Author: | Julie Gouraud | ISBN: | 1230003096635 |
Publisher: | L. Hachette (Paris) 1866 | Publication: | February 22, 2019 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Julie Gouraud |
ISBN: | 1230003096635 |
Publisher: | L. Hachette (Paris) 1866 |
Publication: | February 22, 2019 |
Imprint: | |
Language: | French |
Eh bien ! non, je ne suis pas savant. Ne comptez pas sur moi pour faire une partie de dominos, et encore moins pour additionner la dépense d’un collégien au retour d’une promenade générale.
Cependant je ne suis pas plus bête qu’un autre, et je ne vois pas pourquoi je n’écrirais pas ma petite histoire à l’exemple des poupées, des petits garçons, voire même des ânes.
Tous ces auteurs ont donné le nom pompeux de mémoires à leurs récits. Pourquoi ne les imiterai-je pas ? J’ai bonne réputation ; personne ne se méfie de moi. Je suis fidèle, obéissant, dénué d’ambition ; l’intérêt n’influence point ma conduite : plaire à mon maître, lui prouver mon dévouement, le suivre dans l’adversité, le reconnaître toujours et partout, tel est mon caractère.
Peut-être le lecteur pense-t-il que j’aurais dû charger un ami de cette petite préface. Je laisse à d’autres ce manège de fausse modestie. Je pense bien de moi, et j’ai la simplicité de le dire. C’est un trait d’originalité qui en vaut bien d’autres.
Je suis vieux (douze ans) et quelquefois de mauvaise humeur. Mon maître est en voyage. Il a craint qu’un changement de climat ne nuisît à ma santé.
Il m’a donc confié aux soins d’un serviteur encore plus vieux que moi. Nous dînons ensemble, nous dormons ensemble ; nous parlons de notre maître, nous soupirons ensemble.
L’autre jour nous devions faire quelques visites, lorsqu’une pluie torrentielle arrêta le bon Jacques dans ses projets : Oh ! dame, dit-il, par un temps comme ça, on ne te mettrait pas dehors. (Je connais le proverbe.)
Quelle pusillanimité ! ne pas sortir parce qu’il pleut ! J’eus besoin de me rappeler toutes les bonnes pâtées et les os que j’avais reçus de Jacques et de Sylvie, sa femme, pour ne pas aboyer de pitié.
Cependant, sans la prudence de mon fidèle gardien, je n’aurais probablement pas songé à me faire auteur.
Tout en dormant et en grognant, je voyais passer devant moi les beaux jours de mon enfance, les rêves de ma jeunesse. J’allais peut-être verser des pleurs, lorsque tout à coup secouant les oreilles, je me dis : écrivons l’histoire intéressante de notre vie.
Vous, enfants, lisez-la.,
Eh bien ! non, je ne suis pas savant. Ne comptez pas sur moi pour faire une partie de dominos, et encore moins pour additionner la dépense d’un collégien au retour d’une promenade générale.
Cependant je ne suis pas plus bête qu’un autre, et je ne vois pas pourquoi je n’écrirais pas ma petite histoire à l’exemple des poupées, des petits garçons, voire même des ânes.
Tous ces auteurs ont donné le nom pompeux de mémoires à leurs récits. Pourquoi ne les imiterai-je pas ? J’ai bonne réputation ; personne ne se méfie de moi. Je suis fidèle, obéissant, dénué d’ambition ; l’intérêt n’influence point ma conduite : plaire à mon maître, lui prouver mon dévouement, le suivre dans l’adversité, le reconnaître toujours et partout, tel est mon caractère.
Peut-être le lecteur pense-t-il que j’aurais dû charger un ami de cette petite préface. Je laisse à d’autres ce manège de fausse modestie. Je pense bien de moi, et j’ai la simplicité de le dire. C’est un trait d’originalité qui en vaut bien d’autres.
Je suis vieux (douze ans) et quelquefois de mauvaise humeur. Mon maître est en voyage. Il a craint qu’un changement de climat ne nuisît à ma santé.
Il m’a donc confié aux soins d’un serviteur encore plus vieux que moi. Nous dînons ensemble, nous dormons ensemble ; nous parlons de notre maître, nous soupirons ensemble.
L’autre jour nous devions faire quelques visites, lorsqu’une pluie torrentielle arrêta le bon Jacques dans ses projets : Oh ! dame, dit-il, par un temps comme ça, on ne te mettrait pas dehors. (Je connais le proverbe.)
Quelle pusillanimité ! ne pas sortir parce qu’il pleut ! J’eus besoin de me rappeler toutes les bonnes pâtées et les os que j’avais reçus de Jacques et de Sylvie, sa femme, pour ne pas aboyer de pitié.
Cependant, sans la prudence de mon fidèle gardien, je n’aurais probablement pas songé à me faire auteur.
Tout en dormant et en grognant, je voyais passer devant moi les beaux jours de mon enfance, les rêves de ma jeunesse. J’allais peut-être verser des pleurs, lorsque tout à coup secouant les oreilles, je me dis : écrivons l’histoire intéressante de notre vie.
Vous, enfants, lisez-la.,