Les Temps maudits

Fiction & Literature, Classics
Cover of the book Les Temps maudits by Jack London, Largau
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Author: Jack London ISBN: 1230000259651
Publisher: Largau Publication: August 11, 2014
Imprint: Language: French
Author: Jack London
ISBN: 1230000259651
Publisher: Largau
Publication: August 11, 2014
Imprint:
Language: French

Le vieux Barbe-en-long fit une pause dans son récit, lécha ses doigts pleins de graisse et les essuya sur ses flancs laissés à découvert par le fragment usé de peau d’ours qui constituait son unique vêtement.

Accroupis sur leurs jarrets l’entouraient trois jeunes gens, ses petits-fils, Courre-daim, Poil-de-carotte et Froussard-de-nuit. Ils se ressemblaient beaucoup, chichement vêtus de peaux de bêtes, maigres et mal bâtis, hanches étroites et jambes torses, mais avec de vastes poitrines, des bras musclés et des mains énormes. Le poil leur foisonnait sur le thorax et les épaules, ainsi que sur la partie extérieure des bras et des jambes ; de leurs têtes matelassées d’une chevelure vierge s’échappaient à chaque instant de longues mèches qui retombaient devant leurs yeux, petits, noirs et étincelants comme ceux d’oiseaux de proie ; leurs orbites étaient rapprochées, leur pommettes écartées, leurs mâchoires inférieures proéminentes et massives.

Sous la voûte étoilée s’étageaient des chaînes de montagnes couvertes de forêts. Très loin, le reflet d’un volcan rougissait le ciel. Derrière eux s’entrouvrait la sombre caverne, d’où soufflait un courant d’air intermittent. Devant eux, tout près, flambait un feu ; à côté gisait la carcasse à demi dévorée d’un ours, que surveillaient à distance plusieurs gros chiens hirsutes et pareils à des loups. Chaque homme avait posé près de lui son arc, ses flèches et sa massue, et à l’orifice de la caverne étaient appuyés plusieurs javelots rudimentaires.

– Voilà comment nous quittâmes la caverne pour l’arbre, résuma le vieux Barbe-en-long.

Ils éclatèrent de rire, comme de grands enfants, à cette évocation d’une vieille histoire. Barbe-en-long en fit autant, et la cheville d’os de dix centimètres qui lui traversait le cartilage du nez se mit en branle, ajoutant à la férocité de sa physionomie. Naturellement la phrase ci-dessus ne ressemble guère à la série de sons animaux qui sortirent de sa bouche et qui signifiaient la même chose.

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Le vieux Barbe-en-long fit une pause dans son récit, lécha ses doigts pleins de graisse et les essuya sur ses flancs laissés à découvert par le fragment usé de peau d’ours qui constituait son unique vêtement.

Accroupis sur leurs jarrets l’entouraient trois jeunes gens, ses petits-fils, Courre-daim, Poil-de-carotte et Froussard-de-nuit. Ils se ressemblaient beaucoup, chichement vêtus de peaux de bêtes, maigres et mal bâtis, hanches étroites et jambes torses, mais avec de vastes poitrines, des bras musclés et des mains énormes. Le poil leur foisonnait sur le thorax et les épaules, ainsi que sur la partie extérieure des bras et des jambes ; de leurs têtes matelassées d’une chevelure vierge s’échappaient à chaque instant de longues mèches qui retombaient devant leurs yeux, petits, noirs et étincelants comme ceux d’oiseaux de proie ; leurs orbites étaient rapprochées, leur pommettes écartées, leurs mâchoires inférieures proéminentes et massives.

Sous la voûte étoilée s’étageaient des chaînes de montagnes couvertes de forêts. Très loin, le reflet d’un volcan rougissait le ciel. Derrière eux s’entrouvrait la sombre caverne, d’où soufflait un courant d’air intermittent. Devant eux, tout près, flambait un feu ; à côté gisait la carcasse à demi dévorée d’un ours, que surveillaient à distance plusieurs gros chiens hirsutes et pareils à des loups. Chaque homme avait posé près de lui son arc, ses flèches et sa massue, et à l’orifice de la caverne étaient appuyés plusieurs javelots rudimentaires.

– Voilà comment nous quittâmes la caverne pour l’arbre, résuma le vieux Barbe-en-long.

Ils éclatèrent de rire, comme de grands enfants, à cette évocation d’une vieille histoire. Barbe-en-long en fit autant, et la cheville d’os de dix centimètres qui lui traversait le cartilage du nez se mit en branle, ajoutant à la férocité de sa physionomie. Naturellement la phrase ci-dessus ne ressemble guère à la série de sons animaux qui sortirent de sa bouche et qui signifiaient la même chose.

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