L’Homme et la Terre Tome IV

Nonfiction, Science & Nature, Nature
Cover of the book L’Homme et la Terre Tome IV by ÉLISÉE RECLUS, GILBERT TEROL
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Author: ÉLISÉE RECLUS ISBN: 1230000212853
Publisher: GILBERT TEROL Publication: January 25, 2014
Imprint: Language: French
Author: ÉLISÉE RECLUS
ISBN: 1230000212853
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: January 25, 2014
Imprint:
Language: French

Du moins les progrès de l’homme dans la connaissance de sa demeure sont-ils incontestables. Aux origines de l’histoire, l’horizon entourant chaque peuplade lui paraissait la borne du monde, de tous les côtés elle était assiégée par l’inconnu. Maintenant la science de tous profite à chacun. Il n’est pas un homme d’instruction moyenne qui n’ait la sensation, de vivre sur une boule terrestre dont il pourrait faire le tour sans avoir à lutter contre des monstres et sans rencontrer de prodiges.

Durant le dix-neuvième siècle, les traits principaux de la planète entre les cercles polaires ont été fixés définitivement ; les mystères se sont peu à peu dissipés : les voyageurs africains ont fini par débrouiller l’écheveau des rivières nilotiques, congolaises et zambéziques et ont découvert les exutoires des grands lacs vers les bassins fluviaux ; le rattachement du Tsangbo au Brahmaputra a été éclairci à son tour, et nombre d’autres questions moins importantes sont élucidées. Bref, il est maintenant possible de présenter un tableau à peu près cohérent de la terre limitée aux cinq continents, mais on est encore loin de posséder des cartes à grande échelle de tous les pays habités. L’Europe, de la Finlande au Portugal, de l’Ecosse à la Mer Noire, l’Afrique septentrionale, d’Oran à la Mer Rouge, l’Inde, la plus grande partie des Etats-Unis ont leur dossier constitué par des cartes topographiques, dites d’état-major, où les détails complets du modelé et des eaux, les forêts, les cultures et les habitations humaines ont été représentés ; mais que de lacunes dans les cartes d’autres pays ! Les atlas en cours de publication, tels ceux de Stieler et de Vivien de Saint-Martin, qui dessinent les pays autres que ceux d’Europe à des échelles variant du 5 au 8 000 000e de la grandeur véritable, ont souvent de la difficulté à remplir les mailles du réseau de triangulation : à défaut de renseignements précis, le cartographe est forcé d’interpréter les documents qu’il possède. Le projet de Penck de dresser une figuration du monde à l’échelle uniforme du millionième ne pourrait être encore mis à exécution pour le Tibet, l’Amazonie, le Sahara et la Papouasie sans de grandes taches blanches, mais cette carte se fera, comme se feront aussi plus tard les relevés précis constituant les cartes topographiques, car il ne se passe pas de jours que cet inventaire des formes de la superficie terrestre ne s’accroisse de nouveaux détails et ne se dessine avec plus de rigueur.

Mais il reste à connaître les deux calottes polaires, défendues par les banquises et les murs de glaces. Dans la zone boréale, l’espace non parcouru n’était plus, en 1903, que de 3 980 000 kilomètres carrés[1], soit environ la 128epartie de la superficie terrestre, une fois et demie la surface de la Méditerranée, et les explorations polaires se succèdent si rapidement de nos jours qu’on peut s’attendre chaque année à une extension notable des itinéraires dans la direction du pôle.

Dans les parages de la zone polaire australe, c’est-à-dire vers l’Antarctide, la surface du vide à conquérir par les explorateurs est beaucoup plus vaste, et moins nettement délimitée : on peut l’évaluer actuellement à 20 millions de kilomètres carrés, ce qui représente une surface équivalant aux deux tiers de celle de l’Afrique.

Le relevé de ces deux rivières de Nouvelle — Guinée (ou Papouasie), aboutissant à la côte sud-occidentale, a été effectué en octobre 1906 par J. H. Hondius van Herwerden. Les lignes pointillées indiquent des directions de sommets lointains. Les rivières sont navigables pour les bateaux calant trois mètres jusqu’aux traits transversaux.

