres au moins, sous peine de passer pour bredouille. Celui qui nous donnait cette fête et qui m’y conduisait dans sa voiture était le notaire Philippe-Auguste Riess ; il est mort cette semaine après une agonie de six mois, et la vieille ville démocratique le pleure. Tous ceux qui pensent librement, et il y en a beaucoup dans ce noble coin de la France, recherchaient ses conseils et suivaient ses exemples ; il exerçait amicalement sur ses égaux l’autorité que donne un bon sens infaillible doublé d’une irréprochable vertu. Aucune œuvre de bienfaisance intelligente ne fut entreprise sans son concours : il était l’âme de la digne et patriarcale cité. On ferait une république autrement belle qu’Athènes et Sparte, si l’on pouvait réunir un million d’hommes tels que lui. Ce citoyen de l’âge d’or n’affectait pas de dédaigner le présent ; sa tolérance s’étendait jusqu’aux œuvres de l’art et de la littérature contemporaine. Il allait au théâtre, il lisait tous nos livres, exaltait volontiers, ce qui lui semblait bon, et notait sans aigreur les défaillances publiques et privées.