Mitterrand lui-même

Fiction & Literature, Anthologies
Cover of the book Mitterrand lui-même by Jean-Marie Borzeix, Claude Glayman, (Stock) réédition numérique FeniXX
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Author: Jean-Marie Borzeix, Claude Glayman ISBN: 9782706281495
Publisher: (Stock) réédition numérique FeniXX Publication: January 1, 1973
Imprint: Stock (réédition numérique FeniXX) Language: French
Author: Jean-Marie Borzeix, Claude Glayman
ISBN: 9782706281495
Publisher: (Stock) réédition numérique FeniXX
Publication: January 1, 1973
Imprint: Stock (réédition numérique FeniXX)
Language: French

Ce jeune ministre de trente ans — « le plus jeune ministre depuis l’Empire » — aux traits réguliers, à la lèvre gonflée d’avidité et de mépris superbe, croyait-il marcher sur les brisées de Mazarin ? On ne lui pardonne pas d’avoir siégé dans onze ministères de la IVe République, preuve irréfutable d’un penchant naturel pour l’intrigue, baptisée florentine, et d’un goût du pouvoir pour lequel la compromission et l’opportunisme vont de soi. Sans doute n’est-il pas le seul a avoir fait carrière, comme l’on dit, dans un régime qui usait un ministère par problème. Mais lui, à la différence des autres, apparaît tel qu’il est. S’il triche, il ne peut le cacher : étrange paradoxe d’un mensonge inachevé, d’un traître né qui ignorait le moyen de dissimuler sa traîtrise. L’ombre de la IVe République s’éloigne. Le régime a changé et François Mitterrand aussi a changé. Un Nivernais qui n’est pas précisément de ses amis constate : « En vieillissant, il s’améliore. C’est comme le bon vin. ». Hier on lui reprochait sa réussite, aujourd’hui on découvre qu’il a passé bien davantage de temps dans l’opposition qu’au pouvoir. Cet arriviste serait-il condamné à l’échec ? Onze fois ministre, il n’a pas obtenu d’occuper le poste de Président du Conseil qu’il convoitait. Mais s’il a subi l’échec, il l’a aussi choisi : depuis 1958, refusant de se rallier au régime du général de Gaulle, le combattant de toutes ses forces, se mesurant à l’ancien chef de la France Libre au cours de l’élection présidentielle de 1965, rassemblant les organisations de gauche autour de son nom, accédant à la direction du Parti socialiste, il est devenu le symbole d’une opposition intransigeante au gaullisme et à la droite de tous les temps. L’homme, qui est parvenu en 1965, pour la première fois depuis la guerre, à réaliser l’union électorale de la gauche et, en 1972, à ce que communistes, socialistes et radicaux signent un accord sur un programme de gouvernement tel qu’il n’en existe aucun exemple dans leur histoire, mérite que soient dépassées les images habituelles, pittoresques et simplistes, dont sa légende noire abonde.

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Ce jeune ministre de trente ans — « le plus jeune ministre depuis l’Empire » — aux traits réguliers, à la lèvre gonflée d’avidité et de mépris superbe, croyait-il marcher sur les brisées de Mazarin ? On ne lui pardonne pas d’avoir siégé dans onze ministères de la IVe République, preuve irréfutable d’un penchant naturel pour l’intrigue, baptisée florentine, et d’un goût du pouvoir pour lequel la compromission et l’opportunisme vont de soi. Sans doute n’est-il pas le seul a avoir fait carrière, comme l’on dit, dans un régime qui usait un ministère par problème. Mais lui, à la différence des autres, apparaît tel qu’il est. S’il triche, il ne peut le cacher : étrange paradoxe d’un mensonge inachevé, d’un traître né qui ignorait le moyen de dissimuler sa traîtrise. L’ombre de la IVe République s’éloigne. Le régime a changé et François Mitterrand aussi a changé. Un Nivernais qui n’est pas précisément de ses amis constate : « En vieillissant, il s’améliore. C’est comme le bon vin. ». Hier on lui reprochait sa réussite, aujourd’hui on découvre qu’il a passé bien davantage de temps dans l’opposition qu’au pouvoir. Cet arriviste serait-il condamné à l’échec ? Onze fois ministre, il n’a pas obtenu d’occuper le poste de Président du Conseil qu’il convoitait. Mais s’il a subi l’échec, il l’a aussi choisi : depuis 1958, refusant de se rallier au régime du général de Gaulle, le combattant de toutes ses forces, se mesurant à l’ancien chef de la France Libre au cours de l’élection présidentielle de 1965, rassemblant les organisations de gauche autour de son nom, accédant à la direction du Parti socialiste, il est devenu le symbole d’une opposition intransigeante au gaullisme et à la droite de tous les temps. L’homme, qui est parvenu en 1965, pour la première fois depuis la guerre, à réaliser l’union électorale de la gauche et, en 1972, à ce que communistes, socialistes et radicaux signent un accord sur un programme de gouvernement tel qu’il n’en existe aucun exemple dans leur histoire, mérite que soient dépassées les images habituelles, pittoresques et simplistes, dont sa légende noire abonde.

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