Author: | François Bott | ISBN: | 9782226345738 |
Publisher: | Albin Michel (réédition numérique FeniXX) | Publication: | January 1, 1986 |
Imprint: | Albin Michel (réédition numérique FeniXX) | Language: | French |
Author: | François Bott |
ISBN: | 9782226345738 |
Publisher: | Albin Michel (réédition numérique FeniXX) |
Publication: | January 1, 1986 |
Imprint: | Albin Michel (réédition numérique FeniXX) |
Language: | French |
Si j'ai écrit ces lettres aux fantômes de la religieuse portugaise, de La Rochefoucauld, de Joseph Joubert, de Charles Baudelaire, de Jean Cocteau, de Joë Bousquet, de Raymond Radiguet, de Paul Gadenne, de Georges Perros, de Raymond Chandler et de George Orwell, c'est que leur fréquentation m'avait persuadé qu'ils n'étaient pas morts, mais qu'ils faisaient seulement semblant de l'être. J'étais comme ces enfants qui pensent que les grandes personnes, aux yeux fermés par un prêtre ou par un médecin, se sont endormies, et qu'il suffira bientôt de les réveiller. Avec les livres, nous sommes des enfants, qui tirons nos chers fantômes de leur sommeil pour qu'ils conversent avec nous, et nous apprennent les secrets de la vie. Baudelaire, Chandler et les autres n'ont cessé de m'éclairer, de me guérir, de me transformer. Ce courrier clandestin – puisqu'il passe en fraude, sous le nez de la mort – je l'ai tenu par gratitude et par courtoisie. J'ai voulu démentir la maxime selon laquelle nous éprouvons d'obscurs ressentiments à l'égard des gens qui nous ont obligés.
Si j'ai écrit ces lettres aux fantômes de la religieuse portugaise, de La Rochefoucauld, de Joseph Joubert, de Charles Baudelaire, de Jean Cocteau, de Joë Bousquet, de Raymond Radiguet, de Paul Gadenne, de Georges Perros, de Raymond Chandler et de George Orwell, c'est que leur fréquentation m'avait persuadé qu'ils n'étaient pas morts, mais qu'ils faisaient seulement semblant de l'être. J'étais comme ces enfants qui pensent que les grandes personnes, aux yeux fermés par un prêtre ou par un médecin, se sont endormies, et qu'il suffira bientôt de les réveiller. Avec les livres, nous sommes des enfants, qui tirons nos chers fantômes de leur sommeil pour qu'ils conversent avec nous, et nous apprennent les secrets de la vie. Baudelaire, Chandler et les autres n'ont cessé de m'éclairer, de me guérir, de me transformer. Ce courrier clandestin – puisqu'il passe en fraude, sous le nez de la mort – je l'ai tenu par gratitude et par courtoisie. J'ai voulu démentir la maxime selon laquelle nous éprouvons d'obscurs ressentiments à l'égard des gens qui nous ont obligés.