Les Robinsons de la Guyanne

Les chasseurs de caoutchouc ( Edition intégrale ) annoté

Kids, Fiction, Action/Adventure, Teen, Fiction & Literature, Action Suspense
Cover of the book Les Robinsons de la Guyanne by Louis Boussenard, Paris : Impr. Téqui ; éditions Jules Tallandier, 1928. (... 1 mai.)
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Author: Louis Boussenard ISBN: 1230002318134
Publisher: Paris : Impr. Téqui ; éditions Jules Tallandier, 1928. (... 1 mai.) Publication: May 12, 2018
Imprint: Language: French
Author: Louis Boussenard
ISBN: 1230002318134
Publisher: Paris : Impr. Téqui ; éditions Jules Tallandier, 1928. (... 1 mai.)
Publication: May 12, 2018
Imprint:
Language: French

Extrait:

Pêche nocturne. – Au sabord d’un ponton. – Le dortoir des forçats.– Un drame dans la batterie de la Truite, pendant la nuit du 14 juillet. – « Monsieur » Louche – Assassinat. – Évasion. – En pirogue. – Un complice. – Ce que le noir avait mis au bout de la ligne. – Quatuor de gredins. – Le plan de Monsieur Louche. – À propos du terrain contesté par la France et le Brésil. – Itinéraire. – Sur la Crique-Fouillée. – Alerte !

– Est-ce que ça mord ?
– Je sens quelques « touches ».
– C’est pas dommage !
– Hale voir un peu sur la ligne.
– En douceur !.. L’Hercule, en douceur, mon gros.
– C’est que je commence à me faire vieux, moi, ici, et je me sens tout... chose, en voyant que ça y est.
– Silence donc, balourd !
« Tu crois parler bas, et tu beugles comme un singe rouge.
– Avec ça que les surveillants peuvent nous entendre !
« C’est aujourd’hui la Fête Nationale ; ils ont « bidonné » toute la journée, et doivent « roupiller » comme des moutons-paresseux.
– Suffit !
« Amarre ta langue et tiens-toi prêt.
– Si seulement on pouvait éteindre ce damné falot !
– Pas de bêtises !
« J’ai « pigé », dans le temps, deux ans de double chaîne, un jour comme aujourd’hui, en essayant de m’évader.
« J’ai soufflé le lampion... l’odeur de la mèche a réveillé les autres ; ils se sont mis à hurler dans la crainte qu’on ne les punisse au hasard ; les surveillants sont arrivés, et ont pincé Monsieur Louche !
« La mèche m’avait vendu.
Le susurrement léger produit par le frottement de la ligne sur une surface lisse et rappelant le bruit du crotale à travers les herbes, interrompt ce colloque à voix basse.
L’homme, désigné sous le nom de L’Hercule, continue à haler sur la fine tresse de chanvre et l’enroule méthodiquement au fur et à mesure qu’elle obéit à la traction. Les trois hommes qui assistent à cette manœuvre, redevenus silencieux, semblent, malgré leur sang-froid affecté, en proie à une inquiétude voisine de l’angoisse.
Uniformément vêtus de blouses et de pantalons de toile bise, pieds nus, coiffés d’un chapeau de paille grossière, et portant au cou une paire de souliers de troupe, dits « godillots », attachés par une ficelle, ils se tiennent debout, près d’une petite fenêtre carrée, percée dans une paroi sombre comme la muraille d’un cachot.
Leurs faces rasées, aux traits flétris, à l’expression ignoble, à l’épiderme livide, qui portent, en dépit d’une préoccupation poignante, cette marque indélébile imposée par le vice et le crime, deviennent plus repoussantes encore, sous les rayons blafards du falot accroché au plafond de leur lugubre demeure.
Mais, une oscillation assez forte agite l’édifice tout entier, et une série de craquements retentissent dans la nuit.
Les quatre hommes s’arc-boutent, et l’un d’eux murmure :
– Enfin ! la marée montante !
Les oscillations et les craquements continuent, puis la lourde masse exécute lentement un mouvement de rotation.

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Extrait:

Pêche nocturne. – Au sabord d’un ponton. – Le dortoir des forçats.– Un drame dans la batterie de la Truite, pendant la nuit du 14 juillet. – « Monsieur » Louche – Assassinat. – Évasion. – En pirogue. – Un complice. – Ce que le noir avait mis au bout de la ligne. – Quatuor de gredins. – Le plan de Monsieur Louche. – À propos du terrain contesté par la France et le Brésil. – Itinéraire. – Sur la Crique-Fouillée. – Alerte !

– Est-ce que ça mord ?
– Je sens quelques « touches ».
– C’est pas dommage !
– Hale voir un peu sur la ligne.
– En douceur !.. L’Hercule, en douceur, mon gros.
– C’est que je commence à me faire vieux, moi, ici, et je me sens tout... chose, en voyant que ça y est.
– Silence donc, balourd !
« Tu crois parler bas, et tu beugles comme un singe rouge.
– Avec ça que les surveillants peuvent nous entendre !
« C’est aujourd’hui la Fête Nationale ; ils ont « bidonné » toute la journée, et doivent « roupiller » comme des moutons-paresseux.
– Suffit !
« Amarre ta langue et tiens-toi prêt.
– Si seulement on pouvait éteindre ce damné falot !
– Pas de bêtises !
« J’ai « pigé », dans le temps, deux ans de double chaîne, un jour comme aujourd’hui, en essayant de m’évader.
« J’ai soufflé le lampion... l’odeur de la mèche a réveillé les autres ; ils se sont mis à hurler dans la crainte qu’on ne les punisse au hasard ; les surveillants sont arrivés, et ont pincé Monsieur Louche !
« La mèche m’avait vendu.
Le susurrement léger produit par le frottement de la ligne sur une surface lisse et rappelant le bruit du crotale à travers les herbes, interrompt ce colloque à voix basse.
L’homme, désigné sous le nom de L’Hercule, continue à haler sur la fine tresse de chanvre et l’enroule méthodiquement au fur et à mesure qu’elle obéit à la traction. Les trois hommes qui assistent à cette manœuvre, redevenus silencieux, semblent, malgré leur sang-froid affecté, en proie à une inquiétude voisine de l’angoisse.
Uniformément vêtus de blouses et de pantalons de toile bise, pieds nus, coiffés d’un chapeau de paille grossière, et portant au cou une paire de souliers de troupe, dits « godillots », attachés par une ficelle, ils se tiennent debout, près d’une petite fenêtre carrée, percée dans une paroi sombre comme la muraille d’un cachot.
Leurs faces rasées, aux traits flétris, à l’expression ignoble, à l’épiderme livide, qui portent, en dépit d’une préoccupation poignante, cette marque indélébile imposée par le vice et le crime, deviennent plus repoussantes encore, sous les rayons blafards du falot accroché au plafond de leur lugubre demeure.
Mais, une oscillation assez forte agite l’édifice tout entier, et une série de craquements retentissent dans la nuit.
Les quatre hommes s’arc-boutent, et l’un d’eux murmure :
– Enfin ! la marée montante !
Les oscillations et les craquements continuent, puis la lourde masse exécute lentement un mouvement de rotation.

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