Les Messéniennes

Fiction & Literature, Poetry, Continental European
Cover of the book Les Messéniennes by Casimir Delavigne, Casimir Delavigne
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Author: Casimir Delavigne ISBN: 1230000221022
Publisher: Casimir Delavigne Publication: February 25, 2014
Imprint: Language: French
Author: Casimir Delavigne
ISBN: 1230000221022
Publisher: Casimir Delavigne
Publication: February 25, 2014
Imprint:
Language: French

EXTRAIT:

LIVRE I

La Bataille de Waterloo

Ils ne sont plus, laissez en paix leur cendre;

Par d’injustes clameurs ces braves outragés

À se justifier n’ont pas voulu descendre;

Mais un seul jour les a vengés :

Ils sont tous morts pour vous défendre.

Malheur à vous si vos yeux inhumains

N’ont point de pleurs pour la patrie !

Sans force contre vos chagrins,

Contre le mal commun votre ame est aguerrie;

Tremblez, la mort peut-être étend sur vous ses mains !

Que dis-je ? Quel français n’a répandu des larmes

Sur nos défenseurs expirans ?

Prêt à revoir les rois qu’il regretta vingt ans,

Quel vieillard n’a rougi du malheur de nos armes ?

En pleurant ces guerriers par le destin trahis,

Quel vieillard n’a senti s’éveiller dans son ame

Quelque reste assoupi de cette antique flamme

Qui l’embrasait pour son pays ?

Que de leçons, grand dieu ! Que d’horribles images

L’histoire d’un seul jour présente aux yeux des rois !

Clio, sans que la plume échappe de ses doigts,

Pourra-t-elle en tracer les pages ?

Cachez-moi ces soldats sous le nombre accablés,

Domptés par la fatigue, écrasés par la foudre,

Ces membres palpitans dispersés sur la poudre,

Ces cadavres amoncelés !

Eloignez de mes yeux ce monument funeste

De la fureur des nations;

Ô mort ! Epargne ce qui reste !

Varus, rends-nous nos légions !

Les coursiers frappés d’épouvante,

Les chefs et les soldats épars,

Nos aigles et nos étendards

Souillés d’une fange sanglante,

Insultés par les léopards,

Les blessés mourant sur les chars,

Tout se presse sans ordre, et la foule incertaine,

Qui se tourmente en vains efforts,

S’agite, se heurte, se traîne,

Et laisse après soi dans la plaine

Du sang, des débris et des morts.

Parmi des tourbillons de flamme et de fumée,

Ô douleur, quel spectacle à mes yeux vient s’offrir ?

Le bataillon sacré, seul devant une armée,

S’arrête pour mourir.

C’est en vain que, surpris d’une vertu si rare,

Les vainqueurs dans leurs mains retiennent le trépas.

Fier de le conquérir, il court, il s’en empare;

La garde, avait-il dit, meurt et ne se rend pas.

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EXTRAIT:

LIVRE I

La Bataille de Waterloo

Ils ne sont plus, laissez en paix leur cendre;

Par d’injustes clameurs ces braves outragés

À se justifier n’ont pas voulu descendre;

Mais un seul jour les a vengés :

Ils sont tous morts pour vous défendre.

Malheur à vous si vos yeux inhumains

N’ont point de pleurs pour la patrie !

Sans force contre vos chagrins,

Contre le mal commun votre ame est aguerrie;

Tremblez, la mort peut-être étend sur vous ses mains !

Que dis-je ? Quel français n’a répandu des larmes

Sur nos défenseurs expirans ?

Prêt à revoir les rois qu’il regretta vingt ans,

Quel vieillard n’a rougi du malheur de nos armes ?

En pleurant ces guerriers par le destin trahis,

Quel vieillard n’a senti s’éveiller dans son ame

Quelque reste assoupi de cette antique flamme

Qui l’embrasait pour son pays ?

Que de leçons, grand dieu ! Que d’horribles images

L’histoire d’un seul jour présente aux yeux des rois !

Clio, sans que la plume échappe de ses doigts,

Pourra-t-elle en tracer les pages ?

Cachez-moi ces soldats sous le nombre accablés,

Domptés par la fatigue, écrasés par la foudre,

Ces membres palpitans dispersés sur la poudre,

Ces cadavres amoncelés !

Eloignez de mes yeux ce monument funeste

De la fureur des nations;

Ô mort ! Epargne ce qui reste !

Varus, rends-nous nos légions !

Les coursiers frappés d’épouvante,

Les chefs et les soldats épars,

Nos aigles et nos étendards

Souillés d’une fange sanglante,

Insultés par les léopards,

Les blessés mourant sur les chars,

Tout se presse sans ordre, et la foule incertaine,

Qui se tourmente en vains efforts,

S’agite, se heurte, se traîne,

Et laisse après soi dans la plaine

Du sang, des débris et des morts.

Parmi des tourbillons de flamme et de fumée,

Ô douleur, quel spectacle à mes yeux vient s’offrir ?

Le bataillon sacré, seul devant une armée,

S’arrête pour mourir.

C’est en vain que, surpris d’une vertu si rare,

Les vainqueurs dans leurs mains retiennent le trépas.

Fier de le conquérir, il court, il s’en empare;

La garde, avait-il dit, meurt et ne se rend pas.

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