Author: | Alphonse Karr | ISBN: | 1230003181027 |
Publisher: | Paris : M. Lévy, 1865 | Publication: | April 12, 2019 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Alphonse Karr |
ISBN: | 1230003181027 |
Publisher: | Paris : M. Lévy, 1865 |
Publication: | April 12, 2019 |
Imprint: | |
Language: | French |
Honfleur est une jolie ville en face du Havre de Grâce et bâtie en amphithéâtre au pied d’une colline très-élevée; les arbres qui en couronnent le sommet se découpent en noir sur le ciel. Au pied, parmi les maisons couvertes de tuiles rouges, on remarque les restes de la lieutenance, vieux bâtiment ruiné, aux murailles grises, des fentes desquelles s’échappent quelques giroflées sauvages, dont le feuillage vigoureux se couvre presque toute l’année de ces étoiles jaunes si odorantes.
Lorsque, par un chemin sinueux et revenant plusieurs fois sur lui-même pour adoucir la pente, on est arrivé au sommet de la côte de Grâce, on découvre une immense étendue de mer, et l’œil, au loin, à l’horizon, se perd dans la brume, que semble par moments déchirer quelque navire aux voiles blanches, glissant sur l’onde comme un grand cygne; la plate-forme de la côte est tapissée d’une épaisse pelouse verte et toute couverte de grands arbres sous lesquels est la chapelle de Grâce. Au plus haut point de la colline est un grand Christ sur la croix, que l’on aperçoit de très-loin en mer.
A moitié de la côte était une petite maison, semblable à toutes les maisons; seulement, derrière, un mur assez élevé renfermait un espace d’un demi-arpent, à peu près; quelques cimes d’arbres presque entièrement dépouillées dépassaient la muraille; quoiqu’il ne fît aucun vent, à chaque instant cependant quelques feuilles tombaient. Un sorbier seul gardait ses larges ombelles de baies semblables à des grains de corail; au dedans du jardin, on eût pu voir la vigne qui couvrait les murs conserver la dernière son tardif feuillage et étaler avec orgueil ses pampres richement colorés de jaune et de pourpre. Le ciel était gris, bas et tout d’un seul nuage immobile. Les oiseaux ébouriffaient leurs plumes aux premières atteintes du froid. Quoique la mer fût calme et unie, elle n’en paraissait pas moins menaçante; des tas d’algues et de varechs, arrachés à ses profondeurs et jetés sur la plage au delà des limites ordinaires de l’Océan, racontaient une récente colère. Les grandes mouettes blanches aux ailes noires rasaient l’eau en longues files....
Honfleur est une jolie ville en face du Havre de Grâce et bâtie en amphithéâtre au pied d’une colline très-élevée; les arbres qui en couronnent le sommet se découpent en noir sur le ciel. Au pied, parmi les maisons couvertes de tuiles rouges, on remarque les restes de la lieutenance, vieux bâtiment ruiné, aux murailles grises, des fentes desquelles s’échappent quelques giroflées sauvages, dont le feuillage vigoureux se couvre presque toute l’année de ces étoiles jaunes si odorantes.
Lorsque, par un chemin sinueux et revenant plusieurs fois sur lui-même pour adoucir la pente, on est arrivé au sommet de la côte de Grâce, on découvre une immense étendue de mer, et l’œil, au loin, à l’horizon, se perd dans la brume, que semble par moments déchirer quelque navire aux voiles blanches, glissant sur l’onde comme un grand cygne; la plate-forme de la côte est tapissée d’une épaisse pelouse verte et toute couverte de grands arbres sous lesquels est la chapelle de Grâce. Au plus haut point de la colline est un grand Christ sur la croix, que l’on aperçoit de très-loin en mer.
A moitié de la côte était une petite maison, semblable à toutes les maisons; seulement, derrière, un mur assez élevé renfermait un espace d’un demi-arpent, à peu près; quelques cimes d’arbres presque entièrement dépouillées dépassaient la muraille; quoiqu’il ne fît aucun vent, à chaque instant cependant quelques feuilles tombaient. Un sorbier seul gardait ses larges ombelles de baies semblables à des grains de corail; au dedans du jardin, on eût pu voir la vigne qui couvrait les murs conserver la dernière son tardif feuillage et étaler avec orgueil ses pampres richement colorés de jaune et de pourpre. Le ciel était gris, bas et tout d’un seul nuage immobile. Les oiseaux ébouriffaient leurs plumes aux premières atteintes du froid. Quoique la mer fût calme et unie, elle n’en paraissait pas moins menaçante; des tas d’algues et de varechs, arrachés à ses profondeurs et jetés sur la plage au delà des limites ordinaires de l’Océan, racontaient une récente colère. Les grandes mouettes blanches aux ailes noires rasaient l’eau en longues files....