Author: | Judith Gautier | ISBN: | 1230000284304 |
Publisher: | JCA | Publication: | December 6, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Judith Gautier |
ISBN: | 1230000284304 |
Publisher: | JCA |
Publication: | December 6, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
Ce que je dois dire tout d’abord, c’est comment j’ai appris à écrire. Cela m’arriva cependant assez tard dans ma longue vie, mais il me faut l’expliquer en commençant, car il paraît que vous, les hommes, qui enseignez tant de travaux à ceux de ma race, n’avez pas coutume de leur faire faire leurs classes, et un éléphant capable de lire et d’écrire est un phénomène assez rare pour être incroyable. Je dis rare, car j’ai entendu affirmer que mon cas n’est pas unique.
Pendant ma longue fréquentation des hommes, j’étais parvenu à comprendre beaucoup de leurs paroles, je savais même plusieurs langues : le siamois, l’hindoustani et un peu d’anglais. J’aurais pu parler, je m’y essayais quelquefois ; mais je ne produisais que des sons extraordinaires qui faisaient rire mes maîtres et épouvantaient les éléphants, mes compagnons, quand il leur était donné de m’entendre, car cela ne ressemblait pas plus à leur langage que, paraît-il, à celui des hommes.
J’avais près de soixante ans, ce qui est la fleur de la jeunesse pour nous, lorsque le hasard me permit d’apprendre à tracer des lettres et à écrire des mots que je ne parvenais pas à prononcer. L’enclos qui m’était réservé, dans le palais de Golconde, et où j’étais absolument libre, était borné d’un côté par un mur de briques émaillées, bleues et vertes, assez haut, mais qui m’arrivait juste à l’aisselle ...
Ce que je dois dire tout d’abord, c’est comment j’ai appris à écrire. Cela m’arriva cependant assez tard dans ma longue vie, mais il me faut l’expliquer en commençant, car il paraît que vous, les hommes, qui enseignez tant de travaux à ceux de ma race, n’avez pas coutume de leur faire faire leurs classes, et un éléphant capable de lire et d’écrire est un phénomène assez rare pour être incroyable. Je dis rare, car j’ai entendu affirmer que mon cas n’est pas unique.
Pendant ma longue fréquentation des hommes, j’étais parvenu à comprendre beaucoup de leurs paroles, je savais même plusieurs langues : le siamois, l’hindoustani et un peu d’anglais. J’aurais pu parler, je m’y essayais quelquefois ; mais je ne produisais que des sons extraordinaires qui faisaient rire mes maîtres et épouvantaient les éléphants, mes compagnons, quand il leur était donné de m’entendre, car cela ne ressemblait pas plus à leur langage que, paraît-il, à celui des hommes.
J’avais près de soixante ans, ce qui est la fleur de la jeunesse pour nous, lorsque le hasard me permit d’apprendre à tracer des lettres et à écrire des mots que je ne parvenais pas à prononcer. L’enclos qui m’était réservé, dans le palais de Golconde, et où j’étais absolument libre, était borné d’un côté par un mur de briques émaillées, bleues et vertes, assez haut, mais qui m’arrivait juste à l’aisselle ...