V. a. : Village abandonné ; Vill. : village occupé en 1906.

Il y a là quelque chose d’humiliant pour le génie de l’homme, et la compétition qui s’est produite entre savants, Belges, Anglais, Français, Ecossais, Allemands, Norvégiens, en vue de forcer les banquises méridionales, prouve que l’homme a ressenti comme une blessure d’amour-propre à n’avoir, pour ainsi dire, qu’égratigné sur quelques points le pourtour du continent présumé.

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Du moins les progrès de l’homme dans la connaissance de sa demeure sont-ils incontestables. Aux origines de l’histoire, l’horizon entourant chaque peuplade lui paraissait la borne du monde, de tous les côtés elle était assiégée par l’inconnu. Maintenant la science de tous profite à chacun. Il n’est pas un homme d’instruction moyenne qui n’ait la sensation, de vivre sur une boule terrestre dont il pourrait faire le tour sans avoir à lutter contre des monstres et sans rencontrer de prodiges.

Durant le dix-neuvième siècle, les traits principaux de la planète entre les cercles polaires ont été fixés définitivement ; les mystères se sont peu à peu dissipés : les voyageurs africains ont fini par débrouiller l’écheveau des rivières nilotiques, congolaises et zambéziques et ont découvert les exutoires des grands lacs vers les bassins fluviaux ; le rattachement du Tsangbo au Brahmaputra a été éclairci à son tour, et nombre d’autres questions moins importantes sont élucidées. Bref, il est maintenant possible de présenter un tableau à peu près cohérent de la terre limitée aux cinq continents, mais on est encore loin de posséder des cartes à grande échelle de tous les pays habités. L’Europe, de la Finlande au Portugal, de l’Ecosse à la Mer Noire, l’Afrique septentrionale, d’Oran à la Mer Rouge, l’Inde, la plus grande partie des Etats-Unis ont leur dossier constitué par des cartes topographiques, dites d’état-major, où les détails complets du modelé et des eaux, les forêts, les cultures et les habitations humaines ont été représentés ; mais que de lacunes dans les cartes d’autres pays ! Les atlas en cours de publication, tels ceux de Stieler et de Vivien de Saint-Martin, qui dessinent les pays autres que ceux d’Europe à des échelles variant du 5 au 8 000 000e de la grandeur véritable, ont souvent de la difficulté à remplir les mailles du réseau de triangulation : à défaut de renseignements précis, le cartographe est forcé d’interpréter les documents qu’il possède. Le projet de Penck de dresser une figuration du monde à l’échelle uniforme du millionième ne pourrait être encore mis à exécution pour le Tibet, l’Amazonie, le Sahara et la Papouasie sans de grandes taches blanches, mais cette carte se fera, comme se feront aussi plus tard les relevés précis constituant les cartes topographiques, car il ne se passe pas de jours que cet inventaire des formes de la superficie terrestre ne s’accroisse de nouveaux détails et ne se dessine avec plus de rigueur.

Mais il reste à connaître les deux calottes polaires, défendues par les banquises et les murs de glaces. Dans la zone boréale, l’espace non parcouru n’était plus, en 1903, que de 3 980 000 kilomètres carrés[1], soit environ la 128epartie de la superficie terrestre, une fois et demie la surface de la Méditerranée, et les explorations polaires se succèdent si rapidement de nos jours qu’on peut s’attendre chaque année à une extension notable des itinéraires dans la direction du pôle.

Dans les parages de la zone polaire australe, c’est-à-dire vers l’Antarctide, la surface du vide à conquérir par les explorateurs est beaucoup plus vaste, et moins nettement délimitée : on peut l’évaluer actuellement à 20 millions de kilomètres carrés, ce qui représente une surface équivalant aux deux tiers de celle de l’Afrique.

Le relevé de ces deux rivières de Nouvelle — Guinée (ou Papouasie), aboutissant à la côte sud-occidentale, a été effectué en octobre 1906 par J. H. Hondius van Herwerden. Les lignes pointillées indiquent des directions de sommets lointains. Les rivières sont navigables pour les bateaux calant trois mètres jusqu’aux traits transversaux.

V. a. : Village abandonné ; Vill. : village occupé en 1906.

Il y a là quelque chose d’humiliant pour le génie de l’homme, et la compétition qui s’est produite entre savants, Belges, Anglais, Français, Ecossais, Allemands, Norvégiens, en vue de forcer les banquises méridionales, prouve que l’homme a ressenti comme une blessure d’amour-propre à n’avoir, pour ainsi dire, qu’égratigné sur quelques points le pourtour du continent présumé.

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