Author: | Adolphe Belot | ISBN: | 1230002417998 |
Publisher: | Paris : E. Dentu, 1875 | Publication: | July 9, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Adolphe Belot |
ISBN: | 1230002417998 |
Publisher: | Paris : E. Dentu, 1875 |
Publication: | July 9, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait: Le Grand Prix do Cent mille francs doit être couru dans la journée au bois de Boulogne ; Paris s’en souvient en s’éveillant et pardonne au soleil de se glisser à travers les persiennes, de faire miroiter. les vitres et de percer les rideaux. A neuf heures du matin les quartiers élégants s’agitent déjà et s’animent comme en plein midi. Dans les cours on commence la toilette des voitures et des chevaux. Les cochers et les valets de pied préparent leur plus belle livrée et se disputent sur les mérites des favoris du turf. Dans les rues, le long des boulevards, les voitures de louage, mieux tenues que d’habitude, s’avancent au pas, en quête de clients disposés à oublier les tarifs et à se montrer exceptionnellement généreux. Ceux qui les conduisent prennent des airs victorieux en rapport avec leur importance dans cette journée mémorable, et les chevaux eux mêmes, comme s’ils avaient conscience du rôle réservé à leurs collègues sur le champ de courses, portent plus fièrement leur tète parfois ornée d’une rose.
Aux croisées, sur les balcons, apparaissent timidement, l’une après l’autre, lès jolies habitantes des boulevards de la Madeleine, Malesherbes ou Haussmann. Le peignoir de mousseline brodé, trop précipitamment revêtu, s’entr’ouvre et permet d’admirer de blanches épaules, habituées à la lumière des ustres et tout étonnées des caresses du soleil. Les cheveux dépeignés se déroulent dans le dos, ou ramenés par devant, encadrent le visage et retombent en désordre sur la poitrine. Éblouies par une trop vive clarté, encore somnolentes, elles portent une main à leurs yeux, pour modérer le jour, et deux doigts à leurs lèvres afin d’étouffer un léger bâillement ; puis, les genoux en avant, la taille mollement cambrée, le buste rejeté en arrière, l’œil à moitié fermé et langoureux, elles étendent leurs bras, les développent, les élèvent au-dessus de leur tête, les laissent retomber le long du corps et s’étirent de toutes les façons en poussant de petits cris nerveux où la douleur se mêle au plaisir. Elles ont secoué 0l’engourdissement de la nuit, vaincu leur torpeur, elles sont éveillées. Aussitôt elles se penchent et regardent la rue : le pavé est sec et blanc ; du trottoir bitumé montent des bouffées d’air chaud ; une brise légère balance la cime des marronniers et des platanes. Elles lèvent les yeux au ciel pour l’interroger. Il est d’un bleu clair plein de promesses ; aucun doute n’est permis : la journée sera superbe. Mors elles quittent précipitamment la croisée, rentrent dans le boudoir ou le cabinet de toilette, donnent des ordres à leur femme de chambre et écrivent de petits billets parfumés, dont voici plusieurs échantillons variés :...........
Extrait: Le Grand Prix do Cent mille francs doit être couru dans la journée au bois de Boulogne ; Paris s’en souvient en s’éveillant et pardonne au soleil de se glisser à travers les persiennes, de faire miroiter. les vitres et de percer les rideaux. A neuf heures du matin les quartiers élégants s’agitent déjà et s’animent comme en plein midi. Dans les cours on commence la toilette des voitures et des chevaux. Les cochers et les valets de pied préparent leur plus belle livrée et se disputent sur les mérites des favoris du turf. Dans les rues, le long des boulevards, les voitures de louage, mieux tenues que d’habitude, s’avancent au pas, en quête de clients disposés à oublier les tarifs et à se montrer exceptionnellement généreux. Ceux qui les conduisent prennent des airs victorieux en rapport avec leur importance dans cette journée mémorable, et les chevaux eux mêmes, comme s’ils avaient conscience du rôle réservé à leurs collègues sur le champ de courses, portent plus fièrement leur tète parfois ornée d’une rose.
Aux croisées, sur les balcons, apparaissent timidement, l’une après l’autre, lès jolies habitantes des boulevards de la Madeleine, Malesherbes ou Haussmann. Le peignoir de mousseline brodé, trop précipitamment revêtu, s’entr’ouvre et permet d’admirer de blanches épaules, habituées à la lumière des ustres et tout étonnées des caresses du soleil. Les cheveux dépeignés se déroulent dans le dos, ou ramenés par devant, encadrent le visage et retombent en désordre sur la poitrine. Éblouies par une trop vive clarté, encore somnolentes, elles portent une main à leurs yeux, pour modérer le jour, et deux doigts à leurs lèvres afin d’étouffer un léger bâillement ; puis, les genoux en avant, la taille mollement cambrée, le buste rejeté en arrière, l’œil à moitié fermé et langoureux, elles étendent leurs bras, les développent, les élèvent au-dessus de leur tête, les laissent retomber le long du corps et s’étirent de toutes les façons en poussant de petits cris nerveux où la douleur se mêle au plaisir. Elles ont secoué 0l’engourdissement de la nuit, vaincu leur torpeur, elles sont éveillées. Aussitôt elles se penchent et regardent la rue : le pavé est sec et blanc ; du trottoir bitumé montent des bouffées d’air chaud ; une brise légère balance la cime des marronniers et des platanes. Elles lèvent les yeux au ciel pour l’interroger. Il est d’un bleu clair plein de promesses ; aucun doute n’est permis : la journée sera superbe. Mors elles quittent précipitamment la croisée, rentrent dans le boudoir ou le cabinet de toilette, donnent des ordres à leur femme de chambre et écrivent de petits billets parfumés, dont voici plusieurs échantillons variés :...